Delphine Boël, future princesse de Belgique ?

Le roi albert ii et delphine boel belga image« On suppose que cette affaire va enfin se terminer. Elle a été pénible pour tout le monde, blessant l’ensemble des parties qui y ont été mêlées, et le roi Albert y a été mêlé malgré lui, sans qu’il l’ait demandé. Donc il est temps que ça s’arrête ». Commencée en 1999, « L’affaire Delphine Boël» pourrait enfin connaître son épilogue le 29 octobre prochain. Le roi Albert II, qui a reconnu l’artiste comme sa fille légitime après l’avoir longtemps nié, a rappelé qu’il « fallait appliquer la loi ». La maison royale de Belgique devrait compter de nouveaux princes et princesses de Saxe-Cobourg-Gotha.

L’existence de Delphine Boël a été révélée en octobre 1999. Et depuis, n’a cessé d’empoisonner l’image de la maison royale de Belgique. C’est lors de la sortie d’un livre autobiographique sur la reine Paola, intitulé «Paola, van la dolce vita tot koningin»   que son auteur de 18 ans, le journaliste flamand Mario Danneels, révèle la relation adultérine du roi des Belges, Albert II, avec la baronne Sybille de Selys Longchamps. Les médias s’emparent de l’affaire qui secoue le Palais de Laeken et force le souverain à reconnaître des problèmes extra-conjugaux dans les années 1960 avec son épouse. Pour autant, la monarchie n’entend pas légitimer Delphine Boël qui va bientôt se lancer dans un long combat juridique afin de faire valoir ses droits et son identité. Au prix de nombreux rebondissements qui vont faire les choux gras de la presse belge.

Albert ii et paola de belgique afpSculptrice, elle expose ses œuvres et a même participée à la Biennale de Venise en 2003. Mais sa présence irrite le palais royal qui tente de la dissuader de continuer à poursuivre le roi des Belges. « Quand je vivais à Londres, ils m’ont demandé d’aller très loin pour que toute cette affaire disparaisse. Mais j’ai décidé de rester à Londres » expliquait récemment Delphine Boël lors d’une interview accordée à la RTBF. L’artiste affirme d'ailleurs avoir subi de la part des conseillers de la cour royale, une pression constante sur elle et ses deux enfants. « Quand j’ai voulu ouvrir un compte en banque pour mes enfants, l’ordinateur a flashé, considérant qu’ils étaient politiquement exposés. Ils n’avaient qu’11 ans quand j’ai voulu leur ouvrir ce compte » poursuit Delphine Boël qui accuse Laeken d’avoir tout fait pour « l’empêcher d’exister ». En juin 2013, elle exige alors du roi Albert II qu’il se conforme à un test ADN de paternité. La machine judiciaire ne s’arrêtera plus. Le descendant du roi Léopold Ier refuse de s’y prêter, décide de se retirer du trône en faveur de son fils Philippe un mois plus tard. il faudra encore 4 ans avant que la cour de justice considère comme recevable la demande de Delphine Boël. « Mais non fondée en première instance ». Les avocats s’interpellent par médias interposés qui acculent le roi. Finalement, le 25 octobre 2018, la cour d’arrêt de Bruxelles oblige Albert II de faire ce test. Il refuse une nouvelle fois et se pourvoit en cassation. Les belges s’agacent de cette situation et l’opinion général fustige le souverain. Obligé de devoir se conformer à la loi comme tout citoyen, Albert II obtient que les résultats de ces tests restent confidentiels.

Couverture de paris matchEn janvier 2020, coup de théâtre . « Sa Majesté le Roi Albert II a pris connaissance des résultats du prélèvement ADN auquel Il s’est prêté à la demande de la cour d’appel de Bruxelles. Les conclusions scientifiques indiquent qu’il est le père biologique de Madame Delphine Boël. Le Roi Albert tient à faire observer que, depuis la naissance de Madame Delphine Boël, Il n’a été mêlé à aucune décision familiale, sociale ou éducative quelconque relative à Madame Delphine Boël et qu’Il a toujours respecté le lien qui existait entre Madame Delphine Boël et son père légal. Plus de quarante ans plus tard, Madame Delphine Boël a décidé de mettre fin à son lien légal et socio-affectif avec son père et de changer de famille. Et cela au travers d’une procédure longue, douloureuse et qui s’est révélée judiciairement contradictoire. Cette procédure n’a pas respecté la vie privée des parties. Respectueux des institutions judiciaires, le Roi Albert s’est abstenu pour sa part d’intervenir dans les débats hors des prétoires. Voilà pourquoi, il a décidé de réagir et d’expliquer sa position dans cette affaire » indique le communiqué officiel rendu public.  C’est un séisme au sein de la maison royale de Belgique qui dépose les armes.

« D'abord je me suis sentie prise au sérieux, j'ai enfin été entendue. Et puis j'ai trouvé extraordinaire que la justice puisse ainsi donner espoir à tous ceux qui recherchent leur identité. J'ai constamment été traitée comme une sorte d'ennemie de la monarchie, accusée de vouloir démolir cette institution. J'en ai vraiment souffert parce que ce n'est pas vrai, j'ai toujours été royaliste » déclare Delphine Boël. Reconnue comme fille du roi Albert II, elle ne peut prétendre pourtant à la succession au trône. « Elle sera une enfant légitime, au même titre que les autres. Mais il y a quelque chose d'un peu malsain dans ce débat, car la fortune de Jacques Boël était infiniment plus importante que celle d'Albert II. Sa réaction, c'est à la fois le soulagement, l'émotion, mais c'est aussi une grande douleur, car elle a toujours manqué d'un père » explique à la télévision son avocat, Marc Uyttendaele. Le magazine Paris Match qui couvre l’affaire évoque ce « fairy tale à la belge, a l’aspect barbare des vrais contes », une femme traitée par son père comme un « caillou dans la chaussure » que l’on tente de se débarrasser. Si Albert II accepte de reconnaître Delphine Boël comme son 4ème enfant, ce n’est pas pour autant qu’il la côtoiera. « Un manque d’humanité à l’image du communiqué, froid et glacial » résume la presse belge.

Delphine boel et albert ii drA 52 ans, Delphine Boël va-t-elle avoir titre de princesse et avoir le droit de porter le nom prestigieux de Saxe Cobourg-Gotha ?  C’est désormais tout l’enjeu de cette question sur laquelle la cour d'appel de Bruxelles s’est penchée jeudi dernier. « C'était une longue audience mais il est évident que l'essentiel est acquis car nul ne remet plus en cause le fait que Delphine est la fille d'Albert II. C'est une audience qui visait à voir quelles sont les multiples conséquences particulières de cette décision. Mais donc on attendra la décision finale pour connaître les effets qui vont au-delà de la reconnaissance de filiation » se défend Marc Uyttendaele. « Ce que je peux simplement dire c'est que l'essentiel est une question de nom, mais Delphine n'a jamais eu d'autres demandes que d'être traitée exactement de la même manière que ses deux frères et sa sœur » continue l’avocat. « Le nom ? Vous devez vous référer à la Constitution qui fixe le nom de la famille royale, donc de Saxe-Cobourg. Et le titre de princesse, oui, il fait également partie des débats mais en soi il n'est pas important. Le fait est qu'il ne serait pas admissible qu'un des enfants d'Albert II soit un enfant au rabais et ne soit pas traité de la même manière que les autres » affirme t-il en guise de conclusion aux journalistes de « La Libre ».

« On suppose que cette affaire va enfin se terminer. Elle a été pénible pour tout le monde, blessant l’ensemble des parties qui y ont été mêlées, et le roi Albert y a été mêlé malgré lui, sans qu’il l’ait demandé. Donc il est temps que ça s’arrête « a déclaré Alain Berenboom, l’avocat de l’ancien souverain des Belges qui n’opposera pas son véto à cette ultime demande de Delphine Boël. Reste désormais à savoir si la cour d'appel de Bruxelles va rendre une décision favorable à cette requête. Verdict attendu le 29 octobre prochain pour  ce qui devrait être l’épilogue d’une affaire qui aura largement écorné l’image du roi Albert II.

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Date de dernière mise à jour : 12/09/2020

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