Effondrement des bolsonaristo-monarchistes aux élections municipales

Le president bolsonaro et les partisans de la monarchieLe 15 novembre dernier, les brésiliens étaient appelés à renouveler leurs maires et leurs conseils municipaux. Profondément divisés entre deux mouvances, libérale et conservatrice, les résultats n’ont pas été à la hauteur des attentes des partisans de la maison impériale qui ont pris une sévère douche froide. Proche du président Jair Bolsonaro, de plus en plus contesté pour sa gestion désastreuse du Covid-19, le prince Dom Pedro d’Orléans-Bragance qui se présentait dans l’ancienne capitale de Petrópolis, a lui-même du reconnaître sa défaite. Pour les nombreux candidats monarchistes à cette élection, la date n’est pas anodine. Elle correspond à celle de la chute de l’empire en 1889. Tout un symbole.

Republique versus empireC’est une cinquantaine de partisans du retour de l’empire qui se sont présentés comme candidats lors des élections municipales du 15 novembre. Des monarchistes proches du mouvement de la Confédération monarchique du Brésil (Confederação Monárquica do Brasil) qui soutient ouvertement le président Jair Bolsonaro et la branche la plus conservatrice de la maison des Orléans-Bragance, celle des Vassouras. Une échéance électorale importante pour le dirigeant brésilien qui s’apprête à repartir en campagne pour sa réélection en 2022 et un test pour les monarchistes qui ont calqué leur programme politique sur celui qui est de plus en plus contesté pour sa gestion catastrophique du Covid-19. « Je suis une extrême-radicale chrétienne et monarchiste ».  Dans la presse, Gabriela Rodart, 24 ans, candidate dans la ville de Goiânia, n’a pas fait mystère de ses convictions et a fait mouche. Elle n’a pas hésité à dire tout le mal qu’elle pensait des masques anti-coronavirus et du vaccin en cours de production. Avec à peine 4000 voix, elle a réussi à se faire élire conseillère municipale d’une des plus grandes villes du Brésil. Un succès en trompe –l’œil car d’Austerlitz attendu, c’est plutôt à un Waterloo auquel ont été confrontées les listes monarchistes.

Affiche electorale du prince dom pedro d orleans bragance« Pour la première fois de ma vie, j'ai pris la décision de m’engager politiquement et j’ai accepté le défi de me présenter. Je  remercie d'abord Dieu, tous ceux qui ont cru en moi et en particulier mon ami et partenaire dans  cette aventure, le Colonel Vieira Neto et tous nos colistiers du Pacte par Petrópolis. Nous continuerons de nous battre avec nos idées et nos propositions de rénovation politique. Ce n'était que la première étape d’un long combat et je compte sur vous ! ». Héritier de la banche la plus libérale de la famille impériale, le prince Dom Pedro d’Orléans-Bragance s’est présenté dans la ville de Petrópolis au sein d’une liste de coalition menée par un colonel bolsonariste. Un véritable affront pour les partisans de cette lignée qui ne cachent pas leur hostilité au président brésilien. Ils n’ont même pas pris la peine de relayer la campagne, basée sur le retour de l’ordre et sur l’unité,  de leur poulain. Le pari était risqué et l’enjeu plus que symbolique pour ce descendant de l’empereur Pedro II dont la liste « Pacte pour Petrópolis » n’a pas dépassé les 4%, soit 5404 voix, dans une ville qui a compté 71000 votants au premier tour. Mais sous les apparences calmes de son communiqué, le prince impérial  à la défaite amère. Sur les réseaux sociaux dont les brésiliens sont friands et qui ont été le principaux moyen de communication de tous les candidats, il a fustigé ces « gens qui se plaignent de la corruption mais qui votent pour des gens corrompus et les font élire ». « Celui qui choisit mal ses représentants ou décide d’abandonne son droit de vote mérite la ville, l'état et le pays qu'il a » a écrit dans un second communiqué plus long Dom Pedro d’Orléans-Bragance. Avant de renchérir : « Notre campagne a été  propre, honnête du début à la fin et sans tentative de corruption des  citoyens pétrolitains ».

Casquette offerte par les monarchistes et portee par bolsonaro« Nous félicitons les candidats monarchistes pour leurs excellents résultats dans ces élections, avec trois élus et plusieurs autres en position de suppléants » affiche fièrement le mur  Facebook de la Confédération monarchique du Brésil qui soigne particulièrement son image. C’est pourtant la douche froide pour les monarchistes bolsonaristes qui ont été les victimes collatérales du désenchantement populaire généré par la politique toute en gesticulation de l’actuel dirigeant populiste brésilien, obligés désormais d’adopter une méthode Coué. Un peu plus de 20 candidats monarchistes « antisystèmes » ont été cependant élus en position de conseillers municipaux suppléants  ou d’autres qui pourront siéger directement comme Thiago Trindade qui a obtenu 0,25% des voix dans la ville de Dourados, Tarcio Honoradto élu à Barbalha avec 2,40% des voix ou encore Thiarles Santos à Uberlandia avec 1% des voix. 

Le depute prince luiz philippe d orleans braganceSelon les derniers sondages en date, 20 et 30%  des brésiliens seraient favorables à un retour de la monarchie avec à sa tête un prince plus consensuel que la branche des Vassouras qui se démarque par des idées très conservatrices et qui ont dernièrement enflammé les passions, pour avoir remis en cause et à diverses reprises les droits des homosexuels, le droit à la propriété pour les «Sans-Terres », niant tout réchauffement climatique ou destruction massive de la forêt amazonienne tout en se faisant l’avocat d’un ultra-catholicisme, n’hésitant pas à attaquer frontalement la politique du Vatican. Des scores électoraux qui ne permettent pas encore d’assoir politiquement et localement les monarchistes qui bénéficient toutefois d’un groupe revendiqué de 15 personnes au parlement. Conduit par le prince Luiz-Philippe d’Orléans –Bragance, les rumeurs affirment qu’il pourrait être le prochain vice-président du Brésil. Une élection marquée par un nombre record de candidats noirs, de femmes et de transsexuels et  qui a surtout bénéficié à la droite et au Centre-droit qui infligent ici une sévère défaite au président Bolsonaro (qui avait porté en mars dernier une casquette avec la mention « Faire de nouveau du Brésil, un empire »)  et ses alliés monarchistes qui voient s’éloigner un peu plus doucement l’idée d’une restauration de la monarchie à court terme.

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Date de dernière mise à jour : 02/12/2020

Commentaires

  • Dirk Bovendorp
    • 1. Dirk Bovendorp Le 02/12/2020
    Je souhaite partager les articles également via WhatsApp. Merci.
    • frederic-de-natal
      • frederic-de-natalLe 03/12/2020
      Bonjour. Oui que souhaitez vous exactement pour cela ? Vous pouvez les partager depuis ma page facebook à mon avis.

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