A l’occasion de son 61ème anniversaire, le prince Ermias Sahle-Selassie a adressé un message de remerciements au millier de personnes qui ont pensé à lui pour cette journée. Le petit-fils du dernier Négus leur a demandé l’autorisation de « rediriger cette effusion de bonnes vibrations vers le peuple éthiopien » alors que celui-ci se prépare à voter aux prochaines élections nationales le 21 juin prochain, et « que la nation souffre de la sécheresse, de la tragédie des combats et de graves pressions de la part de la communauté internationale ». Largement réhabilitée, la famille impériale d’Ethiopie connaît un regain de popularité dans la corne de l’Afrique de l‘Est et qui coïncide avec la résurrection de Moa Anbessa, le mouvement monarchiste qui a contribué à faire chuter le Derg de Mengistu Haïlé Mariam.
Petit-fils du dernier négus d’Ethiopie, le prince Ermias Sahle-Selassie a connu les grandes heures de l’empire avant que celui-ci ne soit renversé en 1974. A 61 ans, le président du Conseil de la Couronne continue d’être au chevet de son pays. Figure incontournable de la diaspora, il est reçu par les maisons royales et gouvernements étrangers comme un véritable chef d’état, appelant régulièrement la communauté internationale à se pencher sur le sort de son pays frappé depuis des décennies par des crises diverses. « Nous avons tellement enduré en Éthiopie depuis le coup d'État, qui a eu lieu il y a 47 ans, que nous ne pouvons pas nous permettre de laisser notre nation éthiopienne bien-aimée sombrer dans des souffrances et une ignominie encore pire en ce moment », a déclaré le prince sur le site officiel du Conseil de la Couronne, à l’occasion de son anniversaire. « Nous devons, une fois pour toutes, nous rassembler car il n'y a pas d'autre moyen pour nous de reconstruire la grandeur de notre pays à travers ce même objectif qui nous guide depuis plus de trois millénaires. » a rappelé ce père de deux enfants inquiet oar les risques de sécession du Tigré.
« Soyez assuré que le Conseil de la Couronne n'a jamais cessé et ne cessera jamais de travailler afin de soulager les souffrances des Éthiopiens et veiller à ce que la communauté internationale reconnaisse l'importance et la dignité historique de l'Éthiopie et des Éthiopiens. J'ai travaillé encore plus intensément ces derniers temps aux plus hauts niveaux du monde pour tenter de faire entendre le cas de l'Éthiopie, en rencontrant le mois dernier Sa Sainteté le pape François au Vatican, et en planifiant des réunions dans un avenir proche avec d’autres dirigeants chrétiens orthodoxes » poursuit le prince. Les Salomonides ont été largement réhabilités par le gouvernement actuel du premier ministre qui a autorisé que des statues rappelant les grandes figures de l’empire défunt soit réinstallées, à commencer par celle de l’empereur Hailé Sélassié qui trône devant les nouveaux bureaux de l’Union africaine qui a remplacé l’Organisation de l’unité africaine (OUA) dont l’Ethiopie a été un des pères fondateurs.
Ancien mouvement monarchiste, le Moa Anbessa (« Le Lion de Juda ») a été un parti important qui a contribué à la chute du Derg, le régime marxiste qui s'est imposé jusqu’en 1991. Fondé par le prince Amha Sélassié, fils héritier du négus et lui-même officiellement roi d’Ethiopie entre septembre 1974 et mars 1975, afin de favoriser une restauration monarchique en Éthiopie, le mouvement a participé aux côtés des rebelles du Front démocratique révolutionnaire du peuple éthiopien (FDRPE) à la prise de la capitale, Addis Abeba. Une alliance qui s’était effritée lors des funérailles officielles d’Hailé Sélassié Ier avec le refus du nouveau gouvernement de lui accorder une cérémonie d’état, Avec la mort du prince en 1997, Moa Anbessa avait périclité puis disparu du champ politique éthiopien. Si de nombreux mouvements monarchistes existent, ils n’ont plus d’assise politique actuelle et se bornent à promouvoir leurs activités sur les réseaux sociaux. C’est ainsi que Moa Anbessa a fait sa réapparition et semble très discrètement lié au Conseil de la Couronne. Bien que qu’il ne soit pas représenté au Conseil des représentants, il opère librement en Éthiopie, prétendant avoir trois millions de fidèles, principalement issus de l‘ethnie Amharas.
« Nous sommes au service de tous afin d’aider à résoudre les différends sur la gestion future de notre grand fleuve Nil que les Éthiopiens considèrent vraiment comme une ressource pour l'humanité et qu’ils ont reçu en héritage. C'est, en fait, un enjeu qui peut être considéré comme la pierre angulaire d'une grande négociation, digne de l’ Empereur Hailé Sélassié ou d'un Anouar as-Sadate [ancien président d'Egypte-ndlr], et qui permettra d’apporter la prospérité à toute notre région » affirme le prince impérial. « J'ai la chance d'être en bonne santé et cela m'a permis de consacrer toutes mes énergies à aider à guérir les grandes blessures infligées à notre famille éthiopienne bien-aimée au cours du dernier demi-siècle, et à veiller à ce que des décennies d'isolement ne soient jamais perçues par les puissances étrangères ou par des dissidents comme un signe que nous sommes aujourd'hui affaiblis et désunis ». écrit ce potentiel héritier au trône. Nous sommes, en fait, à une époque où nous avons cette espérance que la grandeur de l'Éthiopie revienne : une grandeur soutenue par l'équité, l'égalité et la fierté de notre unité (…). Soyons fiers de notre grande Histoire » a rappelé Ermias Sahle-Selassie.
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