Une série controversée

« ????????? ????», Netflix ???????????? ? ????? ??????? II (« Les derniers Tsars », Netflix raconte la vie de Nicolas II), chronique annoncée d’un fiasco ? A la veille de la commémoration annuelle du massacre de Iekaterinbourg, perpétré par les bolcheviques dans la nuit du 16 au 17 juillet 1918, l’entreprise américaine de diffusion de films et séries en  flux continu sur internet a décidé de diffuser une mini-saga sur les derniers moments du Tsar Nicolas II et de sa famille. Non sans avoir provoqué l’exaspération des monarchistes russes et de  la maison impériale des Romanov qui ont d’ores et déjà condamné cette production historique truffée d’erreurs.

 

32 3Les premiers épisodes, à peine mis en ligne, n’ont pas tardé à être lynchés sur les réseaux sociaux consacrés au monarchisme russe. Anachronismes répétés, de nombreuses erreurs historiques, des interprétations, trop de scènes de nudité (jugées pornographiques par les internautes , commentaires que l’on peut voir sur les forums des différents  médias russes, eux-mêmes pas plus tendres à l’égard de la série) , un portrait insultant du Tsar, son intimité violée, des barbes qui se décollent … les partisans des Romanov sont irrités par cette énième production qui vient d’être réalisée par Netflix. La maison impériale n’a pas tardé à réagir par l’intermédiaire de son porte-parole, Alexandre Zakatov. 

 

Interviewé par le DailyStorm, le chancelier de la couronne impériale,   a déclaré que « de nombreuses œuvres cinématographique basées sur des thèmes historiques [russes-ndlr] avaient récemment vu le jour, la majeure partie du temps de qualité médiocre » et que « cette  nouvelle série présentée ne faisait malheureusement pas exception», évoquant même « un déchet » à ignorer sans pour autant « réclamer son interdiction ». Entre le documentaire (20%) et le film (80%), quelques historiens qui interviennent pour expliquer le pourquoi du comment de tels événements,  la série « Les derniers Tsars » évoque en 6 parties dramatiques, les années de règne du Tsar Nicolas depuis sa montée sur le trône en 1894, la révolution russe jusqu’à son exécution dans la maison Ipatiev avec sa famille.

 

31 5Sanctifié par l’église orthodoxe en 2000, on ne badine pas avec l’image de Nicolas II devenue une icône que l’on honore et pour lequel on prie avec dévotion. Le moindre film qui ose une interprétation sur la monarchie russe, objet de tous les fantasmes et  qui ne serait pas contrôlé par le gouvernement, est susceptible de passer pour une hérésie historique aux yeux des dévots monarchistes.

Le film « Mathilda » (2017), qui narre les amours tumultueux de cette danseuse polonaise avec le Tsar et son cousin, le grand-duc Vladimir, avait subi les foudres des ultra-monarchistes qui refusaient que l’on racontât à l’écran un pan de la vie privée de celui qui n’était encore alors qu’un héritier au trône. Des manifestations avaient éclaté et on avait levé le drapeau de la sainte inquisition pour protéger la piété de l’empereur mise à mal par le producteur Alexis Outchitel, menacé de mort. Même la pasionaria monarchiste, la députée Natalia Vladimirovna Poklonskaïa avait crié haro sur le film et certaines provinces russes n’avaient pas hésité à décider de son interdiction dans les salles de cinéma locales. La série « Les Romanoff », cette fois produite par Amazon pour le centième anniversaire du massacre de Iekaterinbourg,  avaient connu le même destin. Mettant en scène de prétendus descendants de la maison impériale,  les monarchistes avaient crié au scandale, agacés de voir les américains trafiquer à foison leur histoire nationale. Même « Anastasia » de Walt Disney n‘avait pas échappé à l’ire et la censure des monarchistes  russes lors de sa sortie en 1997.

 

30 2Il est vrai que les erreurs ne manquent pas dans cette nouvelle série. Par exemple, lors des émeutes de 1905, on peut constater en arrière-plan le mausolée de Lénine. Et que dire de la mosquée de Saint- Pétersbourg que l’on peut voir entièrement construite alors qu’elle ne fut achevée qu’en 1920 ou encore du Kremlin qui n’affiche pas la bonne couleur de l’époque. « La maison impériale ne protestera pas contre la diffusion de la série, mais si on le lui demande, elle expliquera que celle-ci déforme l’histoire des Romanov et que nous ne conseillons pas de regarder de telles âneries » ajoute Alexandre Zakatov.

 

Pire,  la série fait foi de théories saugrenues comme la proximité (sujette à caution) de la Tsarine Alexandre avec Gregori Efimovitch Raspoutine. Une légende que les communistes avaient distillée, affirmant qu’elle couchait avec le moine fou. Que dire de cette scène caricaturale où on voit la mère du Tsar, l’impératrice-mère Marie, pénétrer dans le bureau de son fils et lui demander, sur un ton castrateur, s’il compte laisser la Russie être gouvernée par son épouse sous influence d’un Raspoutine, volontiers dépeint comme un érotomane invétéré, vicieux et à la limite de la folie mystique. 

Plus tolérant sur le sujet, Paul Koulikovsky, qui représente les intérêts de l’Association des membres de la maison Romanov, qui reconnaît les doits au trône du prince André Romanov, a déclaré que même si la docu-série était de piètre qualité, elle servait au moins à faire connaître les Romanov, leur histoire et leur patrimoine à travers le monde. Simplement « dégoûtante » a répondu sobrement et en guise de conclusion à son interview,  le porte-parole de la maison impériale, Alexandre Zakatov.

Frederic de Natal

Paru le 05/07/2019

Date de dernière mise à jour : 19/04/2020

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