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Hommage au roi Alexandre Ier de Yougoslavie sous le sceau de l'unité

Chaque année, la maison royale de Serbie se réunit à l’église Saint-Georges d'Oplenac pour commémorer l'assassinat du roi Alexandre Ier. Le gouvernement a participé à cet hommage dont la tragédie est inscrite dans le marbre de l'histoire serbe.

Réunis pour la commémoration du 90e anniversaire de l'assassinat tragique du roi Alexandre Ier de Yougoslavie, le prince Alexandre de Serbie et plusieurs membres de la dynastie Karageorgevicth se sont rendus dans l’église Saint-Georges d'Oplenac, mausolée officiel de la famille royale.

garde d'honneur pour le prince Alexandre Karageorgévitch @Facebook

Une cérémonie officielle en hommage au premier roi de Yougoslavie

L'événement, organisé avec l’appui du gouvernement, a débuté par une sainte liturgie et une commémoration religieuse, présidée par Sa Grâce, l’archevêque et métropolitain de Šumadija, Mgr Jean, entouré du clergé de l’éparchie de Šumadija. Après la prière pour le repos de l'âme du défunt roi, une unité de la garde de l'armée serbe a formé une haie d'honneur, l'orchestre militaire jouant l'hymne national de la Serbie. La présence du Premier ministre Milos Vučević, en tant que plus haut représentant de l'État, a souligné l'importance accordée par la République serbe pour cette commémoration. C'est d'ailleurs à lui qu'est revenu l'honneur de déposer, avec les membres de la famille royale, des couronnes en mémoire de ce monarque indissociable de l’histoire yougoslave.

Les princes Alexandre et Filip devant la tombe du roi Alexandre @Facebook

Un monarque face aux tensions ethniques d'un royaume éclaté

Le roi Alexandre Ier de Yougoslavie est né le 16 décembre 1888, à Cetinje, dans la principauté du Monténégro. Fils du roi Pierre Ier de Serbie et de la princesse Zorka du Monténégro, il monte sur le trône en 1921, à la suite du décès de son père. Roi des Serbes, Croates et Slovènes, puis roi de Yougoslavie en 1929, après la proclamation du royaume du même nom, il unifie ainsi les peuples de la région sous une seule bannière, celle de sa dynastie, les Karageorgevitch. Son règne fut marqué par une volonté ferme consolider cet acquis né de la Première Guerre mondiale, loin d'être une tâche aisée dans une région profondément divisée par son histoire, sa culture et ses différentes religions. Alexandre Ier a également du faire face à de nombreuses forces centrifuges : nationalismes croate, slovène et macédonien, tensions religieuses entre orthodoxes, catholiques et musulmans, ainsi qu'une montée des idéologies extrêmes en Europe (dont le nazisme qui ne va pas tarder à fondre sur la monarchie). En 1929, face à ces divisions et au désordre politique croissant, il impose une dictature royale, dissout le parlement et interdit les partis politiques, espérant ainsi éviter la fragmentation de son royaume.

Un assassinat, prélude à la Seconde Guerre mondiale

Sur la scène internationale, Alexandre restera un acteur clef dans la création de la Petite Entente, une alliance militaire et diplomatique avec la Tchécoslovaquie et la Roumanie, visant à protéger ces jeunes nations contre les ambitions révisionnistes des grandes puissances européennes, notamment l’Italie et la Hongrie.  Malheureusement, son règne va tragiquement prendre fin. Le 9 octobre 1934, lors d'une visite officielle en France, il est victime, avec le ministre français des Affaires étrangères d'un attentat, perpétré par  les croates du mouvement oustachi.  Alexandre Ier laissera derrière lui un pays en proie à de graves tensions politiques et sociales, mais aussi le rêve d'une Yougoslavie unie qui subsistera, même après sa mort. Son fils et successeur, Pierre II,  devra supporter, seul, le poids d'une couronne, pris en tenaille par une Allemagne hitlérienne qui lui impose une alliance et les appétits tgerritoriaux de l'Italie mussolinienne. 

Le prince Alexandre rend hommage à son grand-père @Facebook

Les mots forts de son petit-fils, le prince Alexandre Karageorgevitch

Lors de son allocution, le prince héritier Alexandre a souligné l'importance historique de cet événement tragique : « Neuf décennies se sont écoulées depuis ce jour qui a profondément marqué l'histoire, non seulement de notre pays, mais aussi de l'Europe entière. La Yougoslavie a perdu un grand roi, un visionnaire qui veillait sur un pays encore jeune, pris dans un tourbillon de forces opposées cherchant à le déchirer. », a déclaré le prétendant au trône.  « Mon père, le roi Pierre II, ainsi que ses frères, les rois Tomislav et Andrej, ont perdu leur père alors qu'ils avaient le plus besoin de lui. Ma grand-mère, la reine Marie, a perdu le plus grand soutien de sa vie. L'attentat de Marseille fut une tragédie non seulement pour le pays, mais aussi pour notre famille. », a ajouté le prince Alexandre. « Beaucoup disent que l'attentat de Marseille a été le premier coup de feu de la nouvelle guerre mondiale. Mon grand-père, le roi Alexandre, a été l’un des premiers à voir le danger que représentaient les idéologies extrêmes montantes. Il a œuvré pour la paix et la stabilité, non seulement pour son peuple, mais aussi pour l'Europe. », a encore souhaité rappeler le prince royal, qualifiant cet assassinat de prélude à la Seconde Guerre mondiale. 

Un buste du roi Alexandre Ier dévoilé à Oplenac

Un hommage sous le sceau de l'unité 

La cérémonie s’est poursuivie par l'inauguration d’un buste du roi Alexandre Ier, dévoilé par le Premier ministre Vučević et le prince héritier Filip. À cette occasion, le Premier ministre a également ouver une exposition dédiée à la mémoire du souverain assassiné. Outre le Premier ministre, de nombreuses personnalités étaient présentes, notamment Nemanja Starović, ministre du Travail, de l'Emploi, des Anciens combattants et des Affaires sociales, Nikola Selaković, ministre de la Culture, et Dejan Ristić, ministre de l'Information et des Télécommunications. Des représentants de l'armée serbe, ainsi que des membres de l'organe consultatif de la couronne, étaient également présents pour rendre hommage à ce grand dirigeant, visionnaire de l'unité balkanique et défenseur des petites nations. En Serbie, plus de 30% de la population souhaite le retour de la monarchie, appuyés par des partis politiques représentés au Parlement. 

Cette cérémonie a été un moment fort de mémoire et de respect envers un roi qui, malgré la tragédie de son assassinat, continue d'inspirer les Serbes par son héritage et sa vision, symbole d'unité et de résistance.

Copyright@Frederic de Natal

Date de dernière mise à jour : 10/10/2024

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