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Les monarchistes albanais échouent aux élections législatives

Vote en AlbanieC’est une élection entachée d’irrégularités qui s'est déroulée une nouvelle fois en Albanie et qui n’a pas plus réussi aux deux mouvements monarchistes engagés au sein d’une alliance avec le Parti démocrate, premier parti d'opposition. Le Parti de la Légalité (PLL) et le Mouvement pour le développement national (LZHK) ont présenté divers candidats dans les principales villes du pays sans avoir réussi à faire émerger l’idée monarchique au sein du Parlement. Avec à peine deux élus monarchistes, c’est un échec pour le prétendant au trône Leka II d’Albanie qui a soigneusement évité de donner toutes consignes de vote tout au long de cette campagne très agitée.

Leka IILe 25 avril dernier, les albanais ont été appelés à renouveler leur parlement dans un contexte de fortes tensions. Accroissement du chômage, de la pauvreté, du trafic de cannabis et de prostitution vers les autres pays de l’Europe, le gouvernement (pro-turque) du Premier ministre Edi Rama, en poste depuis 2013, affiche un bilan catastrophique sur fond de contestations répétées dans la rue par les albanais. Prétendant au trône depuis le décès de son père en 2011, le prince Leka II Zogu, est devenu une voix dissonante au gouvernement depuis la désastreuse gestion du covid-19. Sur les réseaux sociaux, il a incité ses compatriotes à se déplacer et voter, mais sans donner pour autant des consignes strictes, sans avoir adoubé qui que ce soit. C’est d’ailleurs divisé que les monarchistes se sont une nouvelle fois présentés à ce scrutin mais sous la même bannière, au sein d’une alliance avec le Parti démocrate, le premier parti d'opposition.

Le Parti de la LégalitéRevenu sur le devant de la scène à la chute du régime communiste, c’est en 1997 que le Parti de la Légalité (PLL) entre au parlement (deux élus)  dans la foulée du référendum sur la monarchie, largement truqué par le gouvernement qui manipule les votes en sa faveur et qui a été contraint de le reconnaître publiquement queqlues années plus tard. Des dissensions internes vont rapidement affaiblir ce mouvement historique, indissociable de l’histoire du roi Zog, dernier monarque d’Albanie destitué par les communistes en 1946. Le prince Leka décide même de rompre avec le PLL et fonde en 2005  le Mouvement pour le développement national (LZHK) avec Dashamir Shehi. Face à la puissante machine électorale bipartite qui opposent à chaque scrutin le Parti socialiste et le Parti démocrate, les deux mouvements monarchistes ont du mal à se faire entendre en dépit de la présence du prince Leka II au gouvernement dans la première décennie des annéés 2000. Le PLL échoue à toutes les élections, contraint de signer des accords d’alliance pour exister, le LZHK devra attendre 2017 pour obtenir un député. Une tentative de réconciliation sous l’égide du prétendant au trône échouera et les deux partis peinent toujours à se parler.

Shehi DashamirSi Le LZHK a conservé son poste de député au parlement avec 5426 voix obtenue dans la capitale, Tirana, le PLL qui avait mis en avant 5 candidats dans tout le pays, n’a pu faire élire qu’une seule personne, une avocate dans la ville de Durrës. Avec 14000 voix, les Légalistes n’ont pas su s’imposer au sein de cette alliance hétéroclite, elle-même reléguée dans l’opposition avec 59 sièges sur 140. Une élection largement entachée de fraudes (détournement d’un fichier de plusieurs centaines de milliers de votes par le Parti socialiste, fichage politique de la population) et de violences (un militant assassiné par un adversaire), dénoncée par les deux mouvements monarchistes. Interviewé, le député  monarchiste (LZHK)  Dashamir Shehi a fustigé ce « clientélisme qui perdure » dans un pays qui tape à la porte de l’Europe, « gangréné par des pratiques mafieuses ». Même son de cloche au sein du PLL qui a dénoncé des «  manipulations » alors que le « dégoût » de la classe politique (les socialistes sont qualifiés de « secte communiste »)   reste palpable au sein de la population.

Plutôt prolixe sur les grandes questions politiques (il avait même suggéré que soient supprimés les partis politiques lors d’une interview) et un soutien affiché au gouvernement du Kosovo albanophone, le prétendant au trône s’est abstenu de tous commentaires pour le moment, laissant les deux partis monarchistes face à un avenir incertain. « Je souhaite désormais unir la droite, mais une fois que l'environnement politique au sein de l'opposition albanaise sera calmé. Nous devons prendre en compte les facteurs négatifs qui ont conduit à cet échec, afin de rassurer la communauté internationale et montrer que l'Albanie n’est pas la Biélorussie » a déclaré Dashamir Shehi, proche de Leka II.

Copyright@Frederic de Natal

Date de dernière mise à jour : 03/05/2021

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