C’est une course contre la montre que Die Linke («La Gauche») a entamé ces derniers jours. En octobre 2019, ce parti parlementaire d’extrême-gauche a mis en ligne une pétition réclamant que soient soumises à référendum, les négociations financières entre la maison impériale des Hohenzollern et l’état fédéral. Il ne leur reste plus que quelques semaines pour rassembler le quorum de signatures obligatoires afin de pouvoir présenter la pétition au Bundestag. Membre de ce parti, l’ancien ministre des finances, Christian Görke, a demandé au prince Georg Friedrich von Preußen, prétendant au trône d’Allemagne et de Prusse, de retirer ses demandes avant l’ouverture d’un nouveau débat parlementaire qui pourrait diviser tout un pays.
L’Allemagne va-t-elle devoir faire face à son passé trouble ? Peu de temps après les révélations de la presse faisant étant de négociations financières entre l’état fédéral et la maison impériale des Hohenzollern (été 2019), le parti Die Linke («La Gauche») a mis en ligne une pétition réclamant que la demande du prince Georg Friedrich von Preußen, soit soumise à référendum populaire. Prétendant au trône d’Allemagne et de Prusse, soutenu par une partie de la droite conservatrice et l’extrême-droite, le prince impérial réclame une compensation pécunière pour la spoliation des biens de de sa famille dont elle s'estime être la victime depuis 1945. Ce que lui réfutent à la fois Die Linke et le parti Social-démocrate (SPD) qui jugent tous deux qu’une telle revendication est illégitime de la part d’un prince dont la famille aurait collaboré avec les nazis durant la Seconde guerre mondiale. En mars 2014, lorsque les Hohenzollern avait déposé leurs demandes de compensations, celles-ci avait été jugées pourtant recevables par Berlin et les états du Brandebourg et de Saxe-Anhalt avant que l’ancien ministre des finances du Brandebourg, Christian Görke, ne classe l’affaire 4 mois plus tard.
Les deux camps affutent leurs arguments et s’invectivent par médias interposés. Un débat parlementaire et historique sur cette question peut-il avoir lieu en Allemagne alors que le temps est désormais compté pour la gauche allemande. En effet, Die Linke a jusqu’à fin août pour réunir le quorum obligatoire de 20 000 signatures afin que leur initiative soit mise à l’étude par le parlement et le sénat. Hors, il manque encore 3000 signatures et la gauche allemande peine à les réunir. Elle n’entend cependant pas céder aux Hohenzollern et pousse les allemands à affronter leur histoire. Actuel président du groupe parlementaire Die Linke, Christian Görke, a demandé au prince Georg Friedrich von Preußen de retirer sa demande, accusant la famille impériale de piller les richesses historiques d’un pays qui les a chassé en novembre 1918. Durant son mandat, Görke «semble avoir tout fait pour crisper une situation déjà compliquée» se plaint l’actuelle locataire du Bundesministerium der Finanzen du Land qui regrette «le refus de coopérer de son prédécesseur à des fins purement électoralistes». Christian Görke n’en démord pas pour autant et avec son groupe demande que la date d’échéance de la pétition soit reculée de trois mois supplémentaires.
Une affaire qui continue de passionner les allemands bien que ceux-ci soient majoritairement opposés à la demande du rejeton impérial. Raviver les souvenirs de l’Entre-deux-guerres, une période peu glorieuse de l’histoire allemande, ne fait pas plus l’unanimité chez les teutons. En 1926, un premier débat avait eu lieu au Bundestag et avait tourné en faveur de la maison impériale des Hohenzollern, soupçonnés d'avoir contribués à la montée d’Adolf Hitler au pouvoir, selon divers historiens. Récemment, en janvier dernier, les députés de droite comme de gauche se sont écharpés au parlement sur cette question. Une situation qui empoisonne le gouvernement de la chancelière Angela Merkel. Le ministère des Finances boycotte toutes négociations avec le prince Georg Friedrich von Preußen tandis que le ministère de la culture est assis en face de lui. Dans un communiqué publié récemment la «Haus Hohenzollern» s’est plainte du manque de partialité de médias dans cette affaire et des mensonges distillés par certains politiciens, pointant du doigt (sans le mentionner) la responsabilité de Christian Görke. Le gouvernement fédéral a demandé aux deux parties en présence de s‘accorder rapidement sans pour autant se prononcer sur la demande prorogation de la pétition en ligne, baptisée : «Keine Geschenke den Hohenzollern» (Pas de cadeaux aux Hohenzollern).
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