Leka II : « La monarchie sert le peuple et ne travaille que pour lui »

Zog ier et leka ii son petit fils« La chose la plus importante que nous devons faire, est de montrer que la monarchie sert d’abord le peuple et ne travaille que pour lui. Je pense qu'elle est perçue comme une institution d’unité et de stabilité ». L’interview a été réalisée par Skype et à plus de de 2600 kilomètres de Tirana, hier. Prétendant au trône d’Albanie depuis la mort de son père en 2011, le prince Leka II a répondu aux questions du magazine « Vanitatis ». Il est revenu sur la pandémie de covid-19 qui secoue l’Europe entière, l’éventualité du retour de la monarchie  dans son pays et la naissance de son premier enfant, la princesse Géraldine.  

Leka et elia zaharia« La situation est très tendue, car la deuxième vague arrive chez nous. Nous avons beaucoup de cas identifiés  et notre système de santé est déjà sous une énorme pression. Je suis très inquiet de l’évolution de la situation actuelle. Je regrette de ne pas prendre un rôle aussi actif que je le souhaiterais car ce virus touche tout le monde quel que soit l’âge ou sa condition sociale ».  Le prince Leka II, héritier de la maison royale des Zogu, ne cache pas son anxiété.  Le covid-19 a durement touché son pays avec 30000 cas recensés et plus de 700 morts. Un chiffre qui ne cesse d’augmenter.  «Le coronavirus est quelque chose de très présent dans nos vies et moi, comme beaucoup d'autres personnes, j'ai perdu des amis. C’est une année très difficile pour tout le monde. L'Albanie est un pays qui a vécu près 50 ans de communisme et c'est une difficulté  de plus que nous devons surmonter » explique le prince interviewé par le magazine « Vanitatis ». Il se veut toutefois optimiste et qui entend continuer la lutte pour la restauration de la monarchie comme réaliser le rêve d’une Grande Albanie, ce fantasme des nationalistes qui souhaitent ramneer toutes les communautés albanophones du Kosovo, de Serbie ou de Macédoine au sein d’une seule forte entité territoriale.

Mais avant d’être un prétendant, qui a été plusieurs fois conseiller ministériel au sein de différents gouvernements, le prince Leka II est un père comblé de 38 ans. La naissance de la princesse Géraldine  a été «  une grande joie pour notre famille ». « En ce moment, nous pouvons passer beaucoup de temps avec elle » poursuit le prince qui se livre sans fard.  « C'est incroyable d'être père. J'ai toujours été de ces personnes qui hésitaient à l'idée de faire des enfants, mais notre fille a complètement changé nos vies. En fait, maintenant je me dis: pourquoi ai-je pris autant de temps pour en faire un ? » se demande le prince qui n’a pas choisi son prénom au hasard. « Je pense que c'est un excellent hommage à la reine Géraldine, ma grand-mère. Il est extrêmement apprécié en Albanie, car c'est un symbole d'unité. Elle est la seule personne de notre famille à n'avoir jamais reçu la moindre attaque de qui que ce soit. Pas même du régime communiste. Elle représente tellement pour notre famille, alors j'espère que notre fille aura les mêmes qualités que son arrière-grand-mère. De plus, il se trouve qu'elle est née le 22 octobre, le jour même du décès de ma grand-mère (il y a 18 ans) » poursuit Leka qui a cependant choisi de préserver le visage de son enfant au reste du monde. 

Mariage du prince leka avec elia zahariaDerrière le père, il y a aussi la mère, la princesse Elia Zaharia. Le prince héritier est un homme amoureux. « Elia fait un excellent travail avec la fondation  Géraldine (créée par la princesse en 2012 pour perpétuer l'héritage de la défunte reine, qui traite des questions d'éducation, de l'environnement-ndlr). Je voudrais souligner cette force et le dévouement qu’elle met a réaliser de grandes choses avec la fondation. Une chose qu'elle a,  que je n'avais pas (il a grandi une large partie de sa vie en exil en Afrique du Sud), c'est qu'elle connaît son pays et ses habitants. C'est pourquoi elle a une relation plus personnelle avec la fondation, ce qui en fait une organisation plus proche et plus accessible pour les gens. C'est une femme très instruite et préparée, avec une force de persuasion importante,  et qui est aussi une actrice passionnée »  poursuit le prince. C’est en 2016 qu’il a épousé Elia Zaharia, le premier mariage royal célébré en Albanie depuis l’abolition de la monarchie en 1946. Autour de lui des membres du Gotha dont la reine d’Espagne, Sofia de Grèce. Questionné sur ses relations avec cette famille royale, le prince Leka confesse qu’il ne connaît pas  « personnellement le roi Felipe et et la reine Letizia mais qu’il garde une relation très chaleureuse avec la reine Sofía ». « Nous sommes restés en contact. C'est une femme incroyable «  précise le prince Leka qui a d’ailleurs passé sa lune de miel dans le pays de Cervantès.

Leka ii son epouse et la princesse geraldineCe n’est pas la seule souveraine avec lequel le prince a des liens étroits  « Je parle souvent avec le prince Alexandre de Serbie, Sa Majesté la reine Margarita de Roumanie et le prince Nicolas du Monténégro. Le plus important est de développer des contacts et de créer un réseau de coopération »  affirme Leka II. « . Beaucoup de ces idées peuvent être mises en œuvre en Albanie. J'ai voyagé à diverses reprises avec le président [Ilir Meta] à plusieurs reprises, également avec le Premier ministre et avec l'opposition. L’une des idées sur lesquelles nous voulons travailler plus intensément est d’essayer de changer la perception internationale de l’Albanie, qui n’a pas la meilleure réputation qui soit. Alors que ce n’est pas la réalité, c’est l’un des pays les plus sûrs d’Europe. C'est un très beau pays avec une grande histoire européenne qui s’ouvre au tourisme et présente de nombreuses similitudes avec l'Espagne »  explique Leka, subitement transformé en « VRP » de son pays.

Suivi sur les réseaux sociaux par 130000 personnes, le prétendant au trône est un politique et un défenseur de l'environnement qui s’assume. Il est le petit-fils du roi Zog Ier qui a dirigé l’Albanie entre 1924 et 1939 avant de devoir s’exiler lorsque les italiens ont annexé son pays. Toute sa vie, Ahmed Zogu va combattre le régime communiste qui a aboli illégalement, par la voie d’un référendum truqué,  la monarchie. Un combat que le prince Leka II porte également comme son père avant lui qui a tenté de regagner plus d’une fois son trône, les armes à la main. Le retour de la maison royale   s’est accompagné d’un second référendum controversé qui a maintenu la république dans ses droits (1997).  « Il est très important que nous travaillions avec  toutes les institutions et que nous ne soyons pas submergés par la polarisation politique qui existe aujourd'hui en Albanie. Le plus grand défi que nous avons est de garder l’institution monarchique dans son principe de neutralité » explique le prince.  « La famille royale albanaise a été reconnue par le Parlement en 2003 lorsqu'une loi a été adoptée nous accordant un statut spécial » précise encore Leka II. Qui ajoute que le Kosovo voisin reconnaît également ses droits au trône. «Je pense que la monarchie albanaise est perçue comme une institution d’unité et de stabilité. La question monarchique a été traitée par différents partis politiques, différents députés et continue de l'être. Je ne veux pas commenter cette question, mais je veux juste dire que nous devons mériter cette confiance que les albanais nous accordent ». « Depuis, nous participons à diverses cérémonies car  nous sommes incorporés au protocole de l’État albanais. Cela nous donne une opportunité unique, le fait qu'il existe une famille royale jeune, vivante et utile, mais en même temps, nous restons conscients que l'Albanie est un pays qui conserve de nombreux problèmes » poursuit Leka.

« Il est très difficile de travailler dans un pays qui a traversé une longue période de transition. La chose la plus importante que nous devons faire, est de montrer que la monarchie sert d’abord le peuple et ne travaille que pour lui. Je n'ai pas besoin d'être en position de pouvoir pour remplir mon rôle ou mes obligations » renchérit le prince qui cite l’actuel monarque espagnol comme modèle. « Le roi Felipe est un symbole d'unité, qui a vécu des moments difficiles et qui a su se faire entendre. Les gens peuvent lui faire confiance. Je l'admire profondément » affirme Leka qui refuse d’évoquer l’affaire Juan  Carlos. « Ce serait totalement incorrect de ma part » répond le prince lorsque le journaliste lui pose une question sur ce sujet. « J'espère qu'à l'avenir, nous pourrons relever tous ensemble les défis qui se présentent. L’éventualité que je remonte sur le trône dépendra des événements à venir. Pour l’instant,  Il y a encore beaucoup de travail à faire et notamment celui de développer le rôle de la famille royale comme de nous faire connaitre » conclu le prince Leka II d’Albanie.

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Date de dernière mise à jour : 20/11/2020

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