Nouvelles tensions dans le royaume zoulou autour de l'Ingonyama Trust

Depuis la montée sur le trône du roi Misuzulu en 2021, les tensions ne cessent de secouer la monarchie zouloue. Dernier épisode en date des rivalités internes qui frappent la maison royale, la volonté du souverain de diriger l’Ingonyama Trust, une entreprise qui protège les terres de la seconde ethnie sud-africaine et qui a été placée sous la seule autorité du monarque. En voulant changer les règles du jeu, le roi Misuzulu s’est attiré la colère du prince Mangosuthu Buthelezi et des Amakhozis. Un bras de fer qui pourrait profiter au prince Simakade Zulu qui réclame le trône de l’Empereur Shaka à son profit. 

L’Ingonyama Trust est un vieil héritage de l’ancien régime d’apartheid qui attise toutes les convoitises au sein de la famille royale zouloue. Créé alors que le KwaZoulou n’était qu’un bantoustan, il rassemble aujourd’hui près de 30% des terres (28 000 kilomètres carrés) sous la seule autorité du roi Misuzulu Sinqobile kaZwelithini. Les huit membres de son Conseil d’administration sont directement nommés par le ministre fédéral du Développement rural et de la Réforme agraire, après consultation et approbation du roi, du premier ministre et du président de la Chambre des chefs traditionnels (Amakhozis) de cette province sud-africaine. Depuis peu dans le collimateur de Pretoria, le gouvernement du président Cyril Ramaphosa souhaite faire casser le Trust afin de pouvoir lancer une réforme de redistribution des terres (encore principalement aux mains de la minorité Afrikaner). 

Le roi Misuzulu s'empare de l'Ingonyama Trust

Face à cette menace permanente, le souverain a subitement décidé de changer les règles du jeu en nommant lui-même les nouveaux membres du Conseil d’administration de l’Ingonyama Trust sans consulter au préalable son Premier ministre, le prince Mangosuthu Buthelezi. Poids lourd de la politique sud-africaine, ancien opposant au Président Nelson Mandela, il est celui qui a permis au roi Misuzulu Sinqobile kaZwelithini de monter sur le trône en 2012 alors que ce dernier était sévèrement contesté par une partie de sa famille. Très irrité, le prince Mangosuthu Buthelezi n’a d’ailleurs pas manqué de le faire remarquer lors d’une conférence de presse où il a solennellement averti le monarque des Zoulous. Plaidant pour un retour à l’ancien système de gestion de l’entreprise royale exonérée d’impôts, début juin,  il même réuni à Ulundi, la capitale de la monarchie, les principaux Amakozis (chefs traditionnels) qui ont apporté un soutien sans faille au prince Mangosuthu Buthelezi. 

Bras de fer entre le monarque et son Premier ministre

« Présider le conseil d'administration d'Ingonyama Trust est nécessairement un travail à plein temps. Cela exige une connaissance approfondie de la loi, une compréhension approfondie du droit autochtone et coutumier et un engagement à être en fonction tous les jours pour gérer ces questions complexes de manière pratique » a rappelé le prince Buthelezi. » « Sa Majesté, notre défunt roi Goodwill Zwelithini kaBhekuzulu, a fait preuve d'une grande sagesse en plaçant les affaires de l’Ingonyama Trust entre les mains de l’ancien juge Jérôme Ngwenya , une personne ayant l'expérience, les compétences et la loyauté » a poursuivi Mangosuthu Buthelezi qui a ironisé en se demandant comment le roi pouvait à la fois gérer le royaume et le Trust sans prendre conseil de quiconque. « Sa Majesté ne peut pas accomplir le travail complexe, onéreux et à plein temps de président du conseil d'administration, tout en régnant en même temps sur la nation zoulou » a déclaré celui qui a été ministre fédéral de l’Intérieur entre. Selon lui, une coterie influencerait le monarque afin de récupérer les revenus substantiels que rapporte le Trust à la couronne. « Il y a des rumeurs de pots-de-vin offerts et des stratégies développées pour s'assurer que le riche héritage de la nation zouloue puisse nous être enlevé, pour l'enrichissement de quelques individus corrompus » a ajouté Mangosuthu Buthelezi qui pointe du doigt Jacob Mnisi. Magnat minier de la province de Mpumalanga, c’est lui qui a financé le mariage de l’Inkosi Thanduyise Mzimela, nommé à la tête du Trust par le roi Misuzulu. « S'ils réussissent, notre roi aura vendu notre terre. Il vendra le terrain même sur lequel nous avons nos maisons à quelqu'un dans une autre province, qui nous accuse d'être tribalistes alors que nous voulons protéger notre patrimoine » regrette l’oncle du monarque cité par le quotidien Iol et qui menace de démissionner au risque de provoquer une crise politique sans précédent.

De nouvelles dissensions qui ont fait l'ouverture de tous les médias sud-africains et qui pourraient bien faire les affaires du prince Simakade Zulu. Candidat évincé au trône zoulou, il a lancé une action en justice afin de faire valoir ses droits. Arguant d’un testament falsifié, une partie de la maison royale refuse de reconnaître l’actuel monarque et souhaite faire exhumer le corps du défunt souverain qu’elle suspecte d’avoir été empoisonné comme deux autres reines. Une ambiance de guerre civile qui déjà causé le décès de 10 chefs traditionnels par mort violente lors d'affrontements entre factions rivales, tous proches du roi Misuzulu Sinkonbile de Zwelithini.

Copyright@Frederic de Natal

Date de dernière mise à jour : 05/06/2023

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