Karl de Habsbourg :«Les monarchies sont l'avenir de l'Europe»

Karl de habsbourg lorraine kronen zeitung«Les monarchies s’inscrivent dans le concret. Ils jouent leur rôle et continueront de le faire dans un proche avenir ». Ses prises de paroles sont aussi rares qu’elles peuvent parfois surprendre. L’archiduc Karl de Habsbourg-Lorraine, prétendant à la double couronne austro-hongroise et ancien député européen, a décidé de s’ouvrir dans les colonnes d’Oe24. Loin de tout kitsch nostalgique, il critique le manque de leadership européen. Le prince impérial vient en aide à Sebastian Kurz, l’actuel chancelier autrichien, dans la crise des migrants et voit dans le concept monarchique, « un désir croissant réclamé en Europe », l’avenir du vieux continent.

Charles ierL’archiduc Karl de Habsbourg-Lorraine vit près de Salzbourg et dirige la section autrichienne du mouvement paneuropéen autrichien. Ce père de trois enfants est un homme occupé. Copropriétaire de stations de télévisions et de radio aux Pays-Bas, il envisage d’étendre désormais son influence médiatique en Autriche. Un pays sur lequel sa famille a régné près de 800 ans sans interruption.

Oe24: En tant que président du Mouvement Pan-Européen, vous vous êtes engagé pour une Europe pacifique et politiquement unie – Sommes-nous vraiment proches de cette idée aujourd’hui ? 

Karl de Habsbourg-Lorraine : Malgré toutes les tensions qui existent au sein de l'Union européenne aujourd'hui, nous avons réussi à résoudre les tensions intra-européennes par le biais de conférences. Nous ne sommes plus à nous battre sur des champs de batailles. C'est un succès, mais cela ne doit pas cacher le fait qu'il existe des problèmes dans de nombreux domaines et qui montrent que l'unification politique en Europe est encore loin d’être atteinte. J'entends par là, à la fois l'intégration encore incomplète de tous les pays européens dans l'UE ainsi que de nombreuses divergences d'opinions dans le domaine de l'état de droit ou le politique étrangère commune qui ne sont pas résolus.

Oe24: Vous vous déplacez souvent dans les pays d'Europe de l'Est pour  y travailler. Comment évaluez-vous l'évolution politique en Ukraine et en Bulgarie?

Karl de habsbourg lorraine 2KvHL : Indépendamment de ses récentes tensions politiques, la Bulgarie a l'avantage d'être dans l'UE et donc dans un partenariat auquel s'appliquent des valeurs de bases communes. Cela permet à toutes les personnes impliquées dans ce dossier de prendre le bon chemin afin de tenter résoudre leurs problèmes. Et la Bulgarie n'a pas été, comme l'Ukraine, envahie un pays voisin qui lui fait la guerre. Dans les deux pays, nous constatons que certains clans maintiennent malheureusement des pratiques mafieuses, clientélistes et qui sont prêts à prendre des décisions inconsidérées pour se maintenir au pouvoir. Mais nous constatons également dans les deux pays un engagement fort de la part de nombreux partis issus de la société civile en faveur de la démocratie, de l’économie de marché et de l’État de droit. C’est eux que nous devons soutenir.

Couronne imperialeOe24: Dans quelle mesure les dirigeants de l'UE manquent-ils actuellement de confiance en eux ?

KvHL : Le problème de l'UE est le manque de leadership politique. Par leadership politique, j'entends une politique étrangère indépendante, en fait européenne. Pour le moment, les tendances nationalistes sont trop dominantes. Elles sont égoïstes. Nous manquons sérieusement de personnalités politiques européennes qui, lorsqu'elles proposent des solutions, peuvent donner le sentiment qu’elles ne poursuivent pas des buts au nom de leurs intérêts nationaux.

Oe24: Au cours de l'année 2015, nous avons eu la crise des réfugiés. Les pays de l'UE ont également montré peu d'intérêt pour des solutions communes et ont brillé par leurs critiques de la gestion de la crise et leurs divisions. En 5 ans, les choses ont elles évolué ?

Karl de habsbourg et sebastian kurzKvHL: En partie. Nous avons réussi à nous entendre sur la question du rapatriement des migrants mais pas sur les différentes compétences de chacun. Le plus gros problème, ici,  reste l’importance encore persistante des flux migratoires, ou pour le dire plus précisément, l’immigration clandestine. Cela reste encore dépendant de toutes les conséquences  politiques que nous constatons dans  les régions voisines de l’Europe. Et sur lesquelles nous ne pouvons pas du tout réagir en raison d’un manque évident de politique étrangère européenne.

Oe24: Comment voyez-vous la position de l'Autriche dans la crise des migrants ? Seriez-vous favorable à l'accueil des enfants du camp grec Moria dans notre pays ?

Blason autriche hongrieKvHL : L'Autriche est certainement l'un de ces pays qui, sur la base d'une longue tradition, a fait et fait encore beaucoup pour les réfugiés et les migrants. En 2015, on s'est plaint à plusieurs reprises que la crise des réfugiés avait éclaté parce que le soutien aux camps de réfugiés à la frontière extérieure de l'UE avait été réduit. C'est pourquoi je considère également que l'approche du gouvernement autrichien qui consiste à aider les grecs directement sur le terrain est la meilleure. Mais ici, en Autriche, c’est un faux débat que nous avons initié et qui a été manipulé par les intérêts de nos partis politiques. À ma connaissance, la Grèce n'a formulé aucune demande d’accueil de réfugiés en Autriche. J'espère qu'après la campagne électorale de Vienne, une approche sobre du sujet fera sa réapparition.

Oe24: La Maison des Habsbourg a fourni des politiciens pendant 800 ans. Pourriez-vous envisager un retour à la politique? Et si non: pourquoi vous retirer de tout débat ?

KvHL : À mon avis, les termes «jamais» et «toujours» n'ont pas leur place en politique. Mais nous ne devrions pas réduire les activités politiques à la seule à la politique des partis. Le mouvement Pan-Européen, est clairement une organisation politique, mais n'appartient à aucun parti. Mon travail dans le domaine de la protection des biens culturels et de nombreuses autres activités a naturellement aussi des aspects politiques. Cependant, je ne peux pas imaginer une position qui me rendrait dépendant d'un seul parti.

Oe24: Vous avez deux filles adultes et un fils de 23 ans. Vos enfants sont-ils intéressés par entrer en politique, aimeraient-ils s'impliquer dans un parti ?

KvHL : En élevant mes enfants, j'ai attaché une grande importance au fait qu'ils suivent leur propre chemin et développent leurs propres intérêts. Nous avons tous un instinct politique, mais c'est à vous-même qu'il revient de décider de la réponse à cette question.

Oe24: Dans une interview en octobre 2018, vous avez dit que les personnes qui prétendaient que la monarchie était une forme de gouvernement du passé n’étaient simplement «pas réalistes». Que sous-entendiez- vous ?

Karl avec des nostalgiques de l empireKvHL : Les monarchies sont toujours inscrites dans le concret. Elles ne s’inscrivent pas dans le passé. Elles jouent leur rôle et continueront de le faire dans un proche avenir. Je suis en faveur de l’instauration de cette forme de gouvernement, non par nostalgie mais parce qu’elle est l’incarnation de la modernité.

Oe24: Pensez-vous qu'après les révélation de divers scandales politiques et / ou en période de crise difficile, le désir d'un retour de la monarchie se fasse plus croissant ?

KvHL : Dans ces temps difficile, c’est une évidence.  On va de plus en plus vers cette orientation, un désir de trouver des personnes qui offrent cette possibilité. Cela ressort ainsi et très clairement en Autriche.

Oe24: Personnellement, le kitsch qui tournent autour de de Sissi et François-Jopseh,  qui est omniprésent à Vienne,  m'ennuie toujours - que pense un Habsbourg de cette représentation triviale ?

KvHL : Eh bien, je suis totalement d' accord avec vous.

Oe24: Vous êtes un entrepreneur médiatique à succès. Il n'y a plus vraiment beaucoup de médias conservateurs et axés sur des valeurs traditionnelles en Autriche - pourriez-vous aussi imaginer démarrer ou soutenir un projet identique à Vienne ?

KvHL : Bien sûr, je peux imaginer quelque chose comme ça. Mais je n’ai pas encore de projets spécifiques déterminés pour l'Autriche en ce moment.

Copyright@Frederic de Natal

Traduction reportage Oe24. Interview datée du 21 octobre 2020. Soumis aux droits de reproduction

 

 

Date de dernière mise à jour : 23/10/2020

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