Le roi Mswati III a t-il fui son royaume ?

Mswati IIIC’est l’incertitude qui règne à Mbabane, capitale du royaume de l’Eswatini, depuis ce matin. Selon diverses informations, le roi Mswati III aurait fui son pays  pour se réfugier à Johannesburg. Enclavée en Afrique du Sud, cette royauté est secouée par de violentes manifestations qui réclament la fin du régime absolutiste et le retour de la démocratie. Officiellement monarchie constitutionnelle, Mswati III concentre pourtant  l‘essentiel des pouvoirs entre ses mains, interdit les partis et la presse d’opposition et ses sujets ne cessent de lui reprocher un style de vie dispendieux qu'ils ne tolèrent plus. 

Arbre généalogique de la maison royale  DlaminiC’est l’un des derniers monarques absolus d’Afrique. Monté sur le trône en 1986 à la fin de 4 ans de régence, le roi Mswati III avait suscité tous les espoirs d’un pays dont l’institution royale repose sur des conseils locaux et des assemblées traditionnelles. Mais les swazis ont rapidement déchanté et le souverain n’a entrepris aucune réforme en plusieurs décennies de règne permettant de moderniser une monarchie constitutionnelle où il consacre l’essentiel des pouvoirs entre ses mains. Considéré comme un « roi-ubu » par les médias internationaux, Mswati III refuse le moindre parti ou presse d’opposition dans son royaume qu’il considère comme sa propriété privée. A la tête d’une fortune considérable, 200 millions de dollars, elle contraste avec le niveau de vie de ses sujets qui doivent survivre avec moins de deux dollars par jours. Une situation devenue explosive. Comme vous le rapportait le site «  Monarchies et dynasties du monde », il y a quelque jours, le décès de Thabani Nkomonye, une étudiante en droit tuée par des policiers et dont le crime est resté impuni, a jeté le feu aux poudres. Des manifestations ont éclaté dans diverses villes, y compris dans la banlieue de la capitale, afin de réclamer le retour de la démocratie dans le pays. 

C’est en avril 1973 que le roi Shobuza II décide de suspendre la constitution, inspirée du Royaume-Uni, qu’il juge inadaptée aux traditions swazies. S’appuyant sur les forces de sécurité qu’il a pris soin de faire former par des officiers de l’ancienne puissance colonisatrice, il finit par s’arroger tous les pouvoirs et faire fi de tout processus démocratique aux élections. Une pratique poursuivie par son fils qui nomme les premiers ministres et les limoge selon son bon plaisir. Pour les swazis, devenus eswatinis par la volonté royale, plus question d’accepter cette dictature déguisée qui interdit le divorce et la mini-jupe. En dépit d’une répression organisée, gaz lacrymogènes, grenades assourdissantes et des canons à eau utilisés pour disperser les swazis, les manifestations se sont poursuivies et diverses informations affirment que les Forces de sécurité se seraient même retournées contre la monarchie. 

Communiqué de Themba MasukuC’est la South African Broadcasting Corporation (SABC) qui a annoncé le départ du roi Mswati III vers Johannesburg sans pouvoir toutefois confirmer cette information qui a été peu distillée dans la presse internationale. D’autant que la source provient de l’opposition réfugiée en Afrique du Sud. Le Premier ministre par intérim, Themba Masuku, a publié un communiqué démentant fermement les rumeurs de départ du roi. « Je voudrais assurer le peuple d'Eswatini et la communauté internationale que le roi Mswati III est dans le pays et continue de s'acquitter de ses responsabilités afin de favoriser le développement du royaume d'Eswatini » peut-on lire sur le site officiel du gouvernement et repris par la version swahili de Radio Français International (RFI). Le parlement a fait bloc autour de son souverain accusant l’opposition de diffuser de fausses informations. Un des nombreux fils  du souverain a même affirmé « qu'il n'y avait pas d'oppression au Swaziland, que les swazis étaient tout simplement paresseux, qu’ils devraient rentrer chez eux et cultiver leurs champs au lieu de chercher à s’éduquer ». Interrogé, Kenneth Kunene, secrétaire-général du Parti Communiste du Swaziland, a rétorqué en appelant à la fin du système monarchique. 

« Nous exigeons l’établissement d’une démocratie multipartite maintenant », a déclaré Melusi Dlamini, un manifestant à News 24, avant de renchérir : « Le temps du système royal caractérisé par la dictature est révolu ». « Quelle que soit la vérité sur l'endroit où se trouve le roi, la situation sur le terrain dans le pays est extrêmement volatile car des supermarchés et des usines industrielles ont été incendiés par des inconnus alors que l'armée avait déjà été déployée pour y mettre fin. Certaines informations  nous parviennent selon lesquelles des manifestants auraient été tués par l'armée ou la police » a déclaré le porte-parole du Swaziland Solidarity Network, Lucky Lukhele, dans un communiqué. « La question swazie devrait désormais être la priorité absolue de la SADC (Communauté de développement d'Afrique australe). Le roi Mswati III et ses acolytes devraient être tenus responsables du gâchis dans lequel se trouve le pays » affirme l’opposition.

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Date de dernière mise à jour : 29/06/2021

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