Le sultanat djiboutien de Tadjourah a (enfin) son nouveau monarque
Le sultanat djiboutien de Tadjourah a (enfin) son nouveau monarque
Importante monarchie de l’Afrique de l’Est, alliée des Français durant la colonisation, le trône djiboutien du sultanat de Tadjourah était vacant depuis trois ans. C’est en grande pompe que le nouveau souverain, Ali Habib Ahmed, a été intronisé le 26 octobre 2022.
C’est un événement qui était attendu depuis 2019 par les Afars de Tadjourah. Ethnie principale de la République de Djibouti, disséminée également en Éthiopie et en Somalie, des milliers de personnes se sont réunies dans cette ville portuaire importante de l’Afrique de l’Est afin d’accueillir le sultan (ou dardar) Ali Habib Ahmed, 45 ans. Une cérémonie à laquelle a participé le président Omar Guelleh et une large partie du gouvernement, marquée quelques mois auparavant par une forte querelle dynastique. Le prétendant a été choisi de manière consensuelle par divers chefs de clans et sera adjoint d’un vizir, héritage lointain de l’influence ottomane très présente dans le sultanat.
Une monarchie protégée par les Français sous la colonisation
Fondé au cours du XVe siècle, le sultanat est d’abord le vassal d’un autre situé dans l’actuel Somaliland avant de prendre son autonomie. Il se fait remarquer par sa richesse commerciale et son marché aux esclaves. Sa situation géographique va attirer toutes les convoitises, en particulier des anglo-égyptiens qui auront du mal à s’imposer sur la corne du continent africain. À leur départ en novembre 1884, c’est la France qui occupe la ville de Tadjourah et obtient l’accord d’un protectorat de la main du sultan Hamed ben Mohamed. Avec la colonisation progressive de l’Afrique de l’Est, le sultanat devient un allié sur lequel Paris s’appuie et qui conserve une certaine autonomie. Il faudra d’ailleurs attendre 1928 avant que l’administration coloniale ne vienne s’installer dans la capitale de cette monarchie. Avec l’indépendance, le rôle des sultans- un trône que se partagent tour à tour deux clans- est réduit à sa plus simple expression.
L’aura des sultans de Tadjourah est restée toutefois intacte. Au décès du dernier souverain (1985-2019), Abdulkâdir « Abdo» Hoúmmed, le président Omar Guelleh lui avait rendu un vibrant hommage.