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Une visite d’État entre faste royal et diplomatie retrouvée

Le président Emmanuel Macron et son épouse sont en déplacement à Londres. L'occasion de resserrer les liens entre la monarchie britannique et la République française dont le blason s'est considérablement terni sur la scène internationale ces dernières années.

Du 8 au 10 juillet 2025, Le président Emmanuel Macron et Brigitte Macron fouleront à nouveau le sol britannique, à l’invitation du roi Charles III. Deux ans après le sacre du monarque où ils s'étaient rendus afin d'assister à ala cérémonie de sacre, ce déplacement présidentiel marque une volonté claire : ressouder le lien parfois distendu entre Paris et Londres depuis le Brexit. Au-delà des dorures et des banquets, cette visite d’État s’inscrit dans une histoire complexe, faite de rivalités, d’alliances et de gestes hautement symboliques.

 

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Une relation entre miel et fiel teintée de tendresse et de méfiance réciproque

Pendant des siècles, Français et Britanniques se sont affrontés sur tous les champs de bataille européens et coloniaux. De la Guerre de Cent Ans à Trafalgar, des guerres napoléoniennes aux empires d’outre-mer, la Manche fut longtemps un fossé infranchissable. Mais au XXᵉ siècle, les deux nations ont bâti une entente pragmatique et déterminée : l’Entente cordiale en 1904, les deux guerres mondiales, la poignée de main Churchill-De Gaulle, jusqu’à la coopération nucléaire et diplomatique contemporaine. Ce socle commun, bousculé par le départ inattendu des Anglais de l'Union européenne (UE),  trouve aujourd’hui un prolongement inattendu dans la relation entre la République française et la Couronne britannique.

Si les Français gardent un souvenir ému de la reine Élisabeth II, c’est qu’elle incarnait cette continuité rassurante, ce visage d’une monarchie stable et digne. En 2022, au lendemain de son décès, Emmanuel Macron avait résumé à lui seul le respect qu’elle inspirait : « Pour vous, elle était votre reine. Pour nous, elle était la reine. » En offrant à Sa Majesté le cheval Fabuleu de Maucour pour son jubilé de platine, le président français avait voulu sceller un geste d’amitié qui symbolise encore aujourd’hui un pont entre les deux rives de la Manche.

 

 

Des moments forts entre la monarchie  britannique et la république française

Cette fois, le décor est Windsor. Si Buckingham Palace reste en travaux jusqu’en 2027, c’est dans l’enceinte millénaire du château royal que le couple présidentiel sera reçu. Loin d’être un choix par défaut, Windsor offre une intimité et un poids historique qui donnent à cette visite une tonalité presque solennelle. L’agenda est à la hauteur des fastes monarchiques. Dès leur arrivée, Emmanuel et Brigitte Macron seront salués par une garde d’honneur dans le Quadrilatère du château. La fanfare du régiment jouera la Marseillaise et  le God Save the King. Un tir de canon sera tiré dans le parc du château et à la Tour de Londres. Puis, rejoint ultérieurement par Charles III dans le Beckshire, le président passera en revue les troupes avant de rejoindre la reine Camilla et Mme Macron. Un cortège en calèche à travers Windsor devrait également rappeler les traditions les plus ancestrales de la monarchie britannique où seront présents le prince William de Galles et la princesse Kate.

Le couple présidentiel dormira dans le décor unique de Windsor, rare privilège pour un hôte étranger. Un déjeuner privé réunira le roi, la reine, le couple Macron et d’autres membres de la famille royale dans la Salle à manger d’État. Les invités découvriront aussi une exposition exceptionnelle d’objets français conservés dans la Collection royale. Plus tard, dans les jardins du château, Charles III fera visiter au président les zones de restauration écologique et de biodiversité, un sujet qui leur est cher à tous deux. 

Point d’émotion fort : la visite de la chapelle Saint-Georges, où le président et son épouse déposeront une gerbe sur la tombe d’Élisabeth II. Un geste sobre mais lourd de sens, qui prolonge le respect que les Français portent encore à celle qui, de son vivant, avait su faire de chacune de ses visites en France un moment d’unité franco-britannique. En écho à cet hommage, Emmanuel Macron se recueillera également à Londres devant la tombe du Soldat inconnu, avant de saluer les statues de Churchill et de De Gaulle, deux figures qui incarnent mieux que quiconque l’alliance dans la tempête.

Mais ce séjour ne se limite pas au protocole royal. Dans la capitale britannique, le président Emmanuel Macron aura l’honneur, rarissime, de s’exprimer devant les deux chambres du Parlement britannique à Westminster — un privilège que Charles III avait lui-même connu à l’Assemblée nationale. Il y exposera sa vision de la relation post-Brexit, de l’Europe de la défense et des grands défis communs, notamment l’IA et la transition écologique. Le président visitera ensuite l’Imperial College pour rencontrer chercheurs et innovateurs britanniques dans les technologies émergentes, symbole d’un partenariat tourné vers l’avenir.

 

 

Un agenda politique cher à Emmanuel Macron

Le volet politique culmine au 10 Downing Street, où Emmanuel Macron et Brigitte Macron partageront un déjeuner avec le Premier ministre Keir Starmer et son épouse . Jeudi, dernier acte de ce ballet diplomatique : un sommet franco-britannique pour aborder la coopération bilatérale, la défense, l’énergie, l’Ukraine et les questions migratoires. En coulisses, chacun sait que ce voyage vise aussi à rappeler que Londres reste, malgré le Brexit, un partenaire incontournable pour Paris.

Enfin, un banquet d’État à St George’s Hall et un dîner offert par le Lord-maire au Guildhall rappelleront, à travers fastes et toasts, combien la diplomatie du protocole est encore un levier puissant. Et comment la famille royale, par sa popularité et son sens du symbole, contribue à l’influence britannique sur la scène internationale.

Si la date de cette visite ne doit rien au hasard, elle n’est pas sans arrière-pensée. Venir en juillet, avant la venue annoncée de Donald Trump en septembre, n’est pas anodin : Charles III, échaudé par l’actuel président américain, se réjouirait de recevoir d’abord Emmanuel Macron, qui s’est imposé ces derniers mois comme l’un des interlocuteurs les plus attentifs à l’Europe et à l’Ukraine. Au détriment de la scène nationale où il est absent. 

En renouant les fils parfois effilochés de l’Entente cordiale, Emmanuel Macron et Charles III inscrivent leur rencontre dans une continuité qui dépasse leurs mandats respectifs. Entre Windsor et Westminster, se joue bien plus qu’un échange de politesses : un rappel qu’en dépit du Brexit, Français et Britanniques ont un passé qui les unit, un présent à entretenir et un avenir à réinventer. À travers les ors du château, le recueillement devant Élisabeth II et la main tendue à une Europe post-Brexit, cette visite d’État redonne tout son sens à une amitié que l’Histoire, parfois, a voulu opposer — mais que l’Histoire, encore, n’a jamais su séparer tout à fait.

Copyright@Frederic de Natal

Date de dernière mise à jour : 12/07/2025