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Le prince de Reuss devant le tribunal après l’échec de son putsch

Le prince Henri XIII von Reuss, héritier d'une très vieille famille aristocratique de l'est de l'Allemagne, a comparu devant le tribunal de Francfort. Il est accusé d’avoir orchestré un coup d’état en vue de restaurer la monarchie.

Il dort en prison depuis le 7 décembre 2022. C’est une véritable opération policière et militaire qui a été mis en place par le gouvernement fédéral allemand afin de procéder à l’arrestation de diverses personnes accusés de préparer un coup d’état visant à remplacer les institutions par la monarchie abolie en 1918. Parmi les conspirateurs, le prince Henri XIII von Reuss dont le nom résume à lui seul toute l’histoire d’un état qui a donné le meilleur et le pire à l’Europe tout au long des siècles passés.

Un putsch visant a renverser le gouvernement, déjoué par Berlin 

Cueilli au pied du lit, alors qu’il dormait paisiblement, encore en pyjama, cet ancien promoteur immobilier, père de deux enfants, a été rapidement menotté et emmené dans les locaux de la police afin d’y être interrogé. Il fait désormais face à un tribunal dans un procès qui s'avère complexe. Selon le rapport d’enquête, le prince Henri von Reuss s’est montré très coopératif avec les autorités. Au centre de cette affaire, diverses personnes de différentes origines sociales avec tous un point commun, celui d’adhérer à l’idéologie des Reichburgers. Les "Citoyens du Reich" sont un groupe hétérogène en Allemagne qui rejette la légitimité de l'État allemand moderne. Apparu dans les années 1980, il regroupe plusieurs groupes, allant des nostalgiques de l'Empire allemand à des théoriciens du complot, des anti-vaccins et des militants d'extrême droite. Une organisation qui a été au centre de la tentative de prise du parlement durant l’été 2020, à Berlin.

Extrémisme et théories du complot au coeur de cette tentative de destabilisation

Fomenté au cœur de son château forestier en Thuringe, le plan prévoyait la création d’un « conseil » qui aurait rétabli l’institution impériale sous sa forme juridique de 1871. L’acte d’accusation (617 pages) précise que des ministères avaient déjà été attribués à certains comploteurs comme à Birgit Malsack-Winkemann, ancienne membre de l'AfD au Bundestag (ce qui a mis ce parti d’opposition dans l’embarras) et juge en disposition dans le Land de Berlin. Deux anciens soldats de l'unité d'élite « Commandement des forces spéciales » (KSK) de la Bundeswehr, des policiers et bien d’autres compromis dans cette tentative seront jugés dans un second tribunal. « Les comploteurs auraient été convaincus qu'une puissante société secrète appelée « Alliance », composée des anciennes puissances victorieuses de la Seconde Guerre mondiale, prendrait le pouvoir en Allemagne dans un avenir proche (le décès de la reine Elizabeth II aurait été considéré comme le déclencheur de cette opération). Croyant fermement à l’existence de systèmes de tunnels souterrains dans lesquels les enfants étaient retenus captifs afin d’obtenir de leur sang un élixir de rajeunissement, les membres du groupe auraient versé jusqu'à un demi-million d'euros à des fraudeurs en Suisse qui prétendaient pouvoir accéder à l'un des systèmes de tunnels » rapporte le quotidien Tages Schau.

Un long procès attend cet héritier d'une des plus vieilles familles aristocratiques allemandes

Si les procureurs fédéraux n’ont aucun doute sur le fait que le groupe était déterminé à tuer des gens pour atteindre ses objectifs (une liste de personnes à exécuter aurait été retrouvée et un important lot d’armes), ils estiment cependant que cette opération ne présentait pas une véritable menace sur la démocratie en dépit d’une éventuelle implication de la Russie ( qui a démenti être en relation avec le groupe putschiste). Pour les avocats du prince von Reuss, dont la famille s’est publiquement et entièrement désolidarisée de son action (tout comme le chef de la maison impériale des Hohenzollern qui a condamné cette tentative), il est impossible que l’aristocrate de 72 ans ait pu coordonner et diriger un tel mouvement. En dépit de plusieurs évidences démontrant qu’il a rejoint ce groupe extrémiste, proche du controversé mouvement américain Qanon, en 2021. 

Les racines de la famille von Reuss remontent au Moyen Âge. Elle est connue pour nommer tous ses descendants masculins "Henri" en l'honneur de l'empereur Henri VI du Saint-Empire romain germanique, qu'ils servaient. Divisée en deux branches principales, portant le même nom dynastique, cette maison a régné sur plusieurs petites principautés jusqu'à la fin de la Première Guerre mondiale. Depuis lors, les membres de cette famille prestigieuse vivent comme des citoyens privés, bien que certains aient continué à jouer des rôles politiques important tout au long du XXe siècle.  Bien qu'il n'entache pas la réputation de cette maison prestigieuse, les analystes du dossier affirment que ce sera un procès complexe qui devrait durer plusieurs mois et dont le verdict ne devrait pas être rendu avant 2025.

Copyright@Frederic de Natal

Date de dernière mise à jour : 29/05/2024

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