Discours royal à Ottawa : Charles III réaffirme l’unité canadienne
Discours royal à Ottawa : Charles III réaffirme l’unité canadienne
Devant le Parlement réuni au grand complet, Charles III a rappelé les liens profonds unissant le Canada à la Couronne, tout en soulignant les défis d’une époque marquée par l’incertitude.
Le 27 mai 2025, le roi Charles III a prononcé un discours historique du Trône, profitant de cette tribune pour saluer le Canada, considéré comme une nation qui demeure « forte et libre » alors que ses relations avec ses partenaires de longue date sont en « évolution ».
Des milliers de personnes s'étaient massés tout le long de la rue Wellington pour apercevoir le landau royal se diriger vers le Parlement. Certains ont crié « God save the King », « Merci d'être venu, monsieur » et « We love you Charles », pendant que le roi Charles III inspectait la garde d'honneur composée de 100 membres, élégamment vêtus – les troupes appartenaient au 3e Bataillon du Royal Canadian Regiment – qui s'était rassemblée pour l'accueillir, lui et Camilla, vêtue de bleu et portant une broche canadienne provenant de la collection de bijoux royaux. Avant d'entrer dans l'enceinte du prestigieux bâtiment qui abrite les deux chambres.
Un vibrant hommage à la reine Elizabeth II et au Canada
« Lorsque ma chère défunte mère s'est adressée à vos prédécesseurs il y a sept décennies, elle a déclaré qu'à cette époque, et dans le contexte des affaires internationales, aucune nation ne pouvait vivre seule », a déclaré le roi Charles III, faisant référence au discours du Trône de la reine Élisabeth II prononcé au Parlement en 1957. Vingt ans plus tard, elle réitérera cette expérience. « C'est une grande fierté qu'au cours des décennies suivantes, le Canada ait continué à montrer l'exemple au monde par sa conduite et ses valeurs, en tant que force du bien », a-t-il ajouté. Une remarque adressée au Président américain Donald Trump qui n'a cessé de menacer d'annexion le Canada et de mettre le pays sous pression.
Le roi Charles a été longuement applaudi mardi au Sénat lorsqu'il a cité cet extrait de l'hymne national du Canada. « Comme l'hymne nous le rappelle : le Grand Nord est bel et bien fort et libre ! » a cité le roi. Portant ostensiblement une médaille de l'Ordre du Canada autour du cou pour l'occasion, il a souligné avoir été témoin d'un renouveau de « fierté nationale, d'unité et d'espoir » au Canada ces dernières semaines et qu'il nourrissait « la plus grande admiration pour l'identité unique du Canada », reconnue dans le monde entier pour sa bravoure, son sacrifice, sa diversité et sa gentillesse. « Chaque fois que je viens au Canada, un peu plus de Canada s'infiltre dans mon sang – et de là, directement dans mon cœur », a déclaré le chef de l'État qui n'a pas hésité à parler aussi en Français.
Protégée par la monarchie, une nation face à la menace de son voisin américain
Le souverain s'est déplacé pour une visite éclair à la demande du Premier ministre Mark Carney. Une invitation que le chef du gouvernement canadien nouvellement élu a présenté comme un moyen d'affirmer la souveraineté du Canada en tant que monarchie constitutionnelle fondée par les Britanniques, les Français et les peuples autochtones.
Le roi a salué la stabilité que l'institution apporte en cette période tumultueuse, un « monde en profonde mutation ». « De nombreux Canadiens sont anxieux et inquiets face aux changements radicaux qui les entourent. Les changements fondamentaux sont toujours déstabilisants. Pourtant, ce moment est aussi une occasion incroyable. Une occasion de renouveau. Une occasion de voir grand et d'agir plus grand. Une occasion pour le Canada d'entamer la plus grande transformation de son économie depuis la Seconde Guerre mondiale », a tenté de rassurer Charles III. « La Couronne est depuis longtemps un symbole d'unité pour le Canada. Elle représente également la stabilité et la continuité du passé au présent. Comme il se doit. Elle se dresse fièrement comme un symbole du Canada d'aujourd'hui, dans toute sa richesse et son dynamisme », a-t-il déclaré, sous le regard de sénateurs, de députés, d'anciens premiers ministres, dont Justin Trudeau, Stephen Harper et Kim Campbell, de juges de la Cour suprême et de hauts dirigeants militaires, entre autres, dans une Chambre bondée.
Avant de se tourner vers l'avenir, soulignant les plans du gouvernement pour accroître l'accessibilité financière, entreprendre des projets majeurs et bâtir une économie forte qui « sert tous les citoyens ».
Un roi au sommet de sa popularité au pays de l'érable
Après avoir quitté le Sénat, un Charles souriant et apparemment jovial s'est jeté dans la foule, serrant personnellement des dizaines de mains et saluant les personnes le long de la corde de sécurité – dont certaines avaient commencé à se rassembler au petit matin pour être en position privilégiée afin d'apercevoir le chef de l'État en cette occasion historique. A l'issue de cette visite de deux jours, le roi Charles III a assisté à la dernière sonnerie interprétée par un clairon et à la Complainte interprétée par un joueur de cornemuse avant de déposer une gerbe sur la Tombe du Soldat inconnu au Monument commémoratif de guerre du Canada, en reconnaissance du sacrifice militaire du Canada lors des guerres mondiales et d'autres conflits.
Le couple royal a ensuite été conduit à l'aéroport dans une berline BMW électrique, et non dans la Lincoln américaine utilisée lors de leur dernier passage dans la capitale nationale, un geste symbolique qui résume les priorités écologiques de la couronne britannique. En renouant avec la tradition monarchique tout en regardant vers l’avenir, Charles III a su incarner, le temps d’un discours, l’unité d’un Canada fidèle à ses valeurs dans un monde incertain. Un essai transformé en véritable succès.