Les Senoussis se rappellent au bon souvenir des libyens et de l'UE

Prince Mohammed El SenoussisC’est un pays en proie à un violent conflit depuis la chute du régime du colonel Mouammar Kadhafi en 2011. Victime d’une motion de censure en septembre dernier alors qu’il a été nommé six mois auparavant Premier ministre, Abdelhamid Dabaiba assure encore l’intérim du pouvoir. Assez pour que les monarchistes libyens profitent de l’adoption d’une récente loi pour demander au gouvernement de restituer tous leurs biens à la maison royale des Senoussis. Le 1er septembre dernier, date anniversaire de la chute de la monarchie en 1969, dans une large tribune publiée dans un média anglophone, le porte-parole du mouvement pour le retour de la Légitimité constitutionnelle a appelé les libyens à restaurer l’institution royale et l’Union Européenne à soutenir ce projet  « puisqu’elle a épuisé toutes les autre solutions ». 

Affiche de propagande en faveur des SénoussisA la chute de la monarchie, le colonel Mouammar Kadhafi s’est empressé de saisir tous les biens de la maison royale ainsi que des dignitaires proches du monarque. L’actuel gouvernement du Premier ministre Abdelhamid Dabaiba a décidé de faire voter une loi stipulant que si les actuels propriétaires des biens nationalisés n’étaient pas en mesure de prouver que ceux-ci leur appartenaient, ils devaient retourner à leurs légitimes détenteurs. Les monarchistes du mouvement pour le retour de la Légitimité constitutionnelle ont profité de cette brèche pour réclamer au dirigeant libyen qu’il restitue aux Senoussis toutes les propriétés saisies par la Jamahiriya arabe libyenne. Leader et porte-parole du mouvement monarchiste libyen, Ashraf Boudouara a rappelé au Premier ministre que lors de sa nomination, « il avait promis qu'il serait juste et équitable » tout en le renvoyant aux promesses de ses prédécesseurs. 

Monarchistes Libyens« Tout le monde, y compris le gouvernement actuel et son président, sait que feu le roi de Libye a été injustement condamné à mort par contumace en novembre 1971 par un tribunal populaire illégal, formé et dirigé par le colonel Mouammar Kadhafi » a rappelé le leader monarchiste. Le 26 février 2019, la Chambre des représentants de Libye avait pourtant et déjà réhabilité le roi Idriss Ier, levant la condamnation de peine de mort prononcée contre lui, lui restituant sa nationalité libyenne ainsi qu’à tous les membres de sa famille, leur garantissant le droit à une indemnisation matérielle et morale. Une demande appuyée par Ahmed Lanqi, membre du Conseil suprême d'État qui a lui-même rappelé que si les anciens dignitaires kadhafistes pouvaient aujourd’hui récupérer leurs biens, tous les citoyens de Libye pouvaient autant revendiquer ce qui a été précédemment leurs possessions.  L'Office des biens de l'État de la municipalité de Tobrouk a décidé de prendre le train en marche et restituer les biens immobiliers de la famille de feu le roi de Libye y compris 24 hectares de propriétés occupés par le président du Parlement, Aqila Saleh.

« Il est temps que la monarchie soit réinstallée en Libye, que l'on rappelle le prince Mohammed Al-Hassan Al-Rida Al-Mahdi Al-Senoussi afin qu’il assume ses responsabilités en tant que monarque et incarnation d’unité. La Libye doit faire un choix viable qui permettra au pays de retrouver sa démocratie et qui pourra se choisir un véritable gouvernement national qui réalise les espoirs et les aspirations des Libyens » a déclaré Ashraf Boudouara. Lors d’une récente interview, le prince Ahmed Zoubaïr El Senoussi, ancien chef Conseil de transition de la Cyrénaïque (CTC), avait exprimé ses doutes sur la capacité du gouvernement à réaliser l’unité d’un pays qui s’est largement balkanisé depuis la chute de Kadhafi. Un temps envisagé par l’Union européenne qui avait même invité le prince Mohammed à s’exprimer, l’option monarchique avait finalement été abandonnée alors que réclamée par la majorité des tribus. Bien que chaque année, cette question fasse l’objet d’articles dans divers médias internationaux, le prétendant au trône prend rarement position, résidant principalement à Londres. 

Ashraf Boudouara« Restaurer la famille al-Senoussi, seule héritière légitime de l'éphémère période monarchique libyenne, ne serait bien sûr pas une tâche facile. Exilés depuis plus de cinq décennies et ne cherchant pas à s'imposer comme des prétendants supplémentaires au pouvoir sur une scène politique déjà ravagée, les Senoussis auraient un travail considérable à entreprendre pour se légitimer, même en tant qu'acteurs indépendants dans une nouvelle Libye » peut-on lire comme remarques dans un article consacré à la situation de la Libye et publié dans le magazine Neweurope cet été. « C'est peut-être précisément la raison pour laquelle les acteurs de l'Union Européenne devraient considérer le retour d’une monarchie constitutionnelle comme un plan d'action viable et qui éviterait une autre confrontation militaire en introduisant une figure d'autorité vraiment impartiale, non liée à l'une des tribus locales rivales ou à des intérêts militaires étrangers, pourrait servir de protecteur d'un État stable et indépendant » explique Ashraf Boudouara. Le mouvement pour le retour de la Légitimité constitutionnelle revendique plusieurs milliers d’adhérents et organise chaque année un congrès qui fait salle comble marqué par l’intervention de membres de la maison royale.

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Date de dernière mise à jour : 27/09/2021

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