La coalition marxiste suspend les privilèges du roi Gyanendra shah

Le roi Gyanendra du NepalAlors que les manifestations en faveur du retour de la monarchie se sont multipliées ces dernières semaines au Népal, ce qui reste de la coalition marxiste a décidé de prendre une mesure drastique contre le roi Gyanendra Shah qui bénéficie d’une totale liberté de circulation depuis la chute de la monarchie en 2008. Ram Bahadur Thapa, ministre de l’Intérieur, a annoncé qu’il avait décidé de réduire son personnel de protection. En réaction à cette nouvelle disposition inattendue, le secrétaire personnel de l'ancien monarque, Sagar Prasad Timilsina, a écrit une lettre à cet ancien guérillero communiste afin de l'exhorter à reconsidérer cette mesure qui met à mal la sécurité du roi.  

Privilège d’ancien chef d’état oblige, le roi Gyanendra Bir Bikram Shah et toute la maison royale bénéficient d’un impressionnant dispositif de protection chargé d’assurer leur sécurité où qu’ils aillent, que ce soit à l’intérieur du pays comme à l’extérieur. 25 agents de sécurité ont été déployés pour l'ancien roi et la reine, 15 pour l'ancienne princesse héritière Himani Shah et ses enfants, 9 pour la reine mère, 10 chauffeurs et 40 agents de sécurité qui stationnent en permanence près de la résidence royale de Nagarjuna et au frais du gouvernement. Des avantages qui irritent plus d’un député ou d’un ministre issu du gouvernement de la coalition marxiste qui a déjà tenté par le passé de supprimer ceux octroyés au souverain. En mai 2020, alors que ce dernier effectuait un tour dans l’Est du pays, accueilli dans la ferveur et la liesse, le ministre de l’Intérieur, Rama Bahadur Thapa, avait tenté d’interdire à Gyanendra Shah l’utilisation de véhicules qui lui étaient attribués pour ses déplacements. Face au tollé provoqué par cette décision et à la surmédiatisation de l’affaire, le ministre communiste avait dû reculer et autoriser le monarque à continuer de voyager.

Le roi accueilli dans la liesse en mai 2020Les nombreuses critiques de Gyanendra Shah contre le gouvernement et les nombreuses manifestations de soutien dont il a été l’objet ces dernières semaines ont contraint le gouvernement à revoir certains dispositifs de sécurité qui entourent plusieurs ministres et autres hauts-fonctionnaires. Exit tout son personnel, le roi et sa famille devront désormais se contenter de 16 personnes pour assurer leur sécurité. Pour les royalistes, la preuve que Gyanendra Shah est une menace pour le gouvernement, pour la coalition, un moyen comme un autre de faire des économies alors que le pays s’enfonce dans la crise accentuée par la pandémie de Covid-19. Sagar Prasad Timilsina,  le secrétaire personnel du roi, a écrit une lettre au ministère de l'Intérieur pour l'exhorter à reconsidérer cette nouvelle disposition qui met à mal la sécurité royale selon lui. Depuis le 12 février, Gyanendra Shah a pu constater que la résidence de Nagarjuna s’était vidée de ses gardes. Parallèlement, l’actuel Premier ministre KP Sharma Oli a subi la même mesure de réduction de personnel. Il est vrai que l’actuel chef du gouvernement est accusé par une partie de la coalition marxiste de vouloir tenter de restaurer la dynastie sur son trône. Des soupçons que Sharma Oli a du fermement démentir, il y a une semaine. «Le KP Oli, qui a passé des années en prison pour renverser la monarchie, ne peut pas penser à la rétablir aujourd'hui » a déclaré le Premier ministre afin de faire taire les rumeurs et calmer les critiques au sein de son parti divisé.

Discret, le roi n’a fait aucun commentaire sur cette situation assez incongrue. Il demeure dans sa résidence de Nagarjuna en attendant que le gouvernement statue de nouveau sur son sort. Il a cependant peu de chances d’obtenir gain de cause. Certains députés de la coalition souhaitant même le traîner devant le tribunal afin de le juger pour son éventuelle complicité dans le parricide qui a couté en 2001 la vie au roi Birendra Shah, son frère.  Début janvier, Gyanendra Shah a pointé du doigt l’ingérence de pays étrangers dans les affaires internes de son pays et qui sabotent « l’histoire, la civilisation, la religion, la culture et l’unité nationale du pays ». « Il est grand temps que nous évaluions à quel point la politique pratiquée au Népal est honnête et favorable au peuple » avait  ajouté en guise d'avertissement le monarque.

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Date de dernière mise à jour : 16/02/2021

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