Leka II : "Nous gardons un oeil vigilant"

Albania s king zog«Nous vivons certainement à une époque sans précédent ». Prétendant au trône d’Albanie, le prince Leka Zogu incarne tous les espoirs des monarchistes dans cette partie des Balkans. Récemment, il n’a pas hésité à monter au créneau et critiquer ouvertement le gouvernement du premier ministre Edi Rama pour sa gestion sanitaire du covid-19, jugée «désastreuse».  En se portant au chevet de son pays malade, le prince Leka Zogu entend prendre une revanche sur les affres de l’histoire qui l’ont privé de ses droits au trône.

Il est suivi par 120 000 personnes sur sa page officielle Facebook. A 38 ans, le petit-fils du roi Zog Ier est l’héritier d’une monarchie tombée à la veille de la Seconde guerre mondiale. En nouant une alliance avec les italiens du Duce Mussolini, le roi Zog avait scellé sans le savoir le destin de l’Albanie. Tour à tour président de la République puis monarque, Zog a modernisé son pays, malmené durant des siècles par les Ottomans et l’appétit des grandes puissances européennes. L’exil sera long et douloureux pour la famille royale qui survit grâce à la cassette de bijoux de la reine Géraldine Apponyi de Nagyappony. Aujourd’hui Léka entretient la mémoire du roi Zog (croqué par le dessinateur Hergé sous les traits du roi Muskar XII dans l’album « Le sceptre d’Ottokar »), tente de le réhabiliter et entend se poser en alternative face à un gouvernement miné par la corruption.

Il a fait ses armes comme conseiller ministériel et présidentiel entre 2007 et 2016. Leka II Zogu est rompu aux arcanes de la politique. Son mariage avec Elia Zaharia a été féérique et a rassemblé la majeure partie du Gotha, preuve que cette maison royale, la seule qui est musulmane en Europe, est reconnue et courtisée. La monarchie a été officiellement abolie en 1946 à la suite d’un référendum truqué par les marxistes. La question monarchique a cependant refait surface en 1997 avec un nouveau scrutin qui a de nouveau confirmé les institutions républicaines au pouvoir. Les mauvaises habitudes héritées du régime communiste (1946-1991) ayant la vie dure, le vote avait été truqué afin qu’il soit défavorable aux partisans de la royauté (66% contre 33%).  Son père, Leka, ulcéré par ces pratiques, avait tenté un ultime baroud d’honneur en organisant un coup d’état durant 3 jours. En vain. En 2011, lorsque le fils du roi Zog meurt à 72 ans, le président Sali Berisha confessera publiquement que le référendum avait été largement manipulé et la monarchie aurait dû être rétablie.

Il a longtemps vécu en Afrique du Sud. A Tirana, la capitale albanaise, le prince est sur tous les fronts. « Nous vivons certainement à une époque sans précédent ». L'Albanie n'a malheureusement pas pu échapper à la pandémie de covid-19. Nous avons eu un grand nombre de cas malades. Cela a été particulièrement difficile car nous ne nous sommes toujours pas remis du tremblement de terre du 29 novembre qui a causé beaucoup de dégâts, laissant des centaines de familles encore sans abris aujourd’hui » explique le prince lors d’une interview accordée au blog «Royal Musings». La crise du covid-19 a réveillé l’esprit de Skandeberg, le héros national de son pays, qui sommeille en lui. En mars dernier, dans un communiqué, il avait sévèrement critiqué la gestion du gouvernement incapable de faire face à la crise sanitaire. Pénurie de masques, services de santé défaillants, les hôpitaux albanais étaient synonymes de mouroirs.  L’appel semble avoir été entendu.  

Prince leka royal musings blog courtoisie«Si Le gouvernement albanais et les autorités locales ont enfin mis en des réglementations strictes en place, qui ont réussi à limiter la propagation de la pandémie, je suis heureux de constater que mes concitoyens ont fait preuve d’unité et respecté les règles de précautions. La situation est actuellement sous contrôle et certaines activités commerciales rouvrent au coup par coup » se félicite Leka II qui remercie une nouvelle fois les services hospitaliers. «Nous traversons une période de grande incertitude et ma femme et moi sommes préoccupés par les implications sociales que le coronavirus aura pour les personnes souffrant de dépression, d'anxiété et d'autres problèmes sociaux. Nous gardons donc un œil vigilant. C'est aussi le moment de faire preuve de solidarité, car de nombreux pays souffrent des conséquences de cette terrible maladie et de ces grandes pertes. Je suis fier que l'Albanie fasse sa part en envoyant à notre voisin l'Italie des personnels médicaux et des médecins. Et je suis reconnaissant à tous les pays qui ont donné à leur tour du matériel médical à nos hôpitaux » renchérit-il.

Leka travaille d’ores et déjà à la reconstruction de l’Albanie. Il enchaîne les réunions par Skype notamment avec les députés qui représentent son mouvement au Parlement et les organisations de santé, y compris les délégations étrangères qui le consultent. Il commande des rapports sur la situation des communautés albanophones présentes dans les Balkans. Le prince est un partisan de la « Grande Albanie » comme son père et son grand-père avant lui, notamment de la fusion du Kosovo avec son pays. « Nous avons des contacts réguliers avec le gouvernement » affirme-t-il afin de démontrer qu’il est aussi un personnage incontournable de cette crise.

«Nous nous coordonnons avec les bénévoles régionaux de la Fondation « Reine Géraldine » afin d'aider les familles victimes de la pandémie. Nous prévoyons de livrer 2 tonnes de vêtements aux familles dans le besoin dès que les restrictions covid--19 seront levées » précise ce passionné de la série « Outlander », qui fait l’unanimité sur les réseaux sociaux. Un prince qui allie modernité et tradition sous un seul sceau, celui de sa maison, les Zogu, au chevet de l’antique Illyrie.

Copyright@Frederic de Natal?

Date de dernière mise à jour : 01/05/2020

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