Imre de Habsbourg-Lorraine : « L’Europe doit redécouvrir son âme »
Imre de Habsbourg-Lorraine : « L’Europe doit redécouvrir son âme »
Descendant direct du bienheureux empereur Charles Ier d’Autriche, l’archiduc Imre de Habsbourg-Lorraine livre une réflexion profonde sur l’identité européenne, la mission des chrétiens et la pertinence des leçons de son ancêtre face aux crises actuelles. Entre héritage spirituel, mémoire historique et appel au courage politique, sa voix s’inscrit dans une tradition familiale faite de service et de responsabilité.
L’Europe traverse-t-elle une crise existentielle ? Interrogé par El Debate, le webzine conservateur espagnol, l’archiduc Imre de Habsbourg-Lorraine, a donné une réponse claire. « Nombreuses sont les personnalités qui parlent d’une crise d’identité. Le philosophe allemand Jürgen Habermas va jusqu’à évoquer une “crise de civilisation”, un terme très fort. », déclare ce descendant des derniers empereurs austro-hongrois.
Europe et chrétienté, mamelles de la civilisation
L’archiduc distingue avec soin l’Europe institutionnelle de l’Europe civilisationnelle : « L’Union européenne a accompli des choses magnifiques – collaboration, prospérité, paix – mais elle ne peut pas se limiter à l’économique. Comme le disait Robert Schuman, il faut aussi redécouvrir l’âme de l’Europe. », affirme t-il. Cet enracinement, il l’illustre à travers trois villes fondatrices : « Athènes, pour la philosophie et la justice ; Rome, pour le droit et l’organisation politique ; Jérusalem, pour la transcendance et la foi. Le christianisme, en unissant ces héritages, a donné une identité propre à l’Europe. ». Face à cette crise qui traverse tout le continent, quel rôle pour les chrétiens ? Imre de Habsbourg-Lorraine ne ménage pas ses mots : « On ne peut pas parler de racines chrétiennes si nous ne sommes pas nous-mêmes enracinés dans le Christ. ». Pour lui, la mission est double : témoigner de l’espérance et connaître ses propres racines. « Nous devons étudier l’histoire de notre pays, de notre région, afin de mieux comprendre qui nous sommes et mieux nous projeter dans l’avenir. »;
L’héritage de Charles Ier : un souverain de paix
Derrière son propos, une référence constante : son arrière-grand-père, le bienheureux Charles Ier d’Autriche, dernier empereur d’Autriche et roi apostolique de Hongrie. Souverain de 1916 à 1918, en pleine Première Guerre mondiale, il fit de la paix sa mission principale. « Il concevait son rôle de monarque comme un rôle de service, avant tout. Voilà un message essentiel pour aujourd’hui : comprendre que gouverner, c’est servir. », explique Irmre de Habsbourg-Lorraine.
Exilé à Madère, mort en 1922 dans la pauvreté et la souffrance, Charles Ier offrit sa vie pour son peuple. Un témoignage spirituel d’autant plus saisissant, souligne l’archiduc, que « cent ans plus tard, l’Europe connaît de nouveau la guerre. Le bienheureux Charles Ier rappelle à ceux qui ont des responsabilités qu’ils doivent toujours avoir à l’esprit un objectif ultime : parvenir à la paix. ». L’archiduc met en garde contre les erreurs du passé. « Durant la Première Guerre mondiale, les puissances voulaient une victoire inconditionnelle. Plus tard, les historiens ont vu là une grave erreur, qui a préparé le terrain au nazisme. Nous devons apprendre de cette leçon et chercher à rassembler tout le monde autour de la table, en pensant aux générations futures. », rappelle Imre de Habsbourg-Lorraine.
La famille, « première cellule de la société »
Au-delà du politique, l’archiduc insiste sur l’importance du mariage et de la famille. Là encore, il s’appuie sur l’exemple de Charles Ier et de l’impératrice Zita. « Dès leur mariage, Charles dit à Zita : “Maintenant, nous devons nous aider mutuellement à atteindre le Ciel.” ». Un projet conjugal qui n’était pas seulement un idéal spirituel, mais un chemin concret. « Le mariage est parfois difficile, mais il est précieux. C’est la première cellule de la société, là où se forment les citoyens de demain. L’impact sur la société est énorme, voilà pourquoi il mérite d’être défendu. ». Pour l’archiduc, le couple impérial incarne un modèle intemporel : fidélité, prière, constance. « Ils allaient chaque jour à la messe, récitaient le chapelet, avaient une grande dévotion au Sacré-Cœur. Un siècle plus tard, ces leçons n’ont rien perdu de leur force. », rappelle t-il.
Né en 1985 à Genève, Imre de Habsbourg-Lorraine est le fils de l’archiduc Carl Christian d’Autriche et de la princesse Marie-Astrid de Luxembourg. Marié à Kathleen Walker, il est père de cinq enfants. Installé aux États-Unis puis revenu en Europe, il s’est spécialisé dans l’investissement éthique et la finance durable. Très attaché à l’héritage spirituel et politique de son arrière-grand-père, le bienheureux empereur Charles Ier d’Autriche, il s’exprime régulièrement sur l’avenir de l’Europe, la place des chrétiens dans la société et le rôle du mariage et de la famille comme piliers sociaux.
À travers cet entretien, Imre de Habsbourg-Lorraine réaffirme une conviction : Celle que l’Europe ne peut survivre sans retrouver son âme, forgée par Athènes, Rome, Jérusalem et le christianisme. Héritier d’une dynastie qui a façonné l’histoire du continent, il ne plaide pas ici pour une restauration monarchique, mais pour une renaissance spirituelle et morale, dans l’esprit de son arrière-grand-père Charles Ier : servir, espérer et bâtir la paix.