Le monarque britannique a récemment amorcé une visite historique de trois jours au Kenya, marquée par une promesse solennelle : il s'engage à affronter les pans les plus douloureux d'une histoire commune avec son ancienne colonie. Cette démarche symbolique s'inscrit dans un effort apparent de réconciliation et de reconnaissance des souffrances passées, qui devrait être marquée par un dialogue ouvert sur les chapitres sombres de leur relation bilatérale.
Ce 31 octobre 2023, le Kenya accueille le roi Charles III et la reine Camilla dans une visite de quatre jours, marquée par un mélange complexe d'optimisme pour l'avenir et de douloureux rappels au passé colonial du Royaume-Uni. Cette visite, la première du chef d'État britannique de 74 ans dans un pays d'Afrique et du Commonwealth depuis son accession au trône en septembre de l'année dernière, est une opportunité pour les deux nations de réfléchir sur leur histoire commune et de jeter les bases d'une relation plus équitable.
Le passé douloureux de la colonisation
C’est sous un ciel pluvieux que le couple royal a été chaleureusement accueilli par le président kenyan William Ruto et son épouse. Pourtant, sous les sourires de circonstance, des nuages gris se sont amoncelés au-dessus des têtes du roi Charles III et de la reine Camilla. Le Kenya se prépare à célébrer son 60e anniversaire d'indépendance en décembre, mais les cicatrices de la répression brutale du soulèvement de guérilla Mau Mau de 1952 à 1960 demeurent vives. Durant toute une décennie, les autorités coloniales britanniques ont réprimé violemment ce mouvement, causant la mort de milliers de Kikuyus. Des massacres qui ont laissé dess traumatismes durables dans l'histoire du pays lors du départ des troupes coloniales et dans le subconcient des Kenyans.
Des réclamations et des excuses
Peu de temps avant la visite du monarque, les représentants des communautés Masaï du Kenya et de Tanzanie ont soumis une pétition à la Couronne britannique, mettant en lumière les injustices historiques restées sans réponses. Les Masaï ont exigé des excuses pour les traités de 1904 et 1911 qui ont privé leur communauté de ses terres ancestrales. Ils réclament également la reconnaissance des abus perpétrés sous la colonisation, un plan global de restitution des terres (certaines étant encore entre les mains des descendants de colons) et une substantielle compensation. « Nous n'avons jamais signé les documents de l'indépendance à la maison de Lancaster, et nous aimerions en avoir l'opportunité. Les Masaï de Tanzanie demandent au roi d'exercer son influence sur la Tanzanie pour mettre fin à la spoliation de leurs terres dans le Ngorongoro. Nous demandons à Sa Majesté la reconnaissance des injustices historiques faites aux Masaï. Enfin, nous proposons un plan global de restitution des terres et de compensation » demande le conseil des sages de Samburu, cité par Radio France International (RFI).
Des tensions et des remous contemporains
Au-delà des réclamations historiques, le présent est également marqué par des tensions. La présence continue des troupes britanniques au Kenya a soulevé des controverses, avec des récentes accusations de viols, de meurtres et de mutilations . Ces incidents ont incité le Parlement kenyan à lancer une enquête sur les activités de l'armée britannique, mettant en lumière certains défis qui contrarient les relations bilatérales entre les deux pays.
La visite du roi Charles III et de la reine Camilla au Kenya est bien plus qu'une simple rencontre diplomatique. Elle met en évidence les défis complexes et les opportunités de réconciliation entre les deux nations. La reconnaissance des erreurs passées, couplée à des gestes concrets tels que des excuses publiques et des mesures de réparation significatives, pourrait être le point de départ d'un avenir plus équitable et respectueux entre le Kenya et la Grande-Bretagne. Cette visite, malgré les tensions et les réclamations, offre l'espoir d'une relation renouvelée basée sur la compréhension, le respect et la justice.
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