Gigantesque show royaliste en Thaïlande

C’est une vague de chemises jaunes qui secoue le royaume de Thaïlande.  Depuis plusieurs mois, la monarchie siamoise est  contestée par différentes organisations estudiantines qui réclament que l’institution monarchique se réforme drastiquement. En réponse, les partisans du monarque ont organisé plusieurs manifestations dans plusieurs grandes villes du pays et  ont drainé derrière eux des dizaines de milliers d’ultra-monarchistes dans les rues. Hier, le roi Rama X est venu à la rencontre de ses soutiens reçus au Grand Palais. La date de ce show impressionnant n’a pas été choisie au hasard, elle correspond à la date anniversaire de décès du roi modernisateur Chulalongkorn.

Des milliers de chemises jaunes devant le Grand Palais, drapeau thaïlandais à la main, accroupis devant le passage du roi Rama X et de la reine Suthida.  L’image de ce show, organisé de main de maître, est impressionnante. Les partisans du roi se sont rassemblés pour crier leur amour et leur  fidélité au monarque siamois dont l’autorité est contestée par les étudiants depuis des mois. Des associations étudiantes qui réclament le retour à la constitution de 1932,  un contrôle sur les richesses du souverain, l’abrogation de la loi de crime de lèse -majesté et la démission du gouvernement du Premier Prayut Chan-o-Cha, ancien général putschiste. Derrière les manifestations pro-démocratie, l’ombre de la famille Shinawatra qui pilote un certain nombre de ces associations et l’opposition exilée qui réclame désormais la mise en place d’une république. Le cortège royal conspué alors qu’il traversait Bangkok, le geste  de trop pour les ultra-royalistes qui ont organisé une féroce  contre-attaque.

Depuis mercredi, la Thaïlande vit désormais à l’heure des soutiens de la monarchie qui ont organisé des manifestations dans  toutes les principales villes du pays. 10 000 personnes dans la capitale ou dans les provinces de Chiang Mai, Chon Buri, Lampang, Nan, Narathiwat and Songkhla, drainant toujours le même nombre de personnes. Revenu à la hâte dans son pays, qu’il dirige la plupart du temps depuis la Bavière (Allemagne), accompagné d’une imposante suite qui a prêté à toutes les rumeurs possibles  dans la presse internationale, le roi Maha Vajiralongkorn a décidé de mettre fin à cette contestation en rappelant qu’il était le seul souverain, demi-dieu du pays. Etat d’urgence et arrestations arbitraires d’opposants ont été les premières mesures signées par décret avant que le souverain, qui a le soutien de l’armée et de l‘aristocratie, ne se prête au jeu de la réconciliation nationale en rendant hommage à un de ses prédécesseurs Chulalongkorn, connu pour avoir été un monarque réformateur.

En Thaïlande, on honore ses rois. Rama V n’en fait pas exception. Souverain du Siam de 1868 à 1910, c’est un disciple d’Anna Leonowens, dont la vie a été mise à l’écran avec le film « Anna et le roi »  ( les remakes ne sont pas autorisés de diffusion dans le royaume),  Chulalongkorn met fin à l’esclavage, introduit un nouveau système monétaire et abroge les lois qui interdit à quiconque de toucher la reine sous peine de mort, gagnant une popularité démesurée alors qu’il était sous constante pression des divers forces colonisatrices ( françaises et britanniques). En participant à une cérémonie bouddhiste haute en couleur, le roi Rama X a adressé un message aux contestataires. Le souverain a même, durant un bref instant, quitté le protocole très rigide qui l’entoure pour s’arrêter et discuter avec ses partisans, certains en pleurs comme le montre certaines vidéos (disponibles sur ma page facebook)  qui circulent sur les réseaux sociaux. Un geste inhabituel du roi connu pour sa froideur. Les « Vive le roi, longue vie à sa Majesté »  ont retenti tout au long du passage du couple royal, à pied. Une opération de charme réussie pour le gouvernement ultra-royaliste qui reprend peu à peu la main face aux contestataires. Ces derniers qui cependant n’entendent rien lâcher de leurs revendications. A peine libéré sous caution, un des leaders de la contestation,  Japutat « Pai » Boonpattararaska a déclaré qu’il entendait « poursuivre la lutte afin de chasser le premier ministre ».  

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