Hommage : Otto de Habsbourg-Lorraine, une vie au service des autres

Otto de Habsbourg-LorraineIl aura été toute sa vie le visage d’un empire disparu dans la tourmente de la Première guerre mondiale et un défenseur acharné de l’Europe. Il y a 10 ans, disparaissait l’archiduc Otto de Habsbourg-lorraine, prétendant au trône austro-Hongrois. Le 2 juillet, les membres de la maison impériale se sont réunis de Pöcking à Pannonhalmi afin de commémorer la mémoire d’un homme qui, enfant, avait joué sur les genoux de l’empereur François-Joseph. Une cérémonie émouvante et très politique, la passion du fils de l'empereur-roi Charles Ier et de l'impératrice-reine Zita de Bourbon-Parme, un prince qui a toujours été au service des autres.

Cérémonie d'hommage à Otto de Habsbourg en présence du prince Franz de Bavière Photo©AndreaJaksch« Vous savez, porter une couronne est une tâche si terrible qu’on l’accepterait probablement comme une obligation. Mais quelque chose comme ça n’est pas souhaitable. Je dois donc honnêtement vous dire que je suis beaucoup plus heureux de la vie que je mène que je ne l‘aurais été dans l’autre cas ».  C’est à Pöcking, un village de Bavière, où il s’était installé durant des décennies que s’est éteint, il y a 10 ans, l’archiduc Otto de Habsbourg-Lorraine, héritier de la double couronne austro-hongroise et ultime témoin d’un empire emporté par les affres de la Première guerre mondiale. Il aura consacré toute sa vie à combattre tous les idéologies extrémistes et défendre l’idée européenne dont il fut un inamovible député entre 1979 et 1999. La semaine dernière, les Habsbourg-Lorraine se sont réunis entre Allemagne et Hongrie afin de rendre hommage à un homme qui faut aussi le père de sept enfants et un fervent catholique.  Parmi les invités, le chef de la maison royale des Wittelsbach, le duc Franz de Bavière. 

Signature d'Otto de Habsbourg.« En 2011, certains pensaient que l'unification européenne était gravée dans le marbre. Mais dix ans plus tard, force est de constater que le grand travail d'unification de ce continent, sur lequel Docteur Otto von Habsbourg a joué un rôle non négligeable, est discrédité. ». Dans son hommage au fils de l’empereur-roi Charles Ier et de Zita de Bourbon-Parme, l’historienne Eva Demmerle, a prononcé un discours aux accents très politique, la passion de l’archiduc. Citant le « Brexit comme l’exemple d'une catastrophe imminente qui a permis aux nationalisme de se renforcer au sein d’états  qui ont mis en place des politiques financières irresponsables et qui détruisent les valeurs de l’Europe », elle a appelé chacun des membres présents dans l’assistance à « prier pour une Europe forte et chrétienne au sens entendus par les Habsbourg. « Dans ce contexte, il est honteux de constater l'esprit qui domine l'Union européenne d'aujourd'hui. C'est honteux de voir comment la Hongrie, à qui nous devons tant, a été traitée par des hommes politiques de premier plan ces derniers jours et semaines » s'est par ailleurs agacée celle qui aura été la dernière assistante du prétendant au trône.  

l'archevêché de Pannonhalma  où a eu lieu une cérémonie d'hommage  Photo@DanielViktoriaSous le regard de l'Abbé Général Frank Bayard, Grand Maître de l'Ordre Teutonique, qui présidait cette cérémonie, assisté de Michel Menzinger, l'aumônier de la famille de la maison impériale, de divers politiciens locaux, le consul général de Hongrie a salué l'engagement des Habsbourg envers son pays.  « Nous continuerons à cultiver l'héritage intellectuel d'Otto de Habsbourg-Lorraine », a déclaré Gábor Tordai-Lejkó qui n’a pas oublié que son pays avait proposé à l’archiduc un poste de président à la chute du communisme en 1990.  « Plus nous déplacerons les frontières de la liberté vers l'est, plus le centre de l'Europe sera sûr » a ajouté le diplomate qui paraphrasait le prince impérial. Une Hongrie reconnaissante puisque parallèlement à celle de Pöcking, une cérémonie a eu lieu au sein de l'archevêché de Pannonhalma où a été inhumé le cœur du prince. Fidèles à leurs principes de tolérance, les représentants des religions juives et musulmanes avaient été invitées à s’exprimer durant l’homélie.

Zsolt SemjénLe Mufi Husein Kavazovic a déclaré qu'Otto de Habsbourg s'était rendu à plusieurs reprises à Sarajevo et avait toujours souligné que « l'islam en tant que religion n'était pas une menace, saluant à plusieurs reprises la volonté de coopération des musulmans bosniaques avec les autres religions ». « La diversité ne veut pas dire que qu’il y a des problèmes, il faut éviter d’en parler. Au contraire, on peut être en désaccord, mais cela ne doit pas s'exprimer dans un esprit de destruction de l'un, mais dans une intention de curiosité et de compréhension de l’autre » a renchéri le grand rabbin István Darvas. C’est d’ailleurs le vice-Premier ministre hongrois Zsolt Semjén qui a conclu cet hommage international, sous le sourire de l'ambassadeur Georg de Habsbourg-Lorraine présent pour cette occasion, rappelant « que 10 ans reste une perspective après laquelle la valeur historique d'un homme d'État et d'une personnalité peut être jugée ». « Otto de Habsbourg-Lorraine a formulé une myriade d'idées qui demeurent encore pertinentes pour nos vies de tous les jours. Et il est particulièrement honorable que sa philosophie politique ait toujours été en accord avec son credo personnel » a affirmé ce leader du Parti populaire démocrate-chrétien (KDNP), un parti considéré comme favorable au retour de la monarchie.

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Date de dernière mise à jour : 06/07/2021

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