Norodom Chakravuth souhaite renvoyer les royalistes au Parlement
Norodom Chakravuth souhaite renvoyer les royalistes au Parlement
À l’approche des élections législatives prévues dans deux semaines, le Front uni national pour un Cambodge indépendant, neutre, pacifique et coopératif (Funcinpec) tente de s’imposer à nouveau dans le jeu électoral de cette monarchie d’Asie du Sud-Est. Le prince Norodom Chakravuth bat campagne pour convaincre les Cambodgiens de renvoyer les royalistes au Parlement afin de contrer le Premier ministre Hun Sen qui dirige le pays depuis trois décennies.
Depuis la mort du prince Norodom Ranariddh survenue en novembre 2021, c’est son fils, le prince Norodom Chakravuth, 53 ans, qui dirige le Front uni national pour un Cambodge indépendant, neutre, pacifique et coopératif (Funcinpec). Créé en mars 1981, il est devenu un acteur incontournable du retour de la démocratie dans cette partie de l’Asie du Sud-Est. Après avoir abandonné la lutte armée, le Funcinpec est entré dans le jeu politique et s’est imposé sur la scène locale lors des élections législatives de 1993. Une fois la monarchie restaurée (élective et héréditaire), avec le roi Norodom Sihanouk à sa tête, les plaies de la parenthèse du régime des Khmers rouges refermées, le pays s’est retrouvé avec deux co-Premier ministres : Norodom Ranariddh et Hun Sen, leader du Parti du peuple Cambodgien (PPC). Fin politicien, ce dernier a fini par s’arroger tous les pouvoirs après avoir destitué son rival lors d’un coup d’Etat orchestré quatre ans plus tard. Au fur et à mesure que le pouvoir du Premier ministre Hun Sen s’est renforcé, l’influence du Funcinpec a diminué, victime de nombreuses scissions et provoqué la perte de toute représentation au Parlement (plus aucun siège depuis 2018).
Le prince Chakravuth entend capitaliser sur l'abscence d'opposition pour revenir au Parlement
Le 23 juillet 2023, les Cambodgiens sont appelés à renouveler l’Assemblée nationale. Le prince Norodom Chakravuth s'est engagé à raviver la popularité de son parti parmi ses concitoyens. Il ne ménage pas sa peine et multiplie les meetings de campagne. Il a organisé une vaste marche des militants de son parti à travers Phnom Penh, la capitale du royaume. Le porte-parole du Funcinpec a confirmé la volonté du prince à faire entrer le parti à nouveau au Parlement. « Le prince Chakravuth rendra visite à ses partisans et les membres du parti répartis dans la plupart des provinces du pays, en particulier Battambang, Banteay Meanchey, Kampong Thom et Kampong Cham pour recueillir des soutiens » a déclaré Nhoeun Raden. « J'ai remarqué une forte adhésion de la population à cette élection, qui sera complètement différente des deux élections précédentes » assure-t-il au Khmer Time venu l’interroger. Le parti royaliste a publié un manifeste en neuf points indiquant qu’il s’engageait à protéger la monarchie constitutionnelle et l'accord de paix de Paris de 1991. Il promet de respecter la liberté d'expression, les croyances religieuses, les droits des femmes et la justice sociale. il s‘est même engagé à augmenter les salaires des travailleurs jusqu'à 300 dollars par mois et à réduire le prix de l'essence, de l'électricité et des engrais, tout en promettant de réformer le secteur de l'éducation et de lutter contre la drogue. S'il remporte les élections, le parti a également promis de fournir des examens médicaux et des traitements de santé gratuits, à protéger les propriétés privées et les ressources naturelles du pays, menacées par les investisseurs étrangers.
Il est probable que le prince Norodom Chakravuth réussisse son pari. Principal parti d’opposition au Parlement et au Sénat, le Parti de la bougie a été subitement disqualifié en mai de cette année après que la commission électorale a recalé le mouvement pour « manque de documents permettant sa participation ». Les votes de ce parti pourraient se reporter par défaut sur celui du Funcinpec. Accusé d’être corrompu et d’avoir établi un régime dictatorial, Hun Sen (dont on dit qu’il prépare sa succession en favorisant son fils Hun Manet, officier militaire), 70 ans, bénéficie d’un bon bilan économique (même si moindre qu’avant la crise de covid-19). Selon toute vraisemblance, il devrait toutefois être reconduit à la tête du gouvernement.