La monarchie met en garde ses «apprentis Che Guevarra»

Le roi rama x et son epouse«En tant que Thaïlandais, vous ne devez pas croire les informations distillées par une certaine presse ou les colportages fabriqués par des personnes malintentionnées». Hier, le premier ministre Prayut Chan-o-cha a mis en garde tout mouvement qui entendrait remettre en cause l’institution monarchique. Depuis plusieurs mois, la monarchie Chakri est l’objet d’une campagne orchestrée sur les réseaux sociaux par l’opposition exilée à l’étranger et qui tente de fomenter des manifestations visant à remettre en cause le pouvoir quasi- absolu du roi Rama X.

Le premier ministre thailandaisUne révolution aurait-elle été éventée dans le royaume de Thaïlande ? C’est ce que semble affirmer le premier ministre Prayut Chan-o-cha qui a lancé «un avertissement aux personnes impliquées dans un mouvement visant à saper la monarchie» peut-on lire dans le «Bangkok Post». Appelant ces «révolutionnaires» à cesser de provoquer les thaïlandais, l’ancien officier putschiste a rapidement annoncé que le roi Rama X, dans «sa miséricorde entendait pardonner aux séditieux et ne pas appliquer la loi sur les crimes lèse-majesté» si ceux-ci abandonnaient leur projet révolutionnaire. Faute de pouvoir manifester dans la rue, les opposants à la monarchie absolue du roi ont organisé une campagne contre l’institution royale sur les réseaux sociaux. «Notamment sur Twitter» pointe du doigt le gouvernement royal qui n’a pas oublié qu’en mars dernier, le hashtag «Pourquoi avons-nous besoin d'un roi ?» était devenu viral.

Le roi rama x parmi la troupeSelon le gouvernement, les activistes, particulièrement jeunes, auraient planifié des actions pour le 24 juin. Une date qui est symbolique en soi puisqu’elle coïncide au 88ème anniversaire du coup d’état de 1932 qui a mis fin au régime absolu des souverains siamois. A la suite de cette prise de pouvoir par les militaires, une constitution avait été promulguée. Mais depuis l’avènement de Rama X à la tête du pays en octobre 2016, elle a été considérablement rognée et l’armée a renforcé son emprise à la tête du pays, craignant des soulèvements y compris armés (le sud du pays étant déjà en proie à une insurrection séparatiste musulmane). Le dernier voyage du souverain en Allemagne et en pleine crise de Covid-19, accompagné d’une impressionnante suite, a profité à l’opposition en exil qui a tenté de déstabiliser la monarchie avec l’aide d’un journaliste écossais, Andrew MacGregor Marshall. Interdit d’entrée et banni du royaume, l'ancien correspondant de Reuters ne se lasse pas d'attaquer la monarchie sur Facebook en se faisant le relais de fausses informations devenues d'implacables vérités pour les médias étrangers. Dans son allocution, le premier ministre Prayut Chan-o-cha a  demandé aux sujets du roi de cesser de s’informer sur les réseaux sociaux où fourmillent pléthore de «fake news», évoquant «une manipulation de la part d’étrangers qui ont déjà été identifiés», visant également tous médias ou sites qui diffameraient la monarchie. D’ailleurs, le gouvernement a reconnu qu’il avait exigé que les pays qui abritaient les opposants les plus virulents à la royauté soient remis aux à leurs ambassades respectives, afin qu’ils soient extradés pour être jugés. Sans suite pour l’instant.

Thanathorn juangroongruangkit«Je sympathise avec eux car ce sont des compatriotes thaïlandais. Je ne suis pas un homme cruel. Pourquoi irais-je les tuer ?» a ironisé cyniquement le premier ministre. Depuis des années, les opposants sont pourchassés par les ultra-royalistes qui n’hésitent pas à se débarrasser de ceux-ci. Récemment, deux opposants ont été retrouvés ,mystérieusement noyés, près de la frontière avec le Laos. Et ceux qui sont encore en vie dénoncent autant une monarchie militaire répressive que les frasques du souverain. «Tous les Thaïlandais qui aiment leur pays, leur religion et la monarchie doivent aider le gouvernement et protéger leurs enfants» a rappelé le premier ministre, soutien inconditionnel du roi. «Contrairement à d'autres pays, les changements majeurs que nous avons opérés dans le passé ne se sont pas produits par la violence. Plusieurs pays qui sont aujourd'hui des démocraties ont subi des changements par le biais de violentes révolutions avec son lot de morts et de divisions. Pourquoi devrions-nous les prendre comme exemples ? a déclaré l’officier militaire agacé par les activités de «ces Che Guevarra en herbe». Depuis 2006, le pays est agité par de multiples crises politiques et d’un conflit entre les partisans de la monarchie (chemises jaunes), appuyés par l’aristocratie et l’armée, et les partisans d’un retour à la démocratie (chemises rouges) qui adulent la famille des premiers ministres Shinawatra, Thaksin et Yingluck, tous deux renversés par un putsch. Tout parti qui se réclame de cette mouvance est irrémédiablement dissous. Lors de la dernière élection, largement populaire chez les étudiants, Thanathorn Juangroongruangkit (41 ans), leader du parti du Nouvel avenir en a fait les frais. Accusé de corruption, il a été récemment démis de son mandat de son député.

Ultra royalistes thailandais«S'ils se comportent de cette façon, ils auront du mal à trouver un emploi à l'avenir. Aucune entreprise ne veut embaucher des personnes ayant de telles attitudes. Comment vont-ils gagner leur vie ?» a posé comme question aux étudiants, le premier ministre Prayut Chan-o-cha  en guise d’ultime avertissement. Le général Prawit Wongsuwon a également indiqué, qu’une enquête était en cours afin de déterminer qui étaient les individus coupables d’atteinte à la sureté nationale. «Une fois que nous aurons la liste des noms, nous les poursuivrons», a ajouté le premier adjoint du premier ministre tout en confirmant que la loi sur les crimes de lèse-majesté ne serait pas appliquée ». Magnanimité du souverain demi-dieu oblige.

Copyright@Frederic de Natal

 

Date de dernière mise à jour : 16/06/2020

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