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Démonstration de force des royalistes à Katmandou, au Népal

Hier, des dizaines de milliers de manifestants ont convergé pour exiger le rétablissement de la monarchie, à Katmandou, la capitale du Népal. Les forces de l'ordre ont eu recours au gaz lacrymogène pour disperser la foule, marquant ainsi une tentative apparente de ramener le roi par la force. À l'origine de cette mobilisation se trouve un homme d'affaires controversé, devenu une nouvelle source de tension pour le gouvernement marxiste en place.

Un homme d'affaires controversé, Durga Prasai, 52 ans, a brusquement émergé sur la scène politique népalaise. Avec sa fortune, acquise dans le secteur de la vente de matériel médical, il est rapidement devenu un nouvel élément perturbateur pour le gouvernement marxiste dirigé par le Premier ministre Pushpa Kamal Dahal. Ironiquement, les deux hommes partagent poutant un passé commun, car Durga Prasai lui avait autrefois offert refuge alors qu'il dirigeait une rébellion communiste visant à renverser la monarchie du roi Gyanendra Shah, tombée en 2008. Depuis, les relations entre les deux se sont considérablement détériorées, donnant lieu à des échanges véhéments par l'intermédiaire des médias.

 

 

Des dizaines de milliers de personnes en faveur de la monarchie à Katmandou

Dans une entrevue accordée au quotidien Khabarhub le 19 novembre dernier, Durga Prasai a vivement critiqué l'échec du système institutionnel actuel en posant ces questions : "Cela fait des années que la république a été créée. Les gens ont-ils réellement ressenti son impact ? Pourquoi continuons-nous avec un tel système qui ne marche pas ?" Propriétaire du B & C Medical College and Hospital, celui qui affirme parler avec les "grands de ce monde" a quitté le Parti Communiste du Népal (branche marxiste-léniniste unifiée) dont il était membre afin, de se lancer en politique et de soutenir l'idée d'un retour de la monarchie.  À la suite de son appel  largement relayé sur les réseaux sociaux, les partisans du mouvement citoyen pour protéger la nation, le nationalisme, la religion et la culture (Rastra, Rastriyata, Dharma-Sanskriti and Nagarik Bachau Andolan), le parti initié par Durga Prasai, se sont rassemblés aux abords de Katmandou le 23 novembre, tentant de se diriger vers le centre-ville, comme l'a rapporté le quotidien Nepal Times. Des dizaines de milliers de Népalais, arborant l'ancien drapeau de la monarchie et des portraits du roi Gyanendra Shah, ont investi la capitale de la république fédérale du Népal, suscitant des craintes quant à une prise imminente de la Présidence et du Parlement. Face à cette situation, le Premier ministre Pushpa Kamal a déclaré : "Je ne tolérerai aucune anarchie" et a interdit toute manifestation en faveur du monarque déchu. 

 

 

De violents affrontements entre royalistes et policiers dans la capitale

" La première grande manifestation à Katmandou exigeant le rétablissement de la monarchie et de l'État hindou", rapporte le Katmandu Post. Dans une unité frappante, la foule a scandé des slogans tels que " Nous aimons notre roi et notre pays plus que nos vies. Ramenez la monarchie et abolissez la république". Les manifestants ont vivement critiqué le gouvernement, l'accusant de corruption et de mauvaise gouvernance. Face à cette tentative de putsch monarchiste, à laquelle se sont joints d'autres petits partis politiques, la police a été rapidement déployée. Les affrontements ont été marqués par une violence notable. Utilisant des canons à eau et tirant des gaz lacrymogènes, la police a également usé de bâtons de bambou pour disperser les manifestants, qui ont répliqué en lançant des pierres. Des blessés ont été signalés des deux côtés, et des affrontements ont même éclaté entre monarchistes et jeunes communistes. Parmi les revendications majeures figurait également la fin du système laïc instauré par les marxistes.

 

 

Un homme d'affaires qui divise la classe politique, nouvelle épine dans le pied des marxistes

L'homme divise au sein de la classe politique locale. Selon le Congrès Népalais, les dirigeants de ce parti, ancien soutien de la monarchie, accusent Durga Prasai d'être manipulé par des forces externes. En l'occurrence l'Inde, qui ne cache pas son soutien aux royalistes, contre la Chine qui appuie Pushpa Kamal Dahal. Ces forces conspireraient pour rétablir la monarchie après l'échec du Rastriya Prajatantra Party (RPP) dans cette entreprise. Sous la direction du député Rajendra Prasad Lingden, le RPP, souvent en proie à des divisions internes, a retrouvé du succès, revenant au Parlement en tant que cinquième force politique du pays. Bien qu'il ait brièvement fait partie du gouvernement entre janvier et février 2023, le parti royaliste a claqué la porte, refusant de collaborer avec ceux ayant contribué à la chute de la monarchie. Rajendra Prasad Lingden, soutenu par le roi Gyanendra Shah, qui conserve une forte influence, a ouvertement exprimé son animosité envers Durga Prasai, bien qu'il ait reconnu l’utilité de son action. Le RPP déclare que le soutien du parti aux campagnes publiques de Durga Prasai découlera naturellement de son alignement sur les directives et le programme adoptés par le congrès uni du RPP. Face à l’engouement suscité par Durga Prasai, Rajendra Prasad Lingden a rencontré Gyanendra Shah (que certains rêvent de mettre à la tête de la présidence) afin de convenir d’une position officielle qui se fait encore attendre. Le chef du RPP soupçonne le businessman d'utiliser ces manifestations pour détourner l'attention d'éventuelles fraudes bancaires auxquelles il pourrait être mêlé.

La réaction de la classe politique, en particulier du Congrès Népalais et du Rastriya Prajatantra Party, reflète les clivages persistants entre les partisans de la république et ceux prônant le retour de la monarchie. Dans ce contexte, l'avenir politique du Népal semble incertain, marqué par des rivalités internes, des alliances changeantes et une quête continue de stabilité. Cette manifestation massive à Katmandou en faveur du rétablissement de la monarchie, dirigée par le controversé homme d'affaires Durga Prasai, a exacerbé les tensions politiques au Népal mais reste un succès inédit. " Nous aspirons à l'abolition du système républicain et au rétablissement de la monarchie " a expliqué Durga Prasai  qui a annoncé son intention de poursuivre son combat en appelant à une grève générale à Katmandou. Le gouvernement népalais a ordonné son arrestation au lendemain des manifestations, l'accusant de tenter de vouloir renverser la démocratie, espérant que cet embastillement mettra un terme aux rêves de retour du roi Gyanendra Shah par ses partisans.

Copyright@Frederic de Natal

Date de dernière mise à jour : 24/11/2023

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