Avanti Savoia

Ogg bandiereProclamée le 2 juin 1946 dans des conditions douteuses, la république italienne a connu pas moins de 30 présidents du Conseils en 72 ans. Soit presque 1 tous les 2 ans. Continuellement instable depuis ses débuts, l’Italie vit de nouveau une énième crise politique depuis la victoire des partis populistes et euro-sceptiques aux dernières élections législatives. Des épisodes avec de multiples rebondissements qui ont contraint les membres de famille royale de Savoie à sortir de leur neutralité. 

Le prince Emmanuel-Philibert de Savoie, 46 ans, fils d’un des deux prétendants au trône d’Italie, Victor-Emmanuel (IV) de Savoie, n’a jamais caché sa proximité avec l’ancien président du Conseil, Silvio Berlusconi. Pressenti pour un poste de ministre par divers médias locaux qui ont spéculé longtemps sur cette hypothèse durant toute la campagne (avançant y compris le nom d’Antonio Tajani, le très monarchiste président du parlement européen comme premier ministre), la victoire de la coalition de centre-droit aux élections du 4 mars dernier, alliée au mouvement 5 étoiles (arrivé deuxième avec 32%) a éloigné toute possibilité au prince de faire un retour en politique. Et si sa première tentative (2008) avait été peu couronnée de succès, cette star des plateaux de télévision entend se positionner de plus en plus comme l’héritier du trône d’une monarchie déchue que 31% des italiens plébiscitent toujours (2011). 

Hier au journal « Il Giornale », le prince Emmanuel-Philibert de Savoie a déclaré que « si il avait été roi ou président de l’Italie, il aurait accepté que le(s) parti(s) gagnant(s) puisse(nt) former un gouvernement sans conditions ». Un sous-entendu à peine voilé à ce qui ressemble à une nouvelle ingérence de Bruxelles dans les affaires de la botte italienne. « Un gouvernement a été choisi, une majorité est sorti des urnes, le vote des Italiens n’est pas respecté et je trouve cela déplorable » a déclaré, un brin irrité, le petit-fils d’Humbert II, le dernier roi d’Italie. En refusant la nomination d’un ministre des finances, partisan de la sortie de son pays de l’Europe à l’instar du Brexit britannique, le président Sergio Mattarella a décidé de maintenir son pays dans l’incertitude du lendemain. Non sans provoquer une querelle institutionnelle qui n’a pas laissé le prince Emmanuel-Philibert dans l’indifférence. 

Referendum 2 giugno scheda elettorale e1496151751517« Il est regrettable de constater que le président d’un pays dont le rôle est purement honorifique fasse usage de son droit de véto au mépris du vote démocratiquement exprimé par le peuple. Les rois ont toujours été au-dessus des partis, que ce soit pour le meilleur ou le pire, ont ratifié tous les gouvernements sans s’opposer au choix des italiens. Déjà sous la présidence de Giorgio Napolitano, ce dernier avait usé du même droit pour s’opposer à la nomination de ministres » a surenchéri Emmanuel-Philibert de Savoie visiblement heureux de ce coup politique qu’il vient de réaliser.  Un prince qui a récemment fait la une des quotidiens italiens en assistant à la traditionnelle marche de San Gennero afin de voir le miracle saint s’y accomplir une fois de plus. Emmanuel-Philibert de Savoie avait alors déclaré publiquement à la presse, « qu’il était du devoir de la maison royale » d’être à Naples pour cette occasion importante dans la vie chrétienne des italiens.

Partage-t-il pour autant la vision eurosceptique de ce gouvernement toujours en cours de formation alors que le président italien a annoncé durant la nuit qu’il acceptait finalement la formation du gouvernement conduit par le professeur Guiseppe Conte ? Pour le prince Emmanuel Philibert de Savoie, l’appel au respect de la démocratie ne rime pas forcément avec un blanc-seing donné à la coalition gouvernementale. Le prince de Venise ne souhaite pas voir pour autant l’Italie quitter l’Europe, considérant que « son pays ne pourrait pas survivre économiquement à une sortie de cette institution ». Un appel qui semble avoir été entendu puisque les deux prochains ministères clefs de l’économie et des affaires étrangères ont été finalement confiés à deux pro-européens comme ultime concession pour l’arrivée au pouvoir des populistes

Le prince Aimone de Savoie-Aoste et ses deux filsLes monarchistes à la chambre ? L’élection du professeur Giuseppe Basini, membre du bureau politique de l'Union monarchique Italienne, la plus vaste association monarchiste italienne qui revendique 70 000 adhérents, comme député de Rome (sous les couleurs de Forza Italia) reste prometteuse. Et confirmant de facto les rumeurs d’un accord politique entre le parti de Silvio Berlusconi et les royalistes italiens, en dépit de leur division dynastique. Mais quelle est donc alors la position du prince Amédée de Savoie Aoste, autre prétendant au trône et qui a les faveurs d’une majorité de monarchistes italiens ? Elle rejoint celle de son adversaire avec qui il avait fait les choux gras de la presse lors de la bataille juridique autour des dépouilles ramenées en Italie du roi Victor-Emmanuel III et de son épouse (décembre 2017). Le 28 mai au journal « La Nation », le fils de l’éphémère roi de Croatie, a déclaré si il avait « été souverain, il aurait également accepté le gouvernement proposé sans objections ». « A quoi sert de faire des élections, si l’état ne prend pas la peine de respecter le vote de ses électeurs ? » a déclaré le prince de Savoie-Aoste qui donnait ici un avis tranché sur la crise en cours.

Assez rare pour être noté et à moins de 48 heures de l’anniversaire de la chute de la monarchie alors que les partisans des deux prétendants s’apprêtent à défiler dans les rues des principales villes afin de réclamer le retour de la monarchie. D’ailleurs dans son édition du 31 mai, le journal «Il Tempo» posait la question d’un éventuel retour des Savoie, consacrant un article sur cette nostalgie monarchiste qui parcourt actuellement le pays avec ce titre : « Avanti Savoia ! » (« En avant les Savoie ! »). 

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Publié le 3/03/2018

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