Ancien ministre de l’Intérieur, leader de l’Inkhata Freedom Party, le prince Mangosuthu Buthelezi s’est éteint à l’âge de 95 ans. Le gouvernement sud-africain lui a organisé des funérailles nationales. Des milliers de guerriers zoulous se sont rassemblés afin de lui rendre un dernier hommage.
Début septembre 2023, le prince Mangosuthu Buthelezi s’est éteint à l’âge de 95 ans. Figure majeure de l’histoire sud-africaine contemporaine, membre de la maison royale zoulou, il était également le Premier ministre du roi Misuzulu, monarque traditionnel de la nation zoulou. Personnage controversé, Mangosuthu Buthelezi avait fini par rallier le régime de ségrégation raciale tout en affirmant le combattre de l’intérieur. Leader de l’Inkahata Freedom Party (IFP), une force politique et militaire, rival de Nelson Mandela (icône de la lutte anti-apartheid) durant des décennies, il avait fini par sceller un accord de réconciliation avec ce dernier à la veille des premières élections multiraciales (1994) évitant ainsi au pays de sombrer dans une violente guerre civile. Nommé ministre de l’Intérieur, il a conservé ce poste entre 1994 et 2004, le cumulant avec celui de député (1994-2019), restant un lleader influent, craint et respecté.
« Nous avons perdu un géant, un guide »
Samedi 16 septembre, c’est sous un soleil de plomb, que le cercueil du prince Buthelezi, revêtu d’une peau de léopard, a été acheminé et placé au centre du stade d’Ulundi, près de l’autel dressé pour la circonstance. La veille, des milliers de guerriers avaient convergé vers la capitale du royaume zoulou afin de lui rendre hommage et suivre la cérémonie où étaient présents le président Cyril Ramaphosa, des chefs d’État africains, chefs de partis politiques et de princes royaux. Des funérailles nationales également retransmises à la télévision. Tour à tour, diverses personnalités de la maison royale sont apparues sur l’estrade officielle et vanter les qualités du prince Mangosuthu Buthelezi. Ses petits enfants ont rappelé combien il était « l'essence même de la compassion, le gardien des traditions, de la culture zoulou », l'ont remercié pour tout ce qu'il a fait pour la nation, l'Afrique du Sud en combattant l'Apartheid et contribué à construire une nation multiraciale, assurant qu’ils continueraient à « défendre son héritage ». Un legs qui suscite beaucoup de débats en Afrique du Sud et sur lequel le gouvernement fédéral a jeté un voile pudique, préférant accentuer ses actions en faveur de la paix. « Nous avons perdu un géant, un guide » a déclaré l’IFP.
Lors de son allocution, délivrée en zoulou et en anglais, le président Cyril Ramaphosa s’est félicité du succès de la cérémonie, « une formidable célébration de vie ». Le dirigeant sud-africain a pointé du doigt l’impact que le prince Buthelezi a eu pour l’Afrique du Sud, sa vision pour le pays et la préservation de l’environnement, la monarchie zouloue en réhabilitant ses traditions et la mémoire de Shaka Zulu. Le président Cyril Ramaphosa a également salué la lutte politique qu’il a mené comme président de l’IFP, « servant l’Afrique du Sud avec passion et amour ». La dépouille du prince Mangosuthi Buthelezi devrait être enterré dans un lieu secret comme le prévoit la coutume zoulou.
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