Amaya von Habsbourg-Lorraine, une princesse inca

La princesse amaya avec les indiennes shibipas et sa grand mere carolyne heath Photos CosasQui n’a pas été bercé au rythme des aventures animées d’Esteban, Zia et Tao, trois jeunes adolescents, partis à la conquête des mystérieuses cités d’or au sein de l’empire inca ? Lorsque le conquistador Francisco Pizarro s’empare des richesses du Tahuantinsuyo en 1533, c’est tout un continent qui passe progressivement entre les mains d’un Habsbourg, l’empereur Charles Quint. Un des monarques le plus puissant de son époque. La jeune archiduchesse Amaya von Habsbourg-Lorraine est aujourd’hui l’héritière d’un métissage réussi, de ces deux cultures  que tout a opposé dans l’histoire et l’illustration vivante d’un royaume où le soleil ne se couchait jamais.  A 9 ans, elle est devenue pour les indiens shipibos, leur petite princesse inca et leur espoir.

Philippe de habsbourg la princesse mayasuni et leur fille amaya Photos CosasElle a de longs cheveux noirs, un sourire qui se dessine sur le visage au claquement de chaque photo que le reporter prend de cette jeune archiduchesse de neuf ans. Il est venu enquêter sur cette princesse qui a du sang inca et autrichien dans ses veines, symbole de l’âge d’or de sa famille, les Habsbourg-Lorraine. La princesse Amaya est la fille de l’archiduc Philippe de Habsbourg-Lorraine, 58 ans, un descendant de l’empereur François II, et de Mayasuni Heath, la fille d’un cacique shibipo, un indien qui vit toujours dans la jungle amazonienne. Ses parents se sont mariés au Royaume-Uni en 2006. Autour d’eux de nombreuses familles du Gotha avec lesquelles sa famille cousine. La petite archiduchesse porte sur elle un lourd héritage qu’elle regarde avec l’insouciance de son âge. En 2018, ses parents ont jugé le temps venu pour un voyage initiatique qui a suscité la curiosité des médias. En visitant pour la première fois la communauté Shipiba d'Ucayali, avec sa mère et sa grand-mère, Carolyn Heath, une anthropologue érudite de la jungle péruvienne, la jeune archiduchesse a été accueillie comme la dernière princesse d’un monde qui a mystérieusement disparu en 1572. Dernière atlantide perdue d’un empire déchu, la cité-forteresse de Vilcabamba dirigée par le Sapa Tupac Amaru Ier tombe entre les mains des espagnols qui s’empressent de faire exécuter,  sous le regard d’un condor, la postérité de ce dernier rejeton , représentant d’une puissante dynastie qui a lié son destin au dieu Viracocha.

«J'ai senti qu'un voyage en famille était nécessaire. J'avais l'impression que je devais de nouveau tisser les fils complexes de ma vie. Le retour de ma mère dans la jungle péruvienne n’en pas été un au final. C’est comme  si elle n'y était jamais partie. Être là avec moi et sa petite-fille, j’avais le sentiment de créer une chaîne de continuité au sein de la communauté Shipiba » explique la princesse Mayasuni. « Heureusement, l'expérience a laissé une impression positive à fille Amaya, qui a compris et vu une partie de son héritage, ainsi que tout le travail que sa grand-mère a mis en place. Pour moi, c'était un voyage de guérison » a poursuivi l’épouse du prince Philippe. L’archiduc est une ombre pour les indiens, un homme défiguré par les affres d’un incendie mortel auquel il a échappé, un miraculé qui a été protégé des dieux incas.

Initiation de la princesse amaya Photos CosasLes shipibos vivent essentiellement au Pérou. Une communauté de 25 000 personnes qui pratique encore le shamanisme, l’excision des jeunes filles (afin de les préserver de toute tentation homosexuelle affirme les superstitieux) et qui a peu de contacts avec les gens extérieurs à leur mode de vie basé sur le patriarcat. C’est au cours d’une expédition que les moines franciscains les ont découvert et ont tenté de les évangéliser. Aujourd’hui, ils se battent contre l’état péruvien afin de préserver leurs terres, situées dans la région de l’Uuyacali, de l’industrialisation et de la déforestation, victimes d’une campagne de harcèlement et de menaces constantes. A l’aéroport de Lima, Amaya von Habsbourg-Lorraine a été rapidement pris en charge par des « marraines » qui ont pratiqué sur la fille prodigue, un rituel ancestral, consistant à dessiner des figures géométriques sur le visage avant de lui donner le nom shipibo de « Suysamenu », c’est-à-dire « élégante et brillante ». Carolyn Heath est une figure des indiens shibipos. Venue pour quelques mois au Pérou en 1974, elle y est restée de nombreuses années, tombée amoureuse de cette peuplade qui,  jadis, a été sous la férule des Sapas incas. « C’était mon destin » explique sobrement l’anthropologue qui a eu deux enfants avec Julio.  Elle est partie dans les années 1980, alors que les milices paramilitaires sévissaient dans la région, laissant un mari qui refusait de quitter sa terre natale.  A regret. Le retour a été émouvant, sa petite-fille est devenue en peu de temps le nouvel espoir d’un peuple qui a imposé son art à l’international

Le mariage de Mayasuni Heath et de l’archiduc Philippe de Habsbourg. Les noces de la réconciliation entre deux peuples qui se sont opposés à diverses reprises, chacun pour leurs droits. La naissance de la princesse Amaya von Habsbourg-Lorraine est le fruit d’un métissage réussi, la dernière princesse inca du XXIème siècle. Le symbole d’une histoire  qui continue de fasciner petits et grands, loin d'avoir terminé d’écrire les dernières lignes de son roman extraordinaire.

Copyright@Frederic de Natal

Date de dernière mise à jour : 01/11/2020

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