Nicolas Petrovitch-Njegosh appelle ses compatriotes au calme

« Je tiens à féliciter l'ensemble de la société monténégrine, à commencer par ses citoyens, pour la tenue pacifique de ces élections, marquées par de fortes tensions, tant en raison de leur importance qu'en raison de la présence de l'épidémie ». Le 30 août, les monténégrins ont été appelés à renouveler leur parlement sur fond de tensions avec la Serbie voisine. Face au risque d'une guerre civile, le prétendant au trône, le prince Nicolas (II) Petrovitch-Njegosh a décidé de s’inviter dans le débat politique en faisant des propositions pour l’avenir du pays tout en tentant de conserver cette position de neutralité que lui impose sa charge.

C’est d’une courte tête que le parti du président Milo Djukanoviç et du premier ministre Duško Markovi? a remporté le premier tour des élections législatives du 30 août. Un résultat qui ne permet pourtant pas au Parti Démocratique de continuer à diriger confortablement le pays dont il est à la tête depuis trois décennies. Selon divers experts, Milo Djukanoviç paye le vote d’une loi controversée qui nationalise diverses églises gérées par l’épiscopat orthodoxe serbe et qui a déclenché une vague d’indignation tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du Monténégro. Lui-même quatre fois Premier ministre entre 1991 et 2016, ayant mené le pays vers son indépendance en 2006 et accusé de corruption, le pro-européen président Milo Djukanoviç pourrait être contraint de gouverner avec une coalition hétéroclite, issue de l'opposition, formée de libéraux et d’extrémistes de droite serbes. Jusqu’ici silencieux sur les événements en cours au Monténégro, prétendant au trône d’un pays qu’il a découvert en 1989, à la chute du Mur de Berlin, le prince Nicolas (ou Nikola) Petrovitch-Njegosh s’est invité dans le débat politique.

« Je tiens à féliciter l'ensemble de la société monténégrine, à commencer par ses citoyens, pour la tenue pacifique de ces élections, marquées par de fortes tensions, tant en raison de leur importance qu'en raison de la présence de l'épidémie [du covid-19-ndlr] » a déclaré le prince royal à la presse. «J’adresse également mes remerciement à nos institutions et à tous ceux qui ont coopéré sans heurts au bon déroulement des élections. En permettant le changement, ces élections ont aussi renforcé le lien existant entre tous les citoyens de ce pays, mais également de renforcer la confiance et le respect dans nos institutions » a poursuivi le prince Nicolas Petrovitch-Njegosh. « Nous partageons tous l'espoir que toute notre classe politique fera de l'amélioration des conditions de vie de nos concitoyens et de leur protection, une priorité » a rappelé le prétendant au trône.

Alors qu’il est en pleine négociation avec le gouvernement pour le rapatriement des différents membres de la maison royale enterrés en Autriche, Italie et en France, le prince Nicolas Petrovitch-Njegosh est monté au créneau de manière surprenante et a fait ses propositions. « En plus de ces élections, le Monténégro a besoin que l’on ouvre un débat sur son avenir, un débat trop souvent ignoré à causes des rivalités politiques. Ce débat devrait inclure toutes les instances politiques et civiles du pays. L'État n'a pas besoin de gagnants ou de perdants, mais d'hommes et de femmes qui sont prêts à construire conjointement un État écologique conforme à la Constitution et qui seule peut offrir un avenir souhaitable et durable à notre cher Monténégro » a expliqué le descendant du dernier roi des Montagnes noires. Une monarchie renversée en 1918 et annexée à la Yougoslavie naissante.

Durant toute la campagne, des incidents entre les deux camps politiques ont éclaté sans faire de blessés graves.  « En ce moment, j'entends et je lis que des incidents, des menaces, des réactions  croissantes de peur polluent le pays. Mon espoir, ma conviction me font croire que ce ne sont que des événements isolés et que la plupart des citoyens monténégrins veulent vivre en paix, dans un État multiethnique et multiculturel où chacun se sent en sécurité » affirme le prince qui appelle de ses forces à un nouveau débat démocratique. Celui-ci se devant d’être « constructif » et qui « devra se dérouler dans une atmosphère pacifique » selon le prince.

Le prince songe-t-il à lui-même pour conduire ce débat et s’imposer comme autorité naturelle alors que le pays pourrait sombrer dans la guerre civile ? Tout porte  le croire. « Rappelons, avec une profonde gratitude, que le Parlement monténégrin, à une large majorité, y compris l'opposition de l'époque, a adopté la loi sur la réhabilitation de la dynastie monténégrine et de son histoire en juillet 2011. Pour moi, c'était aussi un espoir que notre pays tourne la page (des années sombres-ndlr) » se permet de rappeler le prince conscient des risques et de la voie que pourrait prendre son pays. Avant d’ajouter : « plus jamais comme en 1918 [le pays avait connu une guerre civile jusqu'en 1922 entre pro-monarchistes serbes et monténégrins-ndlr], plus jamais comme les guerres que nous avons vécu dans les années 1990, ni les grandes vagues  de haine et de provocations qui les ont accompagné, plus jamais votre mort ou la mienne ne devra être la seule alternative au vivre ensemble » a averti le prince Nikola Petrovitch-Njegosh qui plaide pour que « l'énergie agressive » qui prévaut actuellement au Monténégro soit rapidement transformée en « énergie créatrice »

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