Akiko de Mikasa : une femme à la tête d’une lignée impériale

Pour la première fois depuis plus d’un siècle et demi, une princesse issue des rangs de la famille impériale japonaise prend la tête d’une branche dynastique. La princesse Akiko de Mikasa succède à sa grand-mère, la princesse Yuriko, et devient chef de la maison Mikasa, marquant un tournant historique pour la monarchie nippone.

C’est un événement rarissime dans l’histoire pluriséculaire du Japon impérial. À 43 ans, la princesse Akiko de Mikasa vient d’être désignée chef de la famille Mikasa, l’une des branches cadettes de la maison impériale, lors d’une réunion solennelle du Conseil économique de la Maison impériale, présidée par le (désormais ex-) Premier ministre Ishiba Shigeru.

Elle succède à sa grand-mère, la princesse Yuriko de Mikasa, décédée en novembre dernier à l’âge vénérable de 100 ans, et devient ainsi la première femme, célibataire, à accéder à une telle position depuis l’époque d’Edo, il y a 163 ans.

Une décision à forte portée symbolique

La nomination de la princesse Akiko, entérinée à l’unanimité par les huit membres du conseil, marque une évolution silencieuse mais significative dans la tradition impériale japonaise, traditionnellement dominée par un patriarcat masculin traditionnel. L’Agence de la Maison impériale (Kunaïcho) a précisé que cette décision était le fruit de « discussions approfondies au sein de la famille impériale », signe d’un consensus familial autour d’une nouvelle ère d’ouverture. Un écho au souhait des Japonais de voir monter également une femme sur le trône du chrysanthème. Selon un sondage, ils sont 701% à approuver une réforme de la loi de succession en ce sens. 

Cette désignation a conduit à la création d’une nouvelle branche impériale, portant le nombre de familles impériales cadettes à cinq : Akishino, Mikasa, Hitachi, Takamado et Nobuko. Une première depuis la création de la branche Akishino en 1990.

Une héritière au parcours exemplaire, une vie entre devoir et modernité

Née le 20 décembre 1981, la princesse Akiko de Mikasa est issue d’une prestigieuse lignée : fille aînée du prince Tomohito et de la princesse Nobuko, elle est cousine germaine de l’empereur Naruhito et nièce de l’ancien Premier ministre Taro Aso. Par sa mère, elle descend du 45e Premier ministre du Japon, Shigeru Yoshida (1946 à 1947 et  1948 à 1954), et, par son père, de l’empereur Taisho, ce qui fait d’elle un symbole vivant du lien entre le pouvoir politique moderne et la dynastie impériale.

Diplômée d’histoire de l’université Gakushūin à Tokyo, la princesse a poursuivi ses études à l’étranger : en 2001-2002, elle a effectué une année au Merton College d’Oxford, avant d’y revenir en 2004 pour entreprendre un doctorat à l’Institut oriental. Son parcours universitaire, couronné par des recherches remarquées sur les échanges culturels nippo-britanniques, fait d’elle une figure intellectuelle respectée dans un univers impérial souvent discret. Discrète mais engagée, la princesse Akiko a su se faire une place dans la société japonaise par son action culturelle et patrimoniale, multipliant les conférences et les engagements en faveur des arts. 

La princesse réside toujours à la Résidence Mikasa Est, au cœur du domaine impérial d’Akasaka, où elle partage son quotidien avec sa sœur cadette, la princesse Yoko (41 ans ans). Leur mère, la princesse Nobuko (également sœur cadette de Taro Aso qui fut le 59e Premier ministre du Japon de 2008 à 2009), continuera pour sa part de résider temporairement à la Résidence impériale de Takanawa, en attendant la fin des travaux de rénovation de son domicile officiel.

Avec cette nomination, la maison impériale japonaise entre dans une phase de transition symbolique : pour la première fois depuis la promulgation de la Loi de la Maison impériale de l’ère Meiji, une arrière-petite-fille d’empereur accède à la direction d’une branche de la famille impériale. Un geste qui, sans bouleverser l’ordre successoral strictement masculin, montre que le rôle des femmes dans la famille impériale évolue lentement mais sûrement.

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