Depuis plusieurs semaines l’incertitude demeure autour l’état de santé de la reine Akoua Boni II, souveraine des Baoulés, première ethnie de Côte d’Ivoire, mystérieusement absente de son royaume. Affirmant qu’elle est décédée, certains ont nommé un nouveau monarque. La situation est désormais tendue à Sakassou, la capitale de cette monarchie traditionnelle d’Afrique de l’Ouest.
Le royaume Baoulé de Côte d’Ivoire s’enflamme. Officiellement hospitalisée depuis plusieurs semaines, l’état de santé de la reine Akoua Boni II a été entouré d’une chape de plomb par le Conseil royal. Nul ne sait si la souveraine de la première ethnie de Côte d’Ivoire est décédée ou si elle est encore vivante. En l’absence d’informations (la presse se contentant de dire timidement que la « reine a mal aux pieds » selon la formule locale consacrée et qui démontre que l’affaire est grave), les partisans de son fils, le prince Nanan Kassi Anvo, se sont empressés de le reconnaître comme nouveau monarque.
Fortes tensions autour du trône Akan des Baoulés
Des tensions familiales qui perdurent depuis la montée sur le trône de la souveraine qui a succédé à son frère décédé en 2003. Après une longue régence, elle a été nommée reine par le Conseil royal qui a évincé son fils de son droit direct à régner (prié de bien vouloir attendre qu’Akoua Boni II achève la mission qui lui a été confiée) et par la Chambre Nationales des Rois de Côte d’Ivoire. En filigrane de ce « Game of Thrones » à l’Africaine, il se pourrait même qu’un autre candidat émerge dans ce conflit de succession selon Jeune Afrique. « Certains observateurs craignent désormais l’émergence d’un troisième groupe soutenant un troisième souverain, ce qui viendrait compliquer les choses » note le mensuel dans ses colonnes. Certains citant la fille du défunt Nana Anougblé XIII comme possible future reine et successeur d'Akoua Boni II. Une querelle qui risque d'atteindre la sphèrea politique puisque le décès de la souveraine pourrait également provoquer une guerre d’influence entre le Parti Démocratique de Côte d’Ivoire-Rassemblement Démocratique Africain (PDCI-RDA) de feu le président Henri Konan Bédié (Baoulé), dans l’opposition, et le Rassemblement des républicains (RDR) du président Alassane Drame Ouattara. (Dioula), actuellement au pouvoir, tant cette monarchie traditionnelle Akan est stratégique pour les deux camps.
Le 26 juillet 2023, les tensions sont montées d’un cran quand les partisans de la reine Akoua Boni II se sont dirigés vers le palais afin d’empêcher l’intronisation d’un souverain (dont le nom n’a pas été donné dans la presse ivoirienne) afin d’y déloger les gardes présents et de s’installer à leur place afin de protéger la couronne baoulé. Les gendarmes sont intervenus afin de séparer les deux groupes. Plusieurs blessés ont été recensés au cours de cet affrontement inédit dans le royaume, installé dans en Côte d'Ivoire depuis le XVIIIe siècle, pourtant habitué à gérer de difficiles successions au trône.