La maison impériale Romanov répond à ses détracteurs

Regalia de la monarchie russe. musée du KremlinA la veille du mariage du grand-duc Georges Romanov et de Victoria-Rebecca Bettarini, la guerre fait rage sur les réseaux sociaux entre les partisans des deux branches rivales de la Maison impériale de Russie. Diverses personnalités issues du monarchisme russe ont prié par courrier le président Vladimir Poutine de ne pas cautionner le mariage prévu le 1er octobre prochain à Saint-Pétersbourg. Irritée par ces incessantes attaques, la chancellerie de la Maison impériale  n’a pas tardé à répondre à ses détracteurs sur son site officiel. « Cette  lettre ouverte est une tentative de nuire à l'honneur, à la dignité, à la bonne réputation et l'intégrité des Romanov en diffusant des informations qui ne correspondent pas à la réalité » a déclaré Alexandre Zakatov, secrétaire de la grande-duchesse Maria Vladimirovna.

Cyrille Romanov« Ses auteurs ne sont autorisés par personne à parler au nom des  descendants des familles historiques de la Russie. Tout ce qui est exprimé dans cette lettre ne reflète qu'une opinion personnelle, non basée sur des faits réels ». La Maison impériale ne décolère pas depuis la publication en avril dernier d’une lettre dénonçant au Kremlin l’illégitimité de la branche Kirillivitch au trône de Russie et rédigée par diverses personnalités du monarchisme russe . Une lettre qui ne cesse de revenir sur les réseaux sociaux, distillés par les partisans de la branche adverse (dite Nicolaïevitch) qui souhaitent faire entendre leurs voix dans cette querelle dynastique qui perdure depuis l’exécution tragique de la famille impériale en juillet 1918. « La maison impériale russe des Romanov, désormais dirigée par la grande-duchesse Maria Vladimirovna, est une institution historique, c'est-à-dire une société qui a une continuité incontestable depuis sa création et fonctionne selon ses institutions et traditions juridiques historiques internes. Son statut est basé sur la loi dynastique historique et est reconnu par les autres maisons impériales et royales du monde (y compris celles régnantes), l'Église orthodoxe russe et d'autres confessions traditionnelles, l'assemblée noble russe et les organisations aristocratiques et scientifiques étrangères faisant autorité » rappelle d’emblée sur son site la maison impériale russe.

Grand-duc Wladimir RomanovC’est en 1924 que le grand-duc Cyrille Romanov (1876-1938), grand-père de l’actuelle héritière au trône, s’est proclamé empereur, étant le plus proche généalogiquement du trône russe et répondant aux exigences de la loi Pauline de 1797. Très rapidement, son élévation au titre de « Tsar » a été contestée par une partie de sa famille et les russes blancs, certains se tournant vers le généralissime Nicolas Nikolaïevitch de Russie (1856-1929) qui avait été au centre d’un complot formé par 16 grands-ducs lors de la première révolution. Des Romanov qui souhaitaient qu’il monte sur le trône vacant avec l’abdication conjointe de Nicolas II et de son frère Michel IV, tsar d’un jour. Et si la Douma dirigée par le prince Lvov était prête à se soumettre, le grand-duc Nicolas avait refusé de violer son serment de fidélité à Nicolas II et avait renoncé. Les Romanov avaient laissé passer une chance de maintenir le régime impérial vacillant. En exil, ce géant était devenu un porte-parole des russes blancs, très actif politiquement au sein de cette communauté. Cette querelle dynastique a perduré sous le « règne » du grand-duc Wladimir Romanov (1917-1992) qui, une fois le pied posé en Russie en 1991, avait fait l’objet de violentes contestations par certains mouvements monarchistes qui ne lui reconnaissaient pas la validité de son mariage avec Léonida Bagration-Moukhrany,  encore moins celui de Cyrille avec Victoria-Melita de Saxe-cobourg-Gotha, jugé tous deux inégaux. Encore aujourd’hui les partisans de la branche Nicolaïevitch affirment que le mariage de Maria Vladimirovna avec un Hohenzollern a fait basculer les Kirillovitch au sein de la maison impériale d’Allemagne.

La Grande-duchesse Maria Romanov et le président Vladimir PoutineDes arguments réfutés par la maison impériale. « Le grand-duc George Mikhaïlovitch est membre de la Maison impériale russe, et non de la Maison royale de Prusse, tout comme, par exemple, l'héritier du trône britannique, le prince Charles de Galles, est membre de la Maison royale de Windsor, et non de Grèce ou du Danemark à laquelle son père appartenait de naissance » explique le secrétariat de la grande-duchesse. « Le grand-duc Cyrille Vladimirovitch n'était pas et ne pouvait pas être privé du droit de succession au trône en raison de son mariage, initialement interdit par l'empereur Nicolas II . Par son décret personnel du 15 juillet 1907, il a finalement reconnu le mariage du grand-duc Cyrille Vladimirovitch, et à partir de ce moment, non seulement lui, mais aussi sa femme et sa progéniture retrouvaient tous les droits appartenant aux membres de la Maison impériale » rappelle Alexandre Zakatov. Quant aux accusations de collusion avec le régime (Cyrille ayant conduit son régiment dans la Douma afin de prêter allégeance au nouveau gouvernement en février 1917), les Romanov entendent remettre les choses dans leur conexte. « Le 1er mars 1917, le grand-duc Cyrille Vladimirovitch est apparu à la Douma d'État à la tête de ses gardes, essayant de mettre en œuvre un plan conjoint avec le grand-duc Paul Alexandrovitch qui consistait à préserver Niki (c'est-à-dire l'empereur Nicolas II – ndlr)  et le trône de toutes les manières et par tous les moyens  possibles » citant un extrait d’une correspondance entre ces deux protagonistes cités. « Le grand-duc Cyrille Vladimirovitch n'a jamais prêté serment de « fidélité aux autorités révolutionnaires, mais bien au contraire, il a trouvé impossible de continuer à exercer son métier après l’abdication, l’arrestation de l'empereur Nicolas II et a fini par démissionner le 8 mars 1917 » rappelle la maison impériale.

Le Grand-duc Georges Romanov et Victoria -Rebecca BettariniDe même, les Romanov s’agacent des soupçons de collaboration avec les nazis pointés du doigt par les partisans des Nicolaïevitch. « Le grand-duc Vladimir Kirillovitch n'a pas appelé l'émigration russe à  se rallier sous les bannières  de l'Allemagne nazie. Le communiqué du chef de la maison impériale russe à tous ses compatriotes (et pas seulement à l'émigration), daté du 26 juin 1941, avait un caractère anticommuniste et en même temps patriotique » explique le secrétariat qui s’étonne de voir que leurs contradicteurs oublient que le prétendant au trône a subi un harcèlement avéré de la part des autorités allemandes tels que le démontrent des courriers signés de la main de Joachim von Ribbentrop, ministre des affaires étrangères de Hitler. Accusant les signataires de cette lettre de pécher par ignorance totale (ainsi ils affirment que le père du grand-duc Georges est redevenu catholique alors qu’il est toujours orthodoxe) ou par supputations, la Maison impériale rappelle à ses partisans que ces « séditieux » ne représentent qu’eux-mêmes. « Cette « lettre ouverte n'est rien d'autre qu'une tentative de nuire à l'honneur, à la dignité, à l'intégrité et à la bonne réputation  de la Maison impériale russe Romanov en diffusant des informations totalement fausses » conclut le communiqué du secrétariat de la grande-duchesse Maria qui a mis en ligne une série de documents et archives tentant à appuyer ses arguments. 

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Date de dernière mise à jour : 21/09/2021

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