Puissant souverain absolu du royaume de l’eSwatini, le roi Mswati III a confirmé dans un discours lu à la nation qu’il avait été infecté par le coronavirus et qu’il avait été guéri du covid-19 après que la présidente taïwanaise, Tsai Ing-wen, lui ait fait parvenir un mystérieux médicament. Un remède miracle qui interroge plus d’un média international. Dans son discours, le monarque de l’ancien Swaziland, cette monarchie encastrée au sein de l’Afrique du Sud, a déclaré que cet antibiotique, dont il s’est bien gardé de donner le nom, serait bientôt distribué à tous les swazis dès qu’il aurait obtenu son accréditation médicale. Pour divers experts, Mswati III évoquerait un anti-virus utilisé contre la maladie d’Ebola mais interdit d’utilisation en Europe par l’Organisation mondiale de la Santé.
Mswati III, monarque de l’eSwatini, a-t-il été infecté par le Covid-19 ? C’est la question qui a agité la presse internationale en avril 2020 après que le « Swaziland news » ait révélé que le souverain absolu de cet état indépendant enclavé à l’Est de l’Afrique du Sud avait été hospitalisé avec des difficultés respiratoires importantes et au bord de l’agonie. L’information avait rapidement fait toutes les manchettes des journaux africains alors que parallèlement le gouvernement du Premier ministre Ambrose Dlamini s'empressait de démentir l’information. Dans un pays, alors relativement peu touché à l’époque par la pandémie et où la liberté d’expression dépend du bon vouloir de son souverain, « l’épidémie de Covid-19 a mis en lumière le mystère qui entoure la santé du roi Mswati alors que l’élite traditionnelle swazi continue de batailler avec les concepts de droit à l’information et de liberté de la presse » avait noté ironiquement dans une de ses éditions, le « Mail & Guardian ». Selon toute vraisemblance, c’est un régiment de l’armée taïwanaise, fidèle soutien diplomatique de la monarchie swazi, un des derniers pays africains à encore reconnaître son indépendance, qui serait à l’origine de l’importation du virus et qui aurait transmis le covid au roi Mswati III après que le « Grand éléphant » soit venu les saluer. Le 19 février, le monarque a décidé de lever le mystère sur la question de son hospitalisation au cours d’un discours lu à la nation. Et a surpris tous ses sujets.
Sans le nommer, Mswati III a annoncé que le royaume allait bientôt bénéficier d’un médicament qu’il avait lui-même expérimenté et qui l’avait guéri du covid-19 après « avoir été testé positif la première semaine de janvier». Un cadeau de la République de Taïwan qui choit cette monarchie et qui fournit à l’ancien Swaziland une aide économique et industrielle substantielle. « Je suis reconnaissant au président de la République de Chine à Taiwan d’avoir envoyé ce médicament pour me soigner » a déclaré sur le compte Twitter officiel du gouvernement royal. De son côté, Tapeï a reconnu avoir apporté de l’assistance médicale au souverain sans pour autant mentionner la date de cette intervention. « Le ministère des Affaires étrangères est heureux d’apprendre le rétablissement réussi du roi Mswati III sous la responsabilité conjointe du personnel médical taïwanais et d’Eswatini » a simplement répondu la porte-parole du ministère des Affaires étrangères de Taïwan, Joanne Ou, qui a fait acheminer des milliers de masques de protection dans le royaume et permis l'ouverture d'un laboratoire de tests anti-covid.
Mais de quel médicament parle donc le roi de l’eSwatini, souvent caricaturé dans les médias pour son style de vie dispendieux et qui a été menacé par une tentative de révolution, il y’ a moins de trois ans ? Vite réprimée comme toutes les manifestations qui réclament plus de démocratie au sein de l’institution royale phagocytée par la famille du souverain qui règne sur les swazis depuis des siècles. Probablement du Remdesivir prescrit habituellement pour combattre le virus de l’Ebola mais finalement déconseillé par l’Organisation de la santé (OMS) dans la lutte contre la pandémie de Covid-19 alors qu’il avait été préconisé au tout début de l’épidémie. Si en Europe son utilisation est désormais contrôlée drastiquement, Taïwan a décidé de faire fi des recommandations de l’OMS et a autorisé sa distribution l’été dernier. Pour le roi Mswati III, il y a urgence à mettre un frein à cette pandémie avant qu’elle ne fasse plus de dégâts dans le royaume des montagnes, ancien protectorat britannique (Londres a également une équipe médicale). Avec 650 décès (dont le Premier ministre en décembre dernier) pour 17000 cas infectés sur une population d’un million d'habtants, l’eSwatini conserve encore les pieds sur terre contrairement à d’autres dirigeants africains qui ne jurent que par Dieu et par les plantes locales pour soigner leurs populations d’un virus dont « ils accusent l’Occident d’avoir importé sur le continent ». « Il a un succès remarquable » s’est vanté Mswati III qui a enjoint le « le peuple d'Eswatini à aller chercher ce médicament dès la confirmation de son efficacité ». « Cependant, cela peut prendre un certain temps avant qu’il ne soit disponible », a-t-il prévenu devant les députés qui ont écouté sans broncher le discours royal. D’ailleurs que peuvent-ils bien dire dans un pays où le roi est au-dessus de la Constitution d’Eswatini, détient les pouvoirs exécutif, judiciaire et législatif et où sa parole devient automatiquement la loi ou un ordre qui doit être exécuté » rappelle à juste titre le webzine politique « Afrik.com ».
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