À la tête d’un gouvernement qui réunit divers mouvements d’extrême-droite, le retour au pouvoir du Premier ministre Benyamin Netanyahou a provoqué de vives tensions en Israël. Face aux diverses crises que traversent la « Terre promise » depuis son indépendance, une petite minorité d’Hébreux plaide pour un retour de la monarchie. La lignée davidique, présente dans la Bible, ne serait pas éteinte. Fondateur du mouvement royaliste Malchut Israël, le Rabbin Yosef Dayan affirme être le légitime descendant du Roi David.
La mort du roi Salomon en 931 avant Jésus-Christ (av-J.C.) va provoquer un schisme au sein du royaume d'Israël. Réunie dans la ville de Sichem, l’assemblée du Peuple profite de ce décès pour réclamer à son fils et successeur, Roboam, un allégement des impôts et l’abolition des corvées mises en place sous le précédent règne afin d’embellir le royaume. Le nouveau souverain refuse d’obtempérer. Lassées de ne pas être entendues, les tribus du Nord refusent de prêter allégeance et font sécession. La « Terre promise » se retrouve alors scindée en deux monarchies. Celle du royaume de Juda avec Roboam à sa tête, celle d’Israël avec le rebelle Jéroboam comme monarque. Écrits tardivement, « Le Livre des Rois » (Melakhim) et le « Livre des Chroniques », présents dans la Bible, nous permettent de suivre l’histoire et la vie de ces rois davidiques qui vont devoir affronter tour à tour des ennemis puissants comme les Egyptiens, les Assyriens ou les Babyloniens. Les guerres avec Israël (un royaume secoué par de multiples conspirations pour le trône) seront fréquentes sans que l’un des deux monarques ne l’emporte sur l’autre avant de signer une alliance. On y trouve même un véritable épisode digne de la série « Game of Thrones ».
La chute du royaume de Juda
Roi en 848 av-J.C. Joram fait assassiner ses six frères lorsqu’il ceint la couronne. Désigné comme impie, il fut un adorateur du culte de Baal et laissa la prostitution proliférer dans Jérusalem, manipulé par sa femme Athalie. Certainement la main derrière le poignard qui mit pratiquement fin à la lignée davidique de Juda. À l’exception d’une seule personne. Sauvé du massacre, le neveu de Joram, Joas put revenir sur le trône de Juda grâce à un coup d’État et l’occuper de 831 à 796 av. J.C. Sa fin reste tragique, assassiné dans son lit par deux de ses serviteurs. Une juste vengeance selon la littérature rabbinique versant dans les prophéties et qui rappelle que cette lignée royale fut maudite après le massacre des prêtres par le roi David. Son fils, Amasias, connaît le même sort en 767 av-J.C. Le royaume de Juda perd progressivement en stabilité et vacille. Joachin (roi de 598 à 597 av-J.C.) n’arrive pas à repousser une invasion babylonienne conduite par le roi Nabuchodonosor II qui s’empare de Jérusalem et déporte tous les Juifs qui habitent dans la capitale. Le palais royal et le Temple de Salomon sont pillés. Il est probable que le souverain soit mort en captivité (c’est de lui d’ailleurs que descend un certain Joseph, époux de Marie, parents de Jésus Christ). Le dernier souverain de Juda, fantoche, sera finalement emmené en captivité à Babylone où il meurt à son tour en 587 av-J.C., deux siècles après la fin du royaume d’Israël.
Une lignée à la tête du Grand Sanhédrin
En 168 av-J.C., une révolte éclate contre les Séleucides, une dynastie qui règne sur une large partie de la Mésopotamie, dirigée par Mattathias, un prêtre de la lignée sacerdotale de Yehoyarib. Il va établir le royaume indépendant de Judée qui va connaître deux dynasties : les Hasmonéens et les Hérodiens. Ce sont ces derniers qui croisent la route de Jésus Christ dans un pays occupé par Rome. Sous ces deux dynasties, les rescapés de la lignée davidique ne jouent aucun rôle de grande importance, soigneusement écartés par les monarques qui se succèdent. On ne sait pas grand-chose de leur vie, exceptée celle de Hillel qui fut un chef religieux pharisien sous le règne du roi Hérode le Grand (73-4 av-J.C.) et une référence dans la culture judaïque. Ou encore celle de Siméon ben Gamliel Ier, son petit-fils qui fut le Nasi (président) du Grand Sanhédrin, l’Assemblée législative de Judée dont le terme hébreu a été réintroduit en France par Napoléon Ier en 1807 et dont le poste fut quasi héréditaire. Il fut également un des leaders de la révolte contre Rome et exécuté sur l’ordre du gouverneur Josephus-Flavius en 69 après Jésus-Christ.
Une prétendant davidique controversé
Des membres de la lignée davidique auraient occupé par la suite la position d’exilarque (« chef de l'exil ») lors de la conquête arabe. Reconnus, ils eurent des destins divers, tentant d’établir des exilarcats dans le califat fatimide (avec David Ben Daniel qui fut destitué et tué en 1094), y compris dans le sud de la France et en Espagne. Dans son livre, « Une principauté juive en France féodale », Arthur J. Zuckerman affirme qu’entre 768 à 927 de notre ère, une principauté juive dirigée par des davidiques exilarques aurait eu une réelle existence en France féodale. Mais cette théorie est vivement contestée. Il existe encore aujourd’hui de nombreuses branches, descendantes du roi David, qui ont perduré à travers les siècles, mais qui n’ont laissé aucune trace dans l’Histoire. Le rabbin Josef Dayan (78 ans) se réclame de l’une d’entre elles. Membre fondateur du Nouveau Sanhédrin en 2004, une assemblée à l’existence éphémère et qui a plaidé pour l’émergence d’un état pleinement théocratique, c’est un monarchiste assumé qui a créé le Malchut Israël, un mouvement d’extrême-droite nationaliste et religieux qui réclame le retour de la monarchie en Israël. Sa famille revendique le trône depuis les années 1930 (son grand-oncle a été proclamé « roi d’Israël » par des religieux orthodoxes). Israël et la Palestine sont alors occupés par les Britanniques et la maison Dayan va participer au mouvement qui va conduire l’ancienne Judée vers l’indépendance. Josef Dayan est connu pour avoir été un opposant au Prix Nobel de la Paix et Premier ministre Yitzhak Rabin (assassiné en 1995 par un extrémiste religieux juif) et au Premier ministre Ariel Sharon, un soutien controversé à des organisations terroristes ultra-orthodoxes juives.
Il est peu probable qu’Israël ne devienne une monarchie un jour (encore faudrait-il compter sur les droits des héritiers des rois Latins) mais le Rabbin Josef Dayan a le soutien d’une petite minorité de monarchistes exaltés dont il est impossible de quantifier le nombre. Si le site de son mouvement n’est plus actif, il semble que ce « prétendant » se soit mis en retrait de la vie politique locale (son fils, Hananel Dayan-Meged, a fait les titres des médias pour avoir refusé de serrer la main du chef d’état-major lors d’une cérémonie de remise de distinctions en 2006 et a été limogé de son bataillon). Un parti royaliste israélien a également émergé, mais ne semble pas avoir actuellement d’assises politiques dans le pays, ni d'activités quelconques.
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