Un prince, un trône et un meurtre mystérieux

Lethukuthula zulu gauche et son pere le roi des zoulous droite« C’est une grande perte pour la nation zoulou ». Mais que s’est-il passé dans la nuit du 5 au 6 novembre ?  Le prince Lethukuthula Zulu, fils aîné du roi Goodwill Zwelithini kaBhekuzulu, a été retrouvé mort dans son appartement de Northwold. Une enquête a été rapidement ouverte par les forces de police du Gauteng afin  de déterminer les circonstances de ce décès suspect qui pourrait être lié à une rivalité pour la succession au trône de l’empire amazoulou où à un vol qui a mal tourné.

« La confirmation de la cause exacte du décès dépendra de son analyse post-mortem ». Au matin du 6 novembre, un corps a été découvert par les gardes de sécurité, dans un appartement du complexe résidentiel de Graceland One, situé dans le quartier de Northwold, dans la ville de Johannesburg. L’affaire aurait pu s’arrêter là si l’homme en question n’avait pas été le fils aîné du roi des Zoulous, Goodwill Zwelithini kaBhekuzulu et de la reine Sibongile MaDlamini. Dépêché sur place, le brigadier de police du Gauteng, anciennement connu sous le nom d’Etat Libre du Transvaal, Mathapelo Peters a confirmé devant la presse qu’une enquête avait été ouverte afin de déterminer comment et pourquoi Lethukuthula Zulu était décédé. D’autant plus étrange que le prince royal hébergeait un ami qui semble n’avoir rien entendu.

Le roi Goodwill zwelithini«Le dossier d’enquête ouvert au poste de police de Honeydew, le 6 novembre, pour enquêter sur les circonstances de la mort du prince Lethukuthula Zulu, s’est avéré être une affaire de meurtre, sur la base des preuves préliminaires issues de l’enquête initiale ». La pression exercée par la monarchie zoulou sur la police du Gauteng s’étant accentuée en 48 heures, la police du Gauteng a  rapidement émis un communiqué et confirmé que le prince royal avait été assassiné. Avant d’ajouter que l’appartement de Lethukuthula Zulu avait été vidé de plusieurs objets de valeur et de fortes sommes d’argents puis de lancer un appel à témoins. « La police fait appel à toute personne qui pourrait avoir des informations, pour aider dans cette enquête à contacter le poste de police de Honeydew ou le poste de police le plus proche, ou d’appeler le numéro de Crime Stop 08600 10111 » a demandé le brigadier Mathapelo Peters aux habitants.

Shaka zulu photo du film emponyme acteur henry cele 2L’affaire fait grand bruit dans la province du Kwazulu. Agé de 50 ans, le prince Lethukuthula, bien que premier d’une longue fratrie, n’était pas pour autant l’héritier du trône. Bien que monarchie héréditaire, c’est le souverain qui désigne lequel de ses enfants lui succédera, peu importe sa place au sein de la maison royale, dont le nom est soigneusement cacheté dans une enveloppe et qui sera révélé par le conseil royal. Des rumeurs affirment que le descendant de l’empereur Shaka, le «  Napoléon noir », aurait été assassiné par des membres d’une branche rivale qui tente de se rapprocher du trône de la seconde ethnie la plus puissante d’Afrique du Sud. Interviewé par City Press l’Induna (équivalent de général) Mandla Mkhwanazi a prévenu qu’il n’était pas « bon de spéculer sur les raisons de ce décès, quelques soient les raisons pour lesquelles Dieu a rappelé à lui le prince royal. « Plus personne n’est en sécurité aujourd’hui » a regretté, quant à lui, l’Inkosi (roi) Simphiwe Zuma du clan Nxamalala qui a pointé du doigt un possible règlement de compte au sein de la maison royale. Une tradition de violence chez les zoulous et dont l’histoire regorge d’exemples. Ainsi après avoir fait plier des dizaines d’ethnies sous son joug, le fondateur de l’empire zoulou et stratège hors-pair, Shaka kaSenzangakhona est la victime d’un complot orchestré en 1828 par ses frères qui craignaient de se faire empaler. Ses successeurs connaîtront le même sort. Dingane Zulu sera abattu par ses soldats en 1840 dans une forêt et Mpandé Zulu décède mystérieusement en 1872 alors que le royaume connaît une guerre de succession où chaque camp réclame l’aide des boers et assassine les fils de l’autre pour mieux s’emparer d’une couronne en déliquescence. Un empire qui sera finalement démembrée par les anglais en 1887 et recrée sous la forme d'un bantoustan en 1979.

Chief mangosothu buthelezi« Les preuves critiques qui auraient facilement pu être négligées ont été effectivement extraites de la scène du crime par les experts en criminalistique . Les preuves traitées ont aidé l’équipe d’enquête à établir un lien possible entre les suspects et le crime ». Le 23 novembre, la police du Gauteng a annoncé avoir arrêté quatre femmes, âgées de 27 à 42 ans, et un homme de 32 ans. Des objets du prince ont été retrouvés à leur domicile ainsi que des substances laissant penser que le prince a été drogué comme son ami avant d’être assassiné. « L'enquête se poursuit et nous envisageons de découvrir éventuellement plus de preuves qui permettra de présenter devant les juges toutes les preuves permettant de les juger » a déclaré dimanche dernier, le brigadier Mathapelo Peters. « C’est une grande perte pour la nation zoulou » a déclaré un membre de la famille royale qui a assisté aux funérailles du prince. Ancien ministre de l’Intérieur, premier ministre du roi et opposant historique au Président Nelson Mandela, Chief Mangosothu Buthelezi a demandé que la presse cesse de se poser des questions sur les raisons de la mort du fils du souverain, rappelant qu’il n’était pas l’héritier et que le roi a 6 épouses parmi lesquelles de nombreux fils, dont un qui lui succéderait ».

Roi de la nation zoulou depuis 1971, Goodwill Zwelithini kaBhekuzulu est un monarque connu pour ses critiques récurrentes contre le gouvernement sud-africain. Récemment il a signé un accord avec des organisations d’extrême-droites afrikaners qui s’opposent à la réforme des terres. Ses propos controversés sur les immigrés et les homosexuel(les) ont été plusieurs fois condamnés par les associations de droit de l’homme et une opposition, tous pointant du doigt les pouvoirs quasi absolus du roi (qui a menacé plus d’une fois de faire sécession du reste du pays) et un budget en constante augmentation chaque année.

Copyright@Frederic de Natal

 

Public

 

 

 

Date de dernière mise à jour : 28/11/2020

Ajouter un commentaire