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Retour de l'absolutisme dans la monarchie du Tonga ?

La monarchie du Tonga est entrée en crise politique. Le roi Tupou VI des Tonga a retiré sa confiance à deux membres du cabinet, n’hésitant pas à outrepasser ses pouvoirs limités par la Constitution de cette île du Pacifique. Un incident qui souligne les tensions persistantes entre l’institution royale et le gouvernement élu, créant des incertitudes quant à la stabilité politique de ce royaume insulaire.

C’est un tsunami politique qui a submergé le royaume du Tonga. Absent du royaume en raison de soucis de santé depuis trois mois, le Premier ministre Siaosi Sovaleni, qui se repose en Nouvelle-Zélande, a appris dans une lettre datée du 2 février 2024, que le roi Tupou VI, 65 ans, lui avait retiré sa confiance, le privant de son droit de désigner le ministre des Forces armées (poste que le chef du gouvernement occupe) et celui de ministre des Affaires étrangères. 

Le roi tupou VI et son Premier ministre Siaosi Sovaleni

Le roi Tupou VI a t-il outrepassé son droit constitutionnel ?

Face aux nombreux commentaires suscités par la publication sur les réseaux sociaux du document royal et qui ont plongé le pays dans le doute, Matangi Tonga, un site d'information tongien, a fini par confirmer l'authenticité de la lettre, citant le vice-Premier ministre des Tonga lui-même. Seule femme du gouvernement, Fekita 'Utoikamanu, nommée au poste de ministre des Affaires étrangères et du Tourisme sans l’aval du monarque et sans avoir été élue à la Chambre, est au coeur du cyclone et de l’irritation royale. Si le Premier ministre a d’ores et déjà assuré la ministre de sa confiance, certains députés au Parlement se sont réunis le 12 février suivant et  ont exigé que le gouvernement explique les raisons de l’absence prolongée du Premier ministre. Ils se sont également interrogés sur son aptitude à rester en fonction. Pour seule réponse, le Premier ministre par intérim, Sāmiu Kiuta Vaipulu, s’est contenté de déclarer que la note du roi était inconstitutionnelle, allant à l'encontre de l'article 51(a) de la Constitution, qui stipule que le roi ne peut révoquer un ministre que sur recommandation du Premier ministre. 

 

 

Les pro-démocrates dénoncent une tentative de reprise en main de la politique par le monarque

Selon la constitution des Tonga, les ministres peuvent être révoqués par le roi sur recommandation du Premier ministre ou par un vote de censure au Parlement. Certains experts estiment cependant que ces réformes, mises en place quatre ans après des violentes manifestations qui ont secoué la monarchie en 2006, sont restées inachevées. Dans les faits, le monarque conserve toujours une autorité significative, notamment un droit de veto sur la législation gouvernementale. Face à cet excès d’autoritarisme du roi, monté sur le trône en 2015, les pro-démocrates ont exprimé leur préoccupation face à cette décision du roi qui " constituerait une menace sérieuse pour le système démocratique actuel". Selon le Comité pour la démocratie et les médias pour la réforme politique 2010 des Tonga (DMTPR 2010), rien ne justifie la décision du roi Tupou VI alors que " les rôles du souverain et du gouvernement restent bien équilibrés grâce à la constitution".

Le 16 février, le gouvernement a annoncé le retour immédiat du Premier ministre Siaosi Sovaleni. En poste depuis 2021, il devrait rencontrer le roi Tupou VI après avoir consulté la Chambre. Le Tonga retient actuellement son souffle. Si l’institution royale n’est pas remise en cause, faute de résolution, l’île pourrait connaître de nouvelles tensions fragilisant sa stabilité.

Copyright@Frederic de Natal

Date de dernière mise à jour : 20/02/2024

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