Au cœur des routes de la Mésopotamie, Beyrouth a toujours rayonné. Balayée par les affres de l’histoire, la capitale du Liban a toujours su se relever de ses blessures. Indissociable des croisades, cette ancienne seigneurie franque à des héritiers potentiels qui pourraient relever le titre vacant.
Beyrouth est la capitale du Liban. Récemment prise sous le feu des roquettes israéliennes, la « ville qui ne meurt pas » s’est une nouvelle fois retrouvée au centre de l’actualité internationale. Toutes les caméras du monde entier se sont tournées vers cette cité, déjà connue des Égyptiens et des Romains sous l’Antiquité pour son port commercial et renommée pour son école de droit. Au carrefour de toutes les civilisations, elle a inscrit son nom lors des croisades et élever la croix de Jésus-Christ sur le plus haut de son castel.
La Maison des Guînes et des Brisebarre
C’est en 1110 que le roi Baudouin Ier de Jérusalem décide de conquérir la ville aux mains des musulmans. Point de départ de la conquête progressive de l’ancienne Phénicie, Beyrouth ne bénéficie pourtant pas des privilèges que d’autres cités prises par les croisés francs bénéficieront comme celle de Tripoli, érigée en véritable principauté pour les comtes de Toulouse. Élevée en seigneurie, elle est donnée en apanage à Foulque de Guînes, cousin du roi de Jérusalem, dont la maison trace ses origines en Flandres belge. Son décès en 1125, sans héritiers directs sur place, laisse la seigneurie vacante. N'ayant guère le temps d'aller chercher une filiation en Europe, elle sera attribuée à Gauthier Ier Brisebarre (mort en 1135) dont le nom apparaît dans quelques documents d’époque. C’est cette maison, appartenant à l’ordre des Templiers, qui va diriger cette vassalité de Jérusalem jusqu’en 1166. Elle va donner plusieurs poulains à cette terre que les musulmans tentent vainement de reprendre dans leur giron. Lorsque Gauthier III Brisebarre accède à la tête de la seigneurie en 1164, il trouve un état qui est fragilisé. Il va entamer des négociations avec le roi Amaury Ier de Jérusalem, vendre sa seigneurie (rattachée aux domaines royaux) et recevoir en échange le château de Belle Garde, situé en Israël. La dynastie des Brisebarre va continuer d’y faire souche et d'y régner jusqu’en 1265 où elle décide finalement de restituer ses biens à la couronne et face au danger mamelouk qui s’en empare quelque temps plus tard.
La maison des Ibelin et Lusignan
Après un bref intermède byzantin, la seigneurie de Beyrouth tombe entre les mains de la maison d’Ibelin. Dans le sang de Jean d’Ibelin (1179-1236) coule toute l’histoire des croisades. Fils d’’une princesse impériale de Byzance, demi-frère d’une reine de Jérusalem, connétable du royaume, il fait entièrement reconstruire la ville et ses remparts en 1205, détruits par Saladin après sa conquête de la ville sainte en 1187. Doté d’un palais richement décoré, Jean d’Ibelin redonne à la seigneurie toutes ses lettres de noblesse, y compris son indépendance vis-à-vis des autres territoires croisés. On retrouve encore ce croisé dans les affaires internes du royaume de Chypre dont il convoitera longtemps la régence et la couronne face à l’Empereur Frédéric II. En vain. Lorsque son décès est annoncé, le royaume d’Acre lui organise de fastueuses funérailles. Son fils Balian continue la lutte contre les impériaux et remporte en 1243 une victoire importante à Tyr. Les croisés se déchirent, la dynastie a du mal à se perpétuer faute de mâles. Echive d’Ibelin (1253-1312) sera la dernière dame de Beyrouth. La titulature passe alors aux Lusignan, désormais héritiers légitime de cette seigneurie par mariage, conquise définitivement par les mamelouks en 1291. Une prise qui ferme à jamais le chapitre des croisades au Levant.
Les ruines du château de Byblos, détruit au cours du XIVe siècle, comme celui de Beyrouth témoignent encore de ce passé reluisant que pourraient revendiquer les nombreuses branches existantes issues de la maison royale de Chypre et Arménie. En dépit d’une légende tenace qui affirme que les Lusignan ont disparu, différentes maisons de cette dynastie ont perduré jusqu’à nos jours, certaines très controversées et dont la généalogie est remise en cause par les historiens. S’il est difficile de déterminer qui serait le chef de cette maison royale, il en est un autre qui a des droits sur Beyrouth. La maison de La Trémoille, le prince Charles-Antoine de Ligne de la Trémoille (né en 1946), a recueilli (par défaut) les droits du dernier descendant des Guînes, décédé tragiquement en 1933,dans des circonstances étranges, à peine âgé de 23 ans. Un titre que cette famille ne porte ni ne revendique actuellement.
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