Un couronnement sous le signe de la diversité et de l'inclusion
Un couronnement sous le signe de la diversité et de l'inclusion
Née à Trinité et Tobago, la baronne Floella Benjamin est membre de la chambre des Pairs. Issue de la communauté afro-caraïbéenne, elle a été désignée par le roi Charles III pour porter une partie des insignes royaux lors de la procession royale. Elle a déclaré que le souverain envoyait pour son couronnement un « message clair en faveur de la diversité et de l’inclusion ». Un sacre sous le signe du multiculturalisme.
Le 6 mai prochain, c’est un couronnement qui ne ressemblera en rien à ceux que le Royaume-Uni a connu précédemment. Si Buckingham Palace a confirmé la semaine dernière que toutes les confessions religieuses présentes en Grande-Bretagne seront associées au sacre du roi Charles III, qui devrait devait devenir à cette occasion « Défenseur des Foi », c’est aussi tous les pays du Commonwealth qui seront honorés lors de cet événement historique. Parmi les personnes désignées pour porter les insignes royaux qui serviront lors de son intronisation, l’attention va se porter sur la baronne afro-caraïbéenne Floella Benjamin.
Née à Trinité et Tobago, 73 ans, elle est le pur produit d’une success story à la Britannique. Immigrée avec ses parents, elle abandonne l’école pour travailler et suivre des cours du soir. Actrice en devenir, elle est repérée par la BBC qui lui propose de diriger des émissions pour enfants à la fin des années soixante-dix. Elle ne va pas tarder à créer sa propre boîte de production, redoutable femme d’affaires, qui monte parfois sur les planches pour jouer des rôles, y compris dans des séries à succès comme le spin-off de « Doctor Who ». Chanteuse de jazz et de blues à ses heures perdues, elle écrit aussi des livres reconnus. Nommée officier de l’Ordre de l’Empire britannique (OBE) par la reine Elizabeth II, Floella Benjamin figure dans le Top 100 des personnes d'origine africaine/afro-caraïbéenne les plus influentes du Royaume-Uni. C’est sur proposition du parti Libéral-démocrate qu’elle a été nommée à la Chambre des Pairs comme baronne. Un titre qui n’est pas héréditaire.
Un couronnement sous le signe de la diversité...
Aux côtés Lord Hasting, Delaval Astley, un ancien acteur, et la baronne Manningham-Buller, l'ancienne directrice générale du MI5, la baronne Floella Benjamin aura la charge de donner tenir les insignes inhérents au couronnement et qui seront remis au roi Charles III lorsqu’il sera intronisé par l’archevêque de Canterbury. Une révolution en soi mais qui est conforme à la direction que souhaite prendre le nouveau monarque pour son règne, qui entend dépoussiérer l’institution royale et la rendre plus accessible à toutes les nationalités qui résident au Royaume-Uni. « Ce changement présente un contraste notable avec le couronnement de la reine Elizabeth II en 1953. Ceux qui avaient été désignés pour de tels rôles étaient tous des hommes blancs, dont la majorité étaient des aristocrates qui avaient hérité de leurs titres » écrit le Telegraph dans ses colonnes. Interrogée, la baronne Floella Benjamin a déclaré au quotidien : « Je me sens honorée et privilégiée de faire partie de la cérémonie du couronnement qui est historique. Être choisie pour porter le sceptre du Souverain surmonté de sa colombe, qui représente la spiritualité, l'équité et la miséricorde, est pour moi très symbolique car c'est tout ce que je défends et envoie un message clair que la diversité et l'inclusion ont été embrassées » par le monarque.
...Et de l'inclusion
Le maître Amy Taylor deviendra la première femme à porter l'épée d'offrande dans l'abbaye de Westminster. Elle a été choisie pour représenter l’armée en tant qu'officier de la Royal Navy, clin d’oeil en hommage à la carrière militaire de Sa Majesté. L'honneur de porter la couronne de Saint-Édouard reviendra au général Sir Gordon Messenger, ancien vice-chef d'état-major de la défense, aujourd'hui gouverneur de la Tour de Londres. Dame Elizabeth Anionwu, ancienne infirmière récemment nommée à l'Ordre du Mérite aux côtés de Lady Benjamin, portera l'orbe, symbole du pouvoir du souverain. La baronne Valérie Amos, d’origine guyanaise, première femme noire investie l'année dernière dans l'Ordre de la Jarretière, se joindra à l'archevêque de Canterbury pour participer à l'acte de reconnaissance au début du service, lorsque le roi sera présenté à la congrégation qui l'acclamera à son entrée dans l'Abbaye de Westminster. Ils seront rejoints par Christopher Finney, qui reste à ce jour le plus jeune militaire à avoir reçu la George Cross pour avoir sauvé des vies en Irak, lors d'un incident de tirs amis, alors qu'il n'avait que 18 ans, et Lady Elish Angiolini, la première femme Lord Advocate d'Écosse.
Toutes les confessions religieuses du royaume invitées à se joindre au roi
Le palais de Buckingham a également confirmé que des personnes issues d'autres confessions religieuses feraient partie de la « procession religieuse » – les premiers à entrer dans l'abbaye – à savoir quatre Pairs respectivement confessions musulmane, hindoue, sikhe et juive ; portant chacun au roi un insigne du couronnement. Lord Patel, 84 ans, qui a été nommé pour représenter la foi hindoue, présentera l'anneau du souverain au roi, tandis que Lord Kamall, 56 ans, un pair musulman né à Londres qui siège en tant que conservateur, portera les armills, une paire de bracelets portés par George VI. Lord Singh de Wimbledon, 90 ans, un pair sikh né à Rawalpindi, présentera le gant du couronnement, que le roi retirera pour recevoir la bague du couronnement. Enfin, avec Lord Carrington, le Lord Great Chamberlain, présentera les éperons avec Lord Simon Abney-Hastings, comte de Loudoun (accessoirement descendant direct des Plantagenêt et éventuel prétendant yorkiste à la couronne d’Angleterre) tandis que les hauts clercs d'Irlande du Nord, d'Écosse et du Pays de Galles présenteront l'orbe, le sceptre avec croix et le sceptre avec colombe au roi. Si on ne verra pas l'onction du roi Charles III, on pourra en revanche assister à celle de la reine Camilla.
L’honneur de porter l'étendard royal dans le cortège du roi reviendra à Francis Dymoke, champion du roi. Un titre que sa famille porte depuis le Moyen-âge. Un couronnement tourné vers l'avenir mais qui entend respecter les traditions et apparats historiques.