Karl de Habsbourg : « J'ai des ambitions politiques »

Karl de Habsbourg, des élus de graz sous le portrait de Charles Ier. Photos@LukarT/Sanlas« J'ai des ambitions politiques, je veux changer les choses ». C'est une phrase qui n'est pas passée inaperçue dans la presse autrichienne. Extraite d'une interview accordée à « Mein Bezirk » par l'archiduc Karl de Habsbourg-Lorraine lors d’une visite consacrée à la défense du patrimoine local, le prétendant à toutefois rappelé que dans son pays, sa famille était toujours victime d’un ostracisme juridique qui « interdit à tous ses membres, qui n’ont pas prêté serment à la République, de se présenter à une élection ». Un prince engagé en faveur de l'Europe qui a déjà pris de nombreuses positions par le passé. 

Karl de Habsbourg-Lorraine« J'ai des ambitions politiques, je veux changer les choses ». Interviewé le 6 juillet dernier,  alors qu’il était invité des autorités locales de la ville de Graz, capitale de l’état autrichien de Styrie, l’archiduc Karl de Habsbourg-Lorraine a fait part de ses intentions de briguer prochainement un poste à haute responsabilité. A la question de savoir si le prétendant austro-hongrois évoquait celui (honorofique) de Président fédéral, le prince impérial a répondu que que  « celle-ci ne se posait pas pour le moment » puisqu'il est toujours « interdit aux membres de la Maison de Habsbourg d'exercer des fonctions politiques en Autriche ». Une incongruité qui exaspère le petit-fils du dernier empereur d’Autriche. « En tant que Habsbourg, cela ne me donne pas des nuits blanches mais en tant que personne et citoyen, je trouve cela extrêmement étrange car c'est une violation des droits de l'homme » a précisé Karl de Habsbourg-Lorraine qui fait référence à certains articles de l’ Habsburgergesetz, la « loi anti-Habsbourg » votée en avril 1919.

Karl RennerAbdication, renonciation temporaire aux affaires de l’état, démission…, lorsque Charles Ier de Habsbourg-Lorraine se retire dans son château d’Eckartsau en novembre 1918, sa présence demeure une épine dans le pied de la nouvelle république qui hérite d’une administration impériale très disciplinée. Le chancelier socialiste Karl Renner entend se débarrasser de l’empereur qui continue à bénéficier de nombreux soutiens. Une dynastie presque millénaire qui doit prendre finalement le chemin de l’exil en mars 1919 vers la Suisse. Très rapidement, le parlement s’affaire à voter une loi qui interdit à tous les Habsbourg qui n’auraient pas prêté serment à la République de rester sur le sol autrichien et qui nationalise tous leurs biens. Et si elle fut brièvement abrogée sous la période austrofacsiste (1934-1938), dont les dirigeants avaient pensé restaurer la dynastie impériale afin de contrer l’expansionnisme nazi, la loi fut réintroduite lors de l’Anschluss et reconfirmée en 1945 par le même Karl Renner revenu aux affaires de son pays mis sous pression par l’Union soviétique. Un retour de la loi qui donna lieu à de féroces empoignades de rues entre monarchistes (appelés « Légitimistes ») et communistes autrichiens et des débats intenses jusque dans les années 1980. En 2011, grâce à l’intervention et à la bataille d’Ulrich Habsbourg, alors conseiller municipal écologiste, une large partie de la loi est abrogée, permettant techniquement aux membres de la maison impériale d’accéder à tous les postes d’état. Sous conditions. Une attitude jugée « absurde » par ce européen convaincu qui s’en était ouvert sur les ondes de la télévision autrichienne en 2013.

Elu député conservateur OVP au parlement européen entre 1994 et 1995, aux côtés de son père, Otto de Habsbourg-Lorraine, ce n’est pas la première fois que le prince impérial évoque son désir de se présenter à une échéance électorale. « Je suis absolument pragmatique. Pour moi, il y a deux termes qui n'ont pas leur place en politique. C'est les concepts « ne jamais dire jamais » et « éternel » » avait alors expliqué Karl de Habsbourg-Lorraine en 2018. Une perspective qui n'enchante pas ses détracteurs qui affirment qu’une fois élu, « Herr Habsburg » chercherait à récupérer les propriétés de sa famille. Ce que dément le prince impérial, également président de « Blue Shield International », une organisation qui s'occupe de la protection des biens culturels menacés par la guerre ou les catastrophes naturelles. Un héritier engagé dans divers domaines, qui a déjà pris de nombreuses poistions dans le passé, mais qui se garde bien de dire sous quelle bannière politique il entend se présenter. 

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Date de dernière mise à jour : 15/07/2021

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