Les Écossais divisés sur la question monarchique

Bien que ce soit un enjeu du règne de Charles III, dont le couronnement est prévu en mai 2023, le gouvernement de Sa Majesté a fermé le ban à un nouveau référendum sur la question de l'indépendance en Écosse. Pourtant la première ministre Nicola Sturgeon demeure confiante et affirme que celui-ci aura bien lieu l’année prochaine. Les instituts de sondage You Gov et Ispos sont partis à la rencontre des Écossais divisés sur la question de la monarchie et dont l'écart entre soutien et rejet se creuse en fonction des générations.

La première ministre écossaise, Nicola Sturgeon, en est convaincue. Un second référendum sur l'indépendance de l'Écosse sera organisé en octobre de l’année prochaine, cinq mois après le couronnement du roi Charles III. Pourtant, le gouvernement britannique a fermé la porte à toutes perspectives de ce genre, estimant que celui de 2014 avait définitivement réglé la question de l’indépendance de l’Écosse, rejetée à 55 % contre moins de 45% en sa faveur. De son côté, la dirigeante du Scottish National Party (SNP) rétorque que le Brexit (2016) a remis ce sujet au centre des préoccupations des Écossais puisque ceux-ci se sont prononcés favorablement au maintien du Royaume-Uni au sein de l’Europe (60% de oui). Cependant, les différents sondages effectués, bien que fluctuants, ne semblent pas se diriger dans le sens voulu par Nicola Sturgeon.

Sondage You Gov et Ispsos sur le soutien des Ecossais a la monarchie

La monarchie, un soutien générationnel 

Institut de sondage réputé, You Gov est parti, avec le quotidien Times, à la rencontre des Écossais afin de connaître leur sentiment actuel vis-à-vis de la monarchie britannique. Très attaché à la reine Elizabeth II, qui ne cachait pas ses liens étroits avec cette partie du Royaume-Uni, les Écossais ont fait preuve d’une unité remarquable à l’annonce de son décès survenu le 8 septembre 2022 , après 70 ans de règne historique. C’est parmi les Écossais plus âgés que l’on retrouve le plus de soutiens à l’idée monarchique. Un conflit de générations que l’on retrouve d'ailleurs chez les jeunes Britanniques lorsqu’il s’agit de leur poser la même question du maintien de la monarchie au Royaume-Uni. 62% des Écossais âgés de 65 ans et plus plébiscitent le couronnement d’un roi au sein d’une Écosse indépendante contre 63% des 16-24 ans qui s’y opposent. De même, moins d'un jeune sur dix sur cette tranche d’âge (soit 9 %) et moins d'un tiers des Écossais de 25 à 49 ans (28 %) pensent que la monarchie serait l’institution qui devrait s’imposer en cas de séparation avec la Grande-Bretagne. Dans l'ensemble, 58% des Écossais pensent que Charles III fera du bon travail tout au long de son règne (contre un cinquième persuadé du contraire et sept sur dix (70%) qui pensent que le prince William ferait un meilleur job si c’était lui à la tête du royaume). On est pourtant encore loin des 83% d’opinion favorable dont bénéficie la reine Elizabeth II, un mois après ses funérailles, en Écosse.

 

 

En cas d'indépendance, le SNP garderait la monarchie mais pas ses électeurs

Politiquement, on observe le même schéma en fonction des votes comme le révèle l’Institut Ispsos. Parmi ceux qui ont voté SNP aux élections de 2021, 41% déclarent que l'Écosse se porterait mieux sans la monarchie contre 68% du côté conservateur qui soutiennent majoritairement son maintien en cas d'indépendance. Néanmoins, c’est la monarchie qui reste privilégiée par les Écossais. Si l'Écosse devenait un pays libre, plus de 4 Écossais sur 10 (42 %) souhaitent garder le roi Charles III à la tête de l'État contre un quart (29 %) qui  s'y oppose , tandis qu'un peu moins d'un autre quart (23 %) n'a aucun avis sur le sujet. Le soutien au maintien de la monarchie au sein d’une Écosse indépendante est élevé parmi les électeurs conservateurs (74%) et bien moindre parmi les électeurs du SNP (28%). « Ces nouveaux résultats montrent que l'opinion publique en Écosse reste tiède envers la monarchie. Bien que le plan initial du SNP pour une Écosse indépendante implique de conserver le monarque britannique à la tête de l'État, les électeurs du SNP sont plus susceptibles de s'y opposer que ceux qui ont voté pour les partis unionistes lors des dernières élections. Afin de maintenir et de renforcer le soutien, la monarchie pourrait vouloir se concentrer sur l'amélioration des perceptions de sa pertinence chez les jeunes, où le soutien à l'institution est plus faible » explique Emily Gray, directrice générale de l’Institut Ipsos en Écosse.

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Date de dernière mise à jour : 20/10/2022

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