Le roi Mohammed VI recadre les islamistes du PJD

C’est le communiqué de trop pour le roi Mohammed VI. En critiquant ouvertement les relations entre la monarchie marocaine et l’État d’Israël, le secrétaire-général du parti islamique Parti Justice et Développement (PJD) a mis en colère le monarque. Le fils du roi Hassan II a sèchement recadré Abdelilah Benkirane, son ancien Premier ministre, et lui a rappelé que la politique extérieure de son royaume était sa prérogative souveraine.

En septembre 2021, le Parti Justice et Développement (PJD) a subi une cinglante défaite lors des élections législatives. Il est passé de 125 à 13 sièges au Parlement marocain. Après  une décennie de gouvernement, les islamistes ont dû céder le pouvoir au Rassemblement national des indépendants (RNI), un parti proche du roi Mohammed VI. Le monarque n’a pas caché sa satisfaction de s’être débarrassé du parti d’Abdelilah Benkirane, son ancien Premier ministre à la tête du gouvernement entre 2011 et 2017. Il est vrai que le bilan des islamistes n’a guère été brillant durant tout le temps où ils ont géré le Maroc. Croissance économique en berne, inégalités sociales qui se sont accrues, une mauvaise gestion du covid-19 et la corruption a été loin d’être endiguée. Les islamistes ont accumulé les échecs et les bévues. Un départ qui a également rassuré les chancelleries occidentales, inquiètes par les dérives du PJD, un mouvement proche des Frères musulmans en Egypte, accusé d’atteintes sérieuses à la démocratie comme le rappelle le magazine Orient XXI

Les islamistes critiquent la normalisation des relations entre le royaume du Maroc et Israël

La normalisation des relations entre le Maroc et Israël a été fortement critiquée par les islamistes. Contraint de parapher les « accords d’Abraham » malgré lui, il y a deux ans, le PJD a publié le 7 mars 2023 un communiqué fustigeant « des dépassements irresponsables et des approximations dangereuses » de la part du gouvernement actuel (dirigé par le milliardaire Aziz Akhannouch). En fond de toile de ces critiques, « les derniers développements dans les territoires palestiniens occupés » comme le révèle le Cabinet royal. « Le secrétariat général déplore les récentes prises de position du ministre des Affaires étrangères, dans lesquelles il semble défendre l’entité sioniste lors de certaines réunions africaines et européennes, à un moment où l’occupation israélienne poursuit son agression criminelle contre nos frères palestiniens, notamment dans la ville palestinienne de Naplouse » peut-on lire dans le communiqué signé  en personne par Abdelilah Benkirane. 

Le Makhzen royal recadre séchèment le PJD

En pointant du doigt, des liens « trop amicaux » avec « l’ennemi sioniste », c’est tout le Makhzen, le pouvoir royal, que le parti islamiste a critiqué. Une puissance machine politique, militaire et administrative au service de la monarchie, un rempart à toutes tentatives de déstabilisation de l’institution royale. Le roi Mohammed VI n’a pas tardé à réagir et recadrer sèchement le leader du PJD. Une semaine après la parution du communiqué, le palais royal a également fait publier une déclaration officielle rappelant à tous qu’elles étaient les prérogatives du souverain chérifien et qu’il n’était pas judicieux de se substituer à lui. « La politique extérieure du royaume est une prérogative de Sa Majesté le roi, que Dieu l’assiste, en vertu de la Constitution. Il s’agit d’une position de principe constante du Maroc, qui ne saurait être soumise aux surenchères politiciennes et aux campagnes électorales étriquées » peut-on lire dans la déclaration royale. « Les relations internationales du Royaume ne peuvent être l’objet de chantage de la part de quiconque et pour quelque considération que ce soit, particulièrement dans ce contexte mondial complexe. L’instrumentalisation de la politique extérieure du Royaume dans un agenda partisan interne constitue ainsi un précédent dangereux et inacceptable » avertit même le Commandeur des Croyants. 

De quoi calmer les ardeurs des islamistes du PJD. Message reçu pour Abdelilah Benkirane qui a demandé à ses militants de ne pas réagir ni commenter la déclaration royale. En janvier dernier, le royaume du Maroc a condamné « les actes de violence commis au camp de réfugiés de Jénine et les dégâts matériels et humains après les raids de l’armée israélienne ».

Copyright@Frederic de Natal

Date de dernière mise à jour : 14/03/2023

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