La princesse Ubolratana Rajakanya, victime de l’I.A. ?

Sœur du roi Rama X, la princesse Ubolratana Rajakanya a vainement défié la junte militaire en postulant au poste de Premier ministre en 2019. Priée de rentrer dans le rang, elle s’était faite jusqu’ici discrète. Selon le site Royal World Thailand, la princesse Ubolratana Rajakanya aurait récidivé dans un clip mis en ligne sur les réseaux sociaux et apporté son soutien à l’opposition vainqueur des dernières élections législatives. Le secrétariat de la princesse a démenti cette information tout comme le Palais royal qui affirme qu'elle a été victime de l'Intelligence Artificielle (I.A.). 

L’information a été révélée par Royal World Thailand, un site spécialisé dans les brèves monarchistes à travers le monde, suivi par près de 500 000 personnes. Dans un enregistrement sonore mis en ligne sur les réseaux sociaux, on entend la voix de la princesse Ubolratana Rajakanya qui évoque l’atmosphère politique qui prévaut actuellement en Thaïlande depuis la victoire de l’opposition aux dernières élections législatives (mai 2023). Dénonçant la loi mise en place sur les crimes de Lèse-Majesté, la princesse apporterait également son soutien à Pita Limjaroenrat, pressenti pour être Premier ministre et dont la candidature a été deux fois rejetée par le Parlement. Des élus accusant ce leader de l’opposition de vouloir proclamer une république. L’enregistrement sonore a eu un très large succès sur les réseaux sociaux, largement partagé par les opposants au régime du Premier ministre, le général Prayut Chan-o-cha. 

Une princesse contestataire qui defie la junte militaire

La princesse Ubolratana Rajakanya est loin d’être une inconnue pour les Thaïlandais. Âgée aujourd’hui de 72 ans, elle est l’aînée des enfants du roi Bhumibol Adulyadej et de la reine Sirikit. C’est aux États-Unis, où elle a étudié, que la sœur du roi Rama X a rencontré son mari, un roturier américain (dont elle a divorcé en 1998 après 26 ans de mariage) avec lequel elle a eu trois enfants (un de ses fils est décédé lors du tsunami de 2004). Revenue dans son pays natal, elle a retrouvé son rang et prérogatives, s’occupant principalement d’associations caritatives. Peu médiatique, elle a fait une irruption sur la scène politique siamoise en annonçant par surprise sa candidature au poste de Premer ministre sous les couleurs du Thai Raksa Chart Part en 2019. Réputée très proche de la dynastie Shinawatra (qui a dirigé le pays entre 2001-2006 et 2011-2014 avant d’être renversée par les militaires), elle ne fait pas mystère de son opposition au général Prayut Chan-o-cha. Sa candidature sera très rapidement bloquée par la justice. Son parti dissous, la princesse sera même contrainte de stopper sa campagne, mise sous pression par le palais royal qui rappellera la sœur du roi à ses devoirs de neutralité. Retournée dans l’anonymat, elle a créé une fondation afin d’aider les adolescent(e)s à sortir de l’enfer des drogues. 

Elle aurait été victime de l'Intelligence articficielle

Il y a pourtant des doutes qui persistent sur l’authenticité de cet enregistrement. Certains internautes ont exprimé leur scepticisme sur la voix que l’on entend et qui ressemble à s’y méprendre à celle de la princesse Ubolratana Rajakanya. Certains se sont amusés à faire des comparaisons avec ses interviews et affirment que cette voix aurait été générée par une Intelligence Artificielle (IA). Contacté, le bureau de la princesse royale a fermement démenti qu’elle était à l’origine de cet enregistrement. « La princesse ne ferait jamais cela de manière publique encore moins parler de questions politiques. Depuis sa candidature au poste de Premier ministre, elle est devenue plus prudente qu'auparavant, bien qu'elle continue à suivre l’actualité politique ou fait quelques commentaires sur son compte Instagram. La princesse, elle-même, parle à peine de politique avec qui que ce soit » affirme son secrétariat. 

Bien qu’elle se soit retirée de la scène politique, la princesse Ubolratana Rajakanya demeure encore la cible des ultra-royalistes qui suspectent la sœur du roi de soutenir discrètement l’opposition et l’accusent d’être une des raisons de la baisse de popularité de la famille royale parmi les Thaïlandais. Lors du dernier scrutin, les tenants de l’absolutisme ont été sévèrement défaits face aux partis de l’opposition réunis au sein de diverses coalitions. Loin de vouloir rendre le pouvoir, les ultra-royalistes manœuvrent en coulisse afin de le conserver en dépit de toutes règles démocratiques. Le Palais royal a annoncé qu'il avait identifié les responsables de cette fake news et que la justice ferait son devoir. 

DR@Frederic de Natal