Hommage à un Capétien

Prince jean d orleans«Le prince arrive, il est avec sa mère et son frère ! ». Les quelques photographes présents arment leurs appareils, les partisans de la maison d’Orléans ont dégainé leurs Androïds ou leurs I-phones, tous prêts à faire les photos qui vont se retrouver rapidement sur les réseaux sociaux. Empruntant le même chemin que son père, feu Henri (VII) d’Orléans, le nouveau comte de Paris arrive avec sa mère, la princesse Marie-Thérèse de Wurtemberg, duchesse de Montpensier, au bras. Les flashs crépitent, tous jouent du coude, « Monseigneur, s’il vous plaît ! » peut-on entendre de la part des photographes qui tentent de capter l’attention des membres de la famille royale.  Jean d’Orléans, le IVème du nom, si sa maison était encore sur le trône de France, a le pas assuré. Il est à cet instant pleinement le nouveau comte de Paris et le chef de la maison royale de France.

Quelques mots rapides échangés avec les uns et les autres avant de pénétrer dans l’église Saint-Germain-l’Auxerrois, il y a déjà une centaine de personnes, réunies dans le chœur,  attendant patiemment dans ce lieu consacré.  Tous se lèvent.

Le protocole a été respecté. La duchesse de Montpensier se dirige vers la chaise qui lui a été avancée. Marie –Thérèse de Wurtemberg, tout de noire vêtue, couleur de deuil oblige, s’agenouille respectueusement devant l’autel. A sa droite, deux photographes saisissent l’instant. Suivent derrière elle, la princesse Marie d’Orléans, Eudes d’Orléans, le frère du prince Jean, titré duc d’Angoulême et accompagné de son épouse Marie-Liesse de Rohan-Chabot. Quatrièmes dans l’ordre de succession au trône de la maison d’Orléans, les « Angoulème » sont l’image, le symbole de la réconciliation entre partisans des Orléans et des Bourbon. Et enfin, le chef de la maison royale de France. Il fait face à l’autel, une génuflexion, un baiser à sa tante, la princesse et baronne Chantal de Samburcy de Sorgue. La musique joue dans la nef, il prend place à la droite de sa mère, devant son frère et sa belle-sœur. Tous attendront que le prince s’asseye avant de s’exécuter eux-mêmes. Noblesse oblige.

Les minutes passent, l’abbé Guillaume de Tanoüarn qui doit officier cette messe en hommage au défunt comte de Paris avec le père Gilles Annequin est en retard, bloqué dans les manifestations des Gilets Jaunes. Il ne pourra venir. Dans la capitale, deux Paris se font faces sans se côtoyer. Celle de la contestation, celle du souvenir mais toutes deux s’inscrivent assurément dans l’histoire. La cérémonie d’hommage commence avec presque une demi-heure de retard sans la présence de la comtesse douairière, Micaela Cousino Quinones de Leon, alitée à l’hôpital. Elle empreinte tout du rite sacré tridentin du Pape Pie V, les chants en latin résonnent dans toute l‘église, le tout animé par l’Ensemble Camera Vocis et sous la direction du tout nouvel organiste de l’église, Michael Matthes.

Quelques retardataires arrivent doucement et prennent place, gênés.  On peut voir dans l’assistance un ou deux hauts-gradés de l’armée française (dont le général Georgelin, ancien chef d’état -major), journalistes connus ou des cadres historiques de la Nouvelle- action royaliste (NAR), sympathisants et royalistes convaincus. Il y’a là des touristes qui passent et repassent, intrigués, se demandant bien qu’elle est donc la raison de cette messe. Sous la statue de la vierge, debout, une dame semble transcendée dans la prière. Elle a les larmes aux yeux. Moment de solennité même si on serait bien en mal d’affirmer qu’elle prie pour le repos de feu le comte de Paris.

Prince jean et eudes d orleansLe sermon du père Annequin est court. Il parle humblement « d’Henri ». Ici le caractère sacré inhérent au prince Capétien a été remplacé par celui plus modeste d’un serviteur du Seigneur qui repose désormais dans la chapelle royale de Dreux aux côtés de ses ancêtres, de ceux qui ont fait l’Histoire de France. Un rapide hommage au Lieutenant- colonel Arnaud Beltram qui a donné sa vie pour sauver un otage à Trèbes, la cérémonie s’achève.

Les portes principales de l’église vont s’ouvrir. Le prince Jean d’Orléans est l’objet de toutes les attentions. De nouveau, flashs et téléphones portables sont à l’œuvre, on le salue, il parle avec le père Annequin, le remercie. Le comte de Paris a le sourire facile. Une fois à l’extérieur, on se presse autour de lui et de sa famille. Deux camelots de l’Action française en profitent pour vendre le « Bien commun ». Jean d’Orléans prend le temps de parler à tout le monde avec un mot pour chacun. Opération de charme réussie pour la maison d’Orléans et de l’avis de tous. Le soleil est au rendez-vous. La cérémonie avait débuté sous les nuages gris, tout un symbole pour ce descendant d’Henri IV qui repart à Dreux comme il est venu. Royal et en toute simplicité.  

Copyright@Frederic de Natal

Photos@KevinGuillot

Publié le 24/03/2019

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