Alexia des Pays-Bas, prochaine reine d’Argentine ? Anachronique pour les uns, réaliste pour les autres, depuis que le Mouvement monarchiste argentin (MMA) a suggéré cette option, c’est l’emballement médiatique dans ce pays d’Amérique du Sud marqué par des années de dictatures en tout genre. Pour Mario Carosini, fondateur de ce parti royaliste qui compte quelques milliers de membres et sympathisants, le pays de José de San Martín et d’Evita Perón ne peut retrouver sa stabilité qu’en ramenant sa légitime monarchie au pouvoir. Et leur candidat idéal n’est autre… que la fille cadette de le reine Máxima Zorreguieta Cerruti et du roi Willem –Alexander, qui pourrait bien ceindre cette couronne vacante depuis le XIXème siècle si les argentins le souhaitent.
Le Mouvement monarchiste argentin (MMA) est né à la fin des années 1980. Il peine à percer dans un pays qui s’est séparé de la tutelle espagnole en 1816. Une révolution, inspirée par celle qui a éclaté en France et par l’épopée napoléonienne, que la vice–royauté du Rio de la Plata aura bien du mal à juguler. Les partisans de l’indépendance resteront longtemps tdivisés sur le type d’institution à adopter après la chute de la monarchie de Ferdinand VII. Lors du congrès de Tucumán, les discussions sur ce sujet seront très vives. Manuel Belgrano et le général José de San Martín, héros de l'indépendance, avancent leurs pions et proposent une royauté avec un rejeton des derniers Incas (le prince Dionysos Inca Yupanqui) à sa tête. Une idée bien accueillie par les représentants du Haut-Pérou et des villes du nord mais rejetée par la bourgeoisie de Buenos Aires qui craint de perdre sa position hégémonique. On avance alors le nom de l’infant don Sébastian Gabriel de Bourbon-Bragance ou même celui de Charles II de Bourbon-Parme avec en prime un mariage avec une princesse brésilienne mais en vain. Les monarchistes se retrouvent rapidement en minorité et la république est finalement votée à l'unanimite comme seule institution viable. Mario Carosini, 58 ans, entend faire renaître cet esprit monarchique qui prévaut encore dans certaines couches de la nation argentine, melting-pot de différents peuples européens, et où le carlisme prolifère tranquillement. « Notre pensée monarchique s’est forgée sur les bases d’une réalité tragique que la république impose aux peuples qui ont le malheur de tomber entre ses mains » affirme le leader royaliste qui appelle à un nouveau congrès.
Le groupe suggère le retour d’une monarchie parlementaire constitutionnelle en Argentine qui pourra mettre fin de cette manière à « la corruption structurelle et d'atteindre de meilleurs taux de développement, de bien-être et de niveau de vie ». Et pour cela, ils ne proposent ni plus ni moins qu'Alexia, la fille cadette de 16 ans de la reine Máxima Zorreguieta Cerruti et du roi Willem –Alexander, comme future reine de ce trône hypothétique. Le choix est loin d’être anodin puisque la princesse a des origines argentines par sa mère, fille d’un ministre qui fut aux ordres de la dictature du général Videla. Pour Mario Carosini, jamais autant le principe monarchique n’a été autant en vogue, spécialement dans cette partie du monde comme au Brésil ou au Mexique. Même dans les anciennes colonies espagnoles d’Amérique du Sud, des mouvements royalistes (en Uruguay ou au Pérou) se sont récemment constitués ces dernières années, avec plus ou moins de succès. Selon les calculs de son organisation qui aurait réuni aussi bien des péronistes, des radicaux, des libéraux et que des personnes issues de la mouvance de gauche sous son drapeau, il y a environ un million de royalistes dans le pays, la plupart d'entre eux étant âgés entre 20 et 40 ans, et autant qui le sont mais qui ne le savent pas. Des chiffres étonnants en totale contradiction avec le fait que leur page Facebook rassemble tout juste 3000 abonnés et 700 personnes sur Twitter.
« L'Argentine a été une monarchie durant trois siècles et n'est une république que depuis deux cents ans. Notre tradition est donc essentiellement monarchique. Nos grands héros étaient des monarchistes » rappelle Mario Carosini et qui fait remarquer que les plus grandes démocraties sont aujourd’hui des royautés européennes. « L'Argentine souffre d'un déclin institutionnel dû au manque de stabilité généré par la corruption née du système républicain » martèle t-il. « La monarchie est le système le plus efficace. Et le moins cher aussi » claironne Mario Carosini qui n’exclut pas de donner cette couronne constitutionnelle, en cas de refus de la famille royale des Pays-Bas, à un Habsbourg-Lorraine ou un Bourbon-Parme et qui reste persuadé, qu’une fois son projet expliqué et dévoilé entre deux tangos, « ce sera le début d’un grand changement institutionnel » en Argentine. « Hasta siempre et viva la revolución monarquica » semble dire Mario Carosini qui se rêve en futur Premier ministre d'un souverain.
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