La princesse Marie-Louise de Bulgarie fête ses 90 ans

Témoin privilégié des derniers instants de la monarchie de Bulgarie, la princesse Marie-Louise de Saxe-Cobourg-Gotha est la sœur aînée du roi Siméon II. Elle a été  la première à revenir dans son pays, à la chute du régime communiste. Très discrète, mariée deux fois, la fille du roi Boris III et de la reine Jeanne (née princesse de Savoie) a accordé un entretien au quotidien Novinite à l’occasion de son 90e anniversaire. 

Novinite : Votre Altesse, sur une photo très connue, on vous voit près de votre père, dans son bureau. Étiez-vous autorisé à y entrer  avec votre frère quand vous étiez enfants ?

Princesse Marie-Louise : Oui, naturellement. Mais il était toujours occupé et nous ne pouvions pas venir quand nous le souhaitions. On le voyait généralement au petit-déjeuner. Il buvait du thé au tilleul. On lui disait « bonjour » et nous partions à nos cours particuliers. Parfois, il venait nous voir et nous nous promenions. À chaque fois, qu’il venait, cela nous rendait heureux. C’étaient toujours des moments spéciaux. 

Novinite : Y a-t-il encore un mystère autour de la mort de votre père en 1943  ? Quelle est la vérité sur son décès ? 

Princesse Marie-Louise : Il existe de nombreuses théories, supputations, fausses informations mais jusqu’ici personne n’a jamais su prouver quoique ce soit. Quand je suis revenue en 1991, j’ai demandé aux uns et aux autres s’ils savaient quelque chose à ce sujet et personne n’a su me dire quoi que ce soit, ni même qui avait pu le sortir de sa tombe. 

Novinite : Comment avez-vous quitté la Bulgarie ? 

Princesse Marie-Louise : J’avais 13 ans quand cela est arrivé [1946-ndlr]. À cet âge, on se souvient de tout. On m’a souvent demandé ce que j’avais ressenti en partant en exil. À cette époque, je ne comprenais pas ce que cela voulait dire. Nous n’avons d'ailleurs pas vraiment compris pourquoi nous partions. Quand nous sommes arrivés à Istanbul, la presse mondiale était là avec des photographes. Maman nous tenait la main. Puis nous avons embarqué sur un bateau vers Alexandrie, où nos grands-parents, les souverains d’Italie, sont venus nous chercher.  On nous a mis dans des écoles anglaises alors que nous ne connaissions pas un seul mot de cette langue. On nous regardait comme des gens étranges. On a vite appris et grâce à Dieu, nous avons survécu. Je garde un bon souvenir de l’Égypte. Ma mère nous a permis de devenir, moi et mon frère Siméon ce que nous sommes. 

Novinite : Comment avez-vous vécu votre retour en Bulgarie ?

Princesse Marie-Louise : J’ai vécu ce moment avec intensité. J’ai été la première à revenir ici en mai 1991. Savez-vous ce que c’est de vivre pendant un demi-siècle loin de la terre et la maison que vous avez toujours aimé ? J’étais  déjà revenue une fois en 1982. Il faisait beau et je revoyais enfin le dôme de Saint-Alexandre Nevski. Je me suis sentie bien tout en craignant que je ne le reverrais peut-être jamais plus. Et un miracle s’est finalement produit. Quand, j’ai pris l’avion depuis Madrid en direction de Sofia, c’était la première fois depuis des années que je lisais un journal en langue bulgare. Tout le monde parlait bulgare autour de moi. C’était indescriptible. La joie m’a tellement prise à la gorge que je n’ai pu sortir un mot. 

Novinite :   Comment voyez-vous le rôle de la famille royale aujourd’hui ? 

Princesse Marie-Louise :  Simplement en fonction des atouts de chacun

Novinite : Votre travail caritatif est peu connu. Pourquoi ?

Princesse Marie-Louise : Oui, c’est vrai. Comme je dis souvent, « ce que fait la main droite, la main gauche ne le sait ». Je n’aime guère parler de ce que je fais. Quand une personne travaille pour une cause, elle se doit de rester modeste. 

Novinite : Pouvez-vous nous parler de votre famille dont on sait peu de choses ? 

J’ai 4 enfants, trois fils et une fille. Le premier, Boris, s’occupe du marketing dans une société d’ingénierie. Il est marié et a 3 enfants. Le deuxième, Hermann, vit au Canada. Il est vice-président de la Banque royale. Il a trois filles. Puis Alexandra qui est mariée à un Portugais et enfin le dernier, Paul, ingénieur électricien. Il travaille à San Francisco. Il a deux enfants ; 

Novinite : Quelles leçons héritées de votre père souhaitez-vous transmettre à vos enfants et à vos petits-enfants ? 

Princesse Marie-Louise : Ce que toute le monde pourrait leur préconiser  : vous devez travailler dur, aider et être de bonnes personnes.

Copyright/traduction@Frederic de Natal