L'avenir de la succession impériale au Japon est au cœur d'un débat intense entre les partis politiques qui se sont réunis récemment afin de décider si les femmes peuvent désormais monter sur le trône du Chrysanthème. Retour sur les discussions et les points de vue des différents acteurs impliqués lors de cette réunion qui a échoué à trouver un consensus.
Le 23 mai 2024, divers représentants politiques se sont réunis autour d’une table afin de discuter de la délicate réforme de la loi de succession au trône du Japon, régie par le principe de primogéniture masculine. Un sujet devenu un véritable débat national. Pour une majorité de Japonais, la question ne se pose pas. Loin des conservateurs qui s'y opposent farouchement, 90 % d’entre eux souhaitent que désormais les princesses impériales puissent accéder au trône dès lors qu’elles sont les aînées.
Les conservateurs craignent la fin de la pureté de la lignée impériale
C’est la seconde fois que les représentants des différents partis se réunissaient à Tokyo, capitale de l’Empire du Soleil levant. Au menu de ces pourparlers, deux questions posées : les membres féminins de la famille impériale peuvent-ils conserver leur statut impérial après un mariage avec un commun et les actuels descendants mâles issus des anciennes branches de la famille impériale, exclues de la succession au trône depuis la promulgation de la Constitution de 1947, peuvent-ils recouvrer leurs droits ? Selon le Japan News qui rapporte l’information, les discussions ont été houleuses entre les participants. L'ancien Premier ministre Yoshihiko Noda (2011-2012) a plaidé pour une ouverture aux anciennes branches, y compris aux enfants issus d’un mariage inégal afin « de maintenir l’unité de la famille ». De son côté, le Parti communiste japonais, qui soutient la fin de la primogéniture masculine, a proposé que le trône puisse être hérité également via une lignée féminine de la famille impériale. Des suggestions rejetées par les conservateurs du parti au pouvoir, le Parti Libéral-démocrate (PLD), et de la Nippon Ishin (Parti de l'innovation japonaise) qui ont avancé que cela permettrait aux femmes d’accéder au trône et de remettre en cause la pureté de la ligne impériale.
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La montée des femmes sur le trône du Chrysanthème n'arrive pas à faire consensus
Aucun consensus n’a finalement émergé de cette réunion où les participants peinent à s’accorder sur une éventuelle réforme de la loi de succession. Le PLD, dont une large partie des élus sont proches de la Nippon Kaïgi, un puissant groupe d’influence nostalgique de la grand ère impériale, refuse catégoriquement de permettre aux femmes de monter sur le trône. « C'est regrettable, mais nous devrons laisser la question de la succession impériale pour de futures discussions », a déclaré Yoshihiko Noda aux journalistes, après avoir accepté un nouveau report des discussions sur le sujet. Il y a pourtant urgence. Avec la fin de la session actuelle de la Diète prévue le 23 juin, les différents représentants doivent trouver rapidement un accord qui permettra son introduction au Parlement et un vote définitif qui pourrait changer le visage de l’Empire... à long terme. En effet, même si une telle loi était votée, elle ne permettrait pas à la princesse Aiko (22 ans), fille de l'Empereur Naruhito et de l'impératrice Michiko de monter sur le trône. La réforme ne concernerait que les descendants éventuels de son cousin, le prince héritier Hisahito d'Akishino, son cousin né en 2006.
Le débat sur l'avenir de la succession impériale au Japon est loin d'être résolu, avec des divergences significatives entre les partis sur le statut des membres féminins de la famille impériale et leurs descendants. La question reste ouverte, et les discussions devront se poursuivre malgré tout pour trouver un consensus qui respecte à la fois les traditions et les réalités contemporaines. Les prochaines semaines seront cruciales pour voir si un terrain d'entente peut être trouvé avant la fin de la session parlementaire.
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