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Le retour des cendres du roi Ferdinand Ier sous le sceau de l'unité

Soixante-seize ans après son décès, le roi Ferdinand Ier a été réinhumé en Bulgarie. Un retour qui a toutefois suscité des réactions contrastées dans un pays qui a aboli sa monarchie en 1946.

Le 29 mai 2024, c’est à bord d’un avion « Spartan » de l'armée de l'air bulgare, effectuant un vol spécial en provenance de Nuremberg, que le cercueil du premier monarque de Bulgarie a atterri à Sofia, vers 14 heures. L’annonce du retour des restes du roi Ferdinand Ier a été faite dans la discrétion. Un simple communiqué laconique publié sur le site de la Maison royale de Saxe-Cobourg-Gotha. Jusqu’ici, la dépouille du roi Ferdinand Ier reposaait depuis 1948, dans la crypte de l'église Saint-Pierre-Augustin, au cœur de la ville bavaroise de Cobourg.

Un retour chargé d'émotion pour le roi Siméon II

Un retour organisé sur la demande du roi Siméon II par le biais de sa fondation « Roi Boris et Reine Jeanne », après des négociations avec le gouvernement qui a accepté de prendre en charge les frais de ce rapatriement. Sur le tarmac de l’aéroport international, sorti de l’avion, drapé de l’étendard personnel du roi Ferdinand Ier, le cercueil a été transporté par six gardes sous le regard de diverses personnalités présentes à cette occasion et de nombreux médias. Sous l'oeil des caméras, chargée dans un corbillard, la dépouille royale a été acheminée vers le palais de Vrana où l’attendait des centaines de personnes massées le long de la route afin de rendre un dernier hommage à celui qui est monté sur le trône de la principauté de Bulgarie en 1887, avant de devenir Tsar de son royaume en 1908 suivant. Sous les airs de l’ancien hymne de la monarchie défunte, « Shumi Maritsa », l’orchestre de l'unité de la Garde nationale a donné le ton de départ des deux cérémonies religieuses prévues à l’arrivée du corps du roi Ferdinand à 15h30 sur son dernier lieu de repos. Elles ont été célébrées, pour le volet catholique (le monarque était affilié à cette religion) , par Monseigneur Luciano Suriani, et pour celui plus orthodoxe (religion officielle de la Maison royale)  par le métropolite Antoine. Gardes d’honneur, le maire de la capitale, le vice-ministre de la Défense, l’ancien président Rosen Plevneliev (2012 à 2017), des conseillers municipaux, différents hommes politiques, des personnalités publiques, des journalistes, des partisans de la monarchie ont assisté à cette dernière messe avant que le cercueil ne rejoigne la crypte royale, accompagné par le roi Siméon II, son épouse, les princes Kirill et Konstantin, la prince Kalina de Bulgarie, son époux et son fils.

Une réconciliation avec l'Histoire

« Je considère que le geste qui a été fait et qui a permis de ramener le roi Ferdinand en Bulgarie comme quelque chose qui témoigne d'une vision et d'une lecture différente de l'histoire »,a déclaré Siméon II, 86 ans, interviewé devant le palais royal. « Tout d'abord, je suis reconnaissant pour tout cela, car c'est pour notre histoire de la Bulgarie. Cela montre également que nous respectons notre passé comme les autres nations et reconnaissons et respectons les mérites de nos dirigeants », a ajouté celui qui a été Premier ministre de son pays entre 2001 et 2005. Dernier monarque de Bulgarie, déposé par les communistes en 1946, Siméon II a suggéré que la capitale bulgare se couvre d’un boulevard au nom de son grand-père.

 

 

Un bilan contrasté pour le roi Ferdinand Ier

Contraint à l’abdication en 1918 en faveur de son fils Boris III, lequel est décédé mystérieusement en 1943, exilé en Allemagne, le roi Ferdinand Ier est décédé à l’âge de 87ans. Un monarque, descendant direct du roi des Français Louis-Philippe Ier, dont l’image reste sulfureuse et controversée. Certains ont même manifesté leur opposition à ce retour comme l'ancien maire de Plovdiv Slavcho Atanasov (VMRO, NFSB), qui a qualifié sur sa page Facebook ce retour  de « grave absurdité politique ». Selon lui, « ce n'est ni plus ni moins qu’un acte est anti-bulgare » qui  « insulte la mémoire de tous ceux qui ont donné leur vie pour la défense de la patrie ». « Je pense que ce retour du roi n’aurait pas dû se faire avec la participation d'un trop grand nombre de représentants des institutions d'État et en grande pompe » regrette Stefan Dechev sur les ondes de Radio Liberté. Bien qu’il reconnaisse volontiers que le pays a connu un boom économique et une modernisation rapide sous le règne de Ferdinand Ier, cet historien et professeur à la Nouvelle Université Bulgare rappelle que le souverain porte une lourde responsabilité dans l’échec de la Seconde Guerre balkanique et l’issue de la Première Guerre mondiale qui a fait perdre des territoires à la Bulgarie. 

Aucune polémique pour les proches du roi Siméon II, l'heure est à l'unité

Une polémique que balaye Ivaylo Shalafov, qui a défendu ce retour, affirmant qu'il était important pour la Bulgarie. « Tout d'abord, parce qu'il s'agit du monarque ayant régné le plus longtemps, mais aussi parce que c'est une question d'État et de fierté nationale », a déclaré le directeur de la fondation « Roi Boris et Reine Jeanne ». L'historien Petar Stojanovic, président du Conseil scientifique de la fondation, a également salué cette réinhumation rappelant que cette initiative « permettait de démontrer que nous pouvons coexister  désormais pacifiquement  avec notre histoire quels que soient ses chapitres ».

« Je pense que c'est un signal pour notre présent. Nous devons être unis, car nous pouvons alors accomplir beaucoup de choses. Nous avons besoin de beaucoup de temps » a néanmoins temporisé le roi Siméon II qui a fermé la porte a toutes polémiques stériles.

Copyright@Frederic de Natal

Date de dernière mise à jour : 30/05/2024

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