Chef de la maison impériale du Brésil (pour la branche Vassouras), le prince Luiz de Orleans e Bragança (Orléans-Bragance ) a publié un communiqué s'adressant aux brésiliens afin de leur demander de prendre leurs responsabilités face à la crise sanitaire du covid-19 qui a désormais atteint ce pays d’Amérique latine.
«(…) Je considère qu'il est de mon devoir, en tant que chef de la maison impériale du Brésil, d'adresser mes compatriotes, les yeux tournés vers Dieu, des mots de foi, d'espoir et de charité ». Communiqué publié sur sa page officielle Facebook, Pró Monarquia, le 1er avril, le prince Luiz de Orleans e Bragança s’est dit «consterné» par cette pandémie du coronavirus covid-19 qui touche le monde entier.
Saluant les « les efforts déployés par les autorités gouvernementales pour contenir l'avancée du nombre de contagion », il a remercié la « communauté médicale et scientifique brésilienne ainsi que celui des infirmières qui, avec non petit risque de leur propre vie, s'engagent dans le combat et le traitement de la maladie ». Un « dévouement infatigable (de la part) de ces professionnels (qui) est digne de toute notre admiration et reconnaissance » a ajouté le prétendant au trône de 83 ans.
Soutien inconditionnel au gouvernement du président Jair Bolsonaro, lequel est fortement critiqué par la multiplication de ses bourdes, diffusion de « fake news » et par son scepticisme sur ce qu’il considérait jusqu’ici comme une « petite grippe », le descendant de Dom Pedro II a rappelé que le pays ne devait pas céder à « l’hystérie et la panique ». Le 16 mars, le président brésilien était descendu prendre un bain de foule à l’occasion d’une manifestation, faisant fi de de l’épidémie qui enregistrait pourtant des premiers cas de coronavirus. Il avait d’ailleurs créé le « buzz » en se vissant sur la tête, une casquette marquée de cette formule : « Refaisons du Brésil, un empire de nouveau . «Le moment exige l'attention et la prudence ainsi que la sérénité et la responsabilité » peut-on lire dans le communiqué qui réclame aux brésiliens de suivre lignes par lignes les mesures mises en place par les autorités compétentes afin « de contenir la propagation de ce mal ».
Appelant chacun des brésiliens à se mettre sous la protection de Dieu, il a remercié également tous ceux qui avaient prié pour le rétablissement des membres de sa famille atteints par le coronavirus. C’est au cours des fiançailles du prince organisées au Jardin botanique de Rio de Janeiro mi-mars, que les princes Antonio (69 ans), Dom Pedro de Alcantara, Don Francisco (65 ans) et Don Alberto (62 ans), ses belles-sœurs, les princesses Dona Maria de Fatima et Dona Maritza (paysagiste reconnue dans son pays) ont été touchés par le covid-19. Hospitalisé de toute urgence le 19 mars, second successible à la couronne, le prince Dom Antonio devrait regagner sous peu son domicile et suivre un traitement sur place a annoncé le secrétariat impérial qui confirme que l’état de santé des autres membres de la maison impériale est en nette amélioration.
«Nous vivons le début d'une des plus grandes épidémies de notre histoire » a averti de son côté le prince Dom Bertrand d'Orléans-Bragance, frère du prince Luiz de Orleans e Bragança, dans un premier communiqué et lui-même au centre de diverses controverses (mariage pour tous, réchauffement climatique, réforme agraire…) par le passé.
Très liée généalogiquement à la maison royale d’Orléans, lesquels sont aussi francophones, par le biais du mariage du prince Gaston d’Eu, petit-fils du roi Louis-Philippe Ier, et de la princesse Isabelle de Bragance (dite la Rédemprice), le prétendant au trône de France, Jean d’Orléans, comte de Paris ne cache pas sa proximité avec ses cousins. Le mariage de sa grand-mère, Isabelle d’Orléans-Bragance avec le comte de Paris, Henri (VI) d’Orléans avait été l’un des plus médiatisés de l’Entre-eux-guerres. Deux membres de la maison impériale sont d’ailleurs enterrés dans la chapelle royale de Dreux et un autre, Robert Maria Pio Benoit de Nicolaÿ (arrière- petit-fils d’Isabelle la Rédemptrice) a occupé le poste de secrétaire d’état aux Finances et de conseiller référendaire à la Cour des comptes de la république française.
Empire de 1822 à 1889, la monarchie brésilienne a été renversée par un coup d’état orchestré avec le soutien des planteurs et de l’église, peu de temps après l’abolition de l’esclavage. Exilée, la maison impériale est revenue dans son pays en 1922 mais divisée dynastiquement entre deux branches principales, les Petrópolis et les Vassouras, ainsi nommées par leur lieu de résidence. Depuis les scandales de corruption ayant touché le gouvernement d’extrême-gauche, le mouvement monarchiste a repris de la vigueur mais les disparités idéologiques entre les deux branches demeurent cependant vives, limitant ses chances d'accéder à la fonction suprême. Une maison impériale, cruellement frappée par le destin avec la disparition de son prince héritier Dom Pedro-Luiz, âgé de 26 ans, lors du crash du vol Air- France en 2009.
On estime entre 20 et 30% de la population brésilienne favorable au retour d’un empereur sur son trône. En 1993, un référendum sur cette question avait été organisé mais seulement 13% des brésiliens avaient mis un vote en faveur de la monarchie dans l’urne.
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