Le royaume de Thaïlande retient son souffle. Depuis quelques heures, c’est un sentiment d’inquiétude qui est palpable dans la capitale, Bangkok. Le roi Maha Vajiralongkorn, plus connu sous son nom de règne de Rama X, a été admis en urgence à l‘hôpital. Si le palais royal affirme que son état de santé est stable, il semble au contraire que celui-ci soit préoccupant et que les symptômes de sa maladie soient liés à la forme la plus violente du Covid-19. Un décès du souverain Châkri pourrait avoir de graves conséquences pour la monarchie thaïlandaise, déjà très contestée par une partie de la population qui lui reproche d’avoir restauré un régime absolutiste. Une monarchie qui doit sa survie à la seule protection des militaires et de l’aristocratie conservatrice qui lui restent fidèles et avec en filigrane, une succession au trône très incertaine.
Les informations sont actuellement contradictoires. Quel est donc l’état de santé du roi Maha Vajiralongkorn qui aurait été amené dans un hôpital de Bangkok puis soudainement transféré en urgence au Siriraj Hospital ? Selon diverses sources, Rama X aurait contracté la forme la plus violente du covid-19 qui traverse actuellement le royaume. Une dégradation de son état de santé qui fait craindre le pire à ses sujets, divisés sur la personnalité de leur monarque révéré. Monté sur le trône en octobre 2016, ses frasques ont alimenté la presse à scandale et les thaïlandais lui reprochent d’avoir restauré la monarchie absolue grâce à une constitution taillée sur mesure par l’appareil militaire qui reste le principal soutien de la dynastie Châkri.
Refusant de commenter officiellement cette information qui a fait quelques titres de la presse internationale (et surtout people), le palais royal affirme toutefois que la vie du monarque n’est pas en danger. Ce que contredisent les réseaux sociaux qui évoquent un demi-dieu à l’agonie. Impossible de savoir si ce sont des rumeurs propagées par l’opposition en exil qui cherchent à raviver un « sentiment révolutionnaire » ou une vérité que tente de cacher soigneusement le gouvernement du Premier ministre Prayut Chan-o-cha. Ancien général putschiste au pouvoir depuis 2014. il dirige le pays avec une main de fer (tous les leaders de la contestation étudiante et ceux de l’opposition ont été emprisonnés sous de fallacieux prétextes). Un décès du souverain pourrait avoir de graves conséquences sur l’avenir de la monarchie avec une succession qui reste très incertaine.
C’est le prince Dipangkorn Rasmijoti qui est actuellement l‘héritier au trône. Un adolescent de 16 ans qui est le fruit des amours de Rama X et de Srirasmi Suwad, troisième épouse du souverain. Une princesse consort qui a fait les manchettes de la presse après avoir été prise en vidéo, à moitié nue et en string, lors de l’anniversaire fastueux qu’elle a donné à son petit chien en 2009. Cinq ans plus tard, elle est tombée en disgrâce au profit d’une maîtresse du roi et les membres de sa famille embastillés pour corruption. Le prince est scolarisé à la Bavarian International School , en Allemagne, sans que l’on sache vraiment pourquoi son père ait choisi un lieu aussi éloigné du royaume. Pour différents journalistes qui ont repéré la proximité d’un institut médical réputé, le prince serait atteint d’autisme et de troubles du comportement. Il n’est d’ailleurs pas certain qu’il monte sur le trône en dépit du fait qu’il soit de plus en plus présent lors de cérémonies officielles. Sans jamais prendre la parole.
Récemment père d’une de ses concubines, le roi Rama X a eu d’autres enfants légitimes de sa seconde épouse qui ne sont pas regardés comme étant successibles au trône. Quoique selon la loi de succession au trône de 1924, il est clairement stipulé que « le fils premier-né du roi » est celui qui montera sur le trône. Techniquement, l’héritier devrait donc être le prince Juthavachara Mahidol, 43 ans, qui vit aux Etats-Unis. Il est pourtant peu probable qu’il soit appelé à régner tant l’armée reste fidèle aux principes de légitimité et pourrait mettre en place un conseil de régence qu’elle contrôlerait entièrement, le temps que Dipangkorn Rasmijoti devienne majeur et démontre ses facultés de souverain aux thaïlandais. Une monarchie devenue l‘otage de ses propres protecteurs en kaki qui n’entendent pas céder une once de pouvoir à l‘opposition. Laquelle réclame des réformes drastiques de l’institution royale et reste prête à basculer à tout moment dans les camps des républicains, particulièrement actifs à l’étranger et sur les réseaux sociaux.
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