Le roi Gyanendra contre le « grand remplacement » au Népal

Très discret, ces derniers temps, le roi Gyanendra Shah s’est rappelé au bon souvenir des népalais en s'adressant à eux à la veille du festival de Dashain. Une nouvelle fois, il a pointé du doigt la situation désastreuse dans laquelle se trouve le Népal et accusé les partis politiques de ne « pas répondre aux attentes des citoyens ». Un discours aux accents très nationalistes où il évoque le « grand remplacement » qui serait en cours dans son pays.

C’est son secrétaire, Phani Raj Pathak, qui a posté, sur les réseaux sociaux, la vidéo où apparaît le roi Gyanendra Shah. Destitué en 2008 par une révolution qui a amené les marxistes au pouvoir, l’ancien monarque absolu de 75 ans reste une épine permanente pour la coalition de gauche au pouvoir. Dressé devant les portraits du roi Birendra Shah (son frère) et de son épouse, assassinés dans des circonstances mystérieuses par leur propre fils il y a deux décennies, il a pris prétexte du festival de Dashain, une des plus importantes fêtes hindoues, pour s’adresser directement aux Népalais, Ce 30 septembre 2002.

Le roi évoque le « grand remplacement »

« Le Népal doit redevenir aussi grand qu’il a été » a déclaré Gyanendra Shah après avoir adressé ses bénédictions aux Népalais. Plaidant pour la mise en place « d’un gouvernement fort », il a également critiqué la loi sur la citoyenneté qui doit être débattue prochainement au Parlement et qui assouplit les règles d’immigration dans le pays. « D’une part, nos jeunes partiront à l'étranger, d'autre part, des étrangers arriveront pour les remplacer. C’est une attaque fatale contre la religion, la culture et la civilisation du Népal » a affirmé le souverain qui craint une mainmise de son pays par les Indiens et les Chinois voisins. Lesquels se livrent une véritable guerre d’influence depuis la chute de la monarchie. « Notre nationalité et notre histoire sont dans une situation critique. Le processus de remplacement de nos croyances religieuses et culturelles originelles s'est drastiquement accéléré. Au fur et à mesure que la politique étrangère devient déséquilibrée, notre intérêt national et notre sécurité sont menacés. La corruption généralisée a perdu la société qui doit retrouver ses fondements » a renchéri le monarque.

Un discours aux accents nationalistes

Un discours aux accents nationalistes qui n’est pas le premier du souverain et loin d’être anodin à la veille des élections législatives prévues le 20 novembre prochain. Par le passé, il a déjà évoqué « les attaques incessantes venues de l’étranger contre la société népalaise ». Le roi Gyanendra Shah a également appelé à « l’esprit patriotique des Népalais », leur demandant de « s’unir afin de défendre la nation, la démocratie, les valeurs fondamentales et de se consacrer à la protection de la famille ». Soutenu par le Rastriya Prajatantra Party (RPP), mouvement ultra-monarchiste qui a connu plusieurs scissions au cours de son histoire, ce dernier pourrait bien revenir au gouvernement pour la troisième fois depuis la fin de l’institution royale. Dirigé depuis 2021 par le député Rajendra Prasad Lingden, le RPP a récemment conclu des alliances de terrain avec le Premier ministre sortant Khadga Prasad Sharma Oli, d’obédience léniniste-marxiste. Bien que le pays fait l'objet régulièrement de manifestations appelant au retour de la dynastie tricentenaire des Bir Bikram, rien n’indique cependant que la monarchie sera restaurée en cas de victoire de cette coalition hétéroclite. 

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Date de dernière mise à jour : 11/10/2022

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